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Un nouveau traitement contre le cancer fait l'objet d'une étude au CUSM

durée 10h47
27 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un traitement novateur qui a déjà fait ses preuves contre le cancer de la prostate sera maintenant mis à l'essai face à certains de cancers les plus communs au Canada, dans le cadre d'une étude au Centre universitaire de santé McGill.

La thérapie par radioligands utilise des éléments appelés ligands et radio-isotopes pour cibler et tuer les cellules cancéreuses, où qu’elles se trouvent dans l’organisme. La nouvelle étude utilisera des ligands qui ont été conçus spécifiquement pour s'attaquer à une forme avancée de cancer du pancréas, de cancer du poumon ou de cancer du sein.

«C'est complètement différent des traitements standards qui existent actuellement sur le marché, a dit le docteur Ramy Saleh, qui est le directeur médical des essais cliniques en oncologie au Centre de médecine innovatrice de l’Institut de recherche du CUSM. Le radioligand identifie les cellules cancéreuses, il s'attache à ces cellules-là et il les tue.»

Le médicament testé dans cet essai clinique international a montré une activité antitumorale significative dans les études précliniques et a donné des résultats positifs dans la première phase de l’essai.

Des patients du CUSM atteints d’un adénocarcinome canalaire pancréatique, d'un cancer du poumon non à petites cellules ou d'un cancer du sein seront les premiers au Canada à tester l’innocuité et l’efficacité de cette nouvelle thérapie.

Le premier est une forme de cancer du pancréas très agressive avec un pronostic peu reluisant, tandis que les deux autres comptent parmi les cancers les plus courants au Canada.

«C'est la première fois au monde qu'on tente de faire des radioligands qui ne sont pas pour des cancers de la prostate», a indiqué le docteur Saleh.

La thérapie cible très spécifiquement des groupes de cellules du micro-environnement tumoral qui interagissent avec la tumeur, ce qui permet au traitement radioactif d'atteindre les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules saines.

Les patients doivent donc subir un examen avant le début du traitement pour confirmer chez eux la présence de ces groupes de cellules.

«C'est un traitement qui est très spécifique, a dit le docteur Saleh. On fait un test au début et si le cancer du patient est positif, on lui donne le traitement parce que l'agent va aller directement aux cellules cancéreuses pour les tuer.»

Les cellules cancéreuses, a-t-il ajouté, sont dotées de récepteurs qui sont exprimés uniquement dans ces cellules et non dans les cellules normales. Les radioligands sont configurés pour se lier exclusivement à ces récepteurs, «donc il y a beaucoup moins d'effets secondaires sur les cellules normales et les organes normaux».

Une fois leur travail de destruction achevé, les radioligands sont tout simplement éliminés par l'organisme puisqu'ils n'ont plus de récepteurs auxquels se lier.

«Ce n'est pas comme la chimiothérapie qui va tuer tout ce qui se trouve sur son chemin», a dit le docteur Saleh.

La thérapie par radioligands nécessite une injection aux quatre semaines pour un maximum de quatre à six injections. En guise de comparaison, un traitement d'immunothérapie dure au moins deux ans, tandis qu'un traitement de chimiothérapie est un contrat à vie.

Aucune thérapie, même pas la nouvelle thérapie par radioligands, ne permet de guérir des cancers aussi avancés, a rappelé le docteur Saleh. L'espoir est plutôt de pouvoir allonger non seulement la durée de vie des patients, mais aussi de leur offrir une meilleure qualité de vie.

«Avec ce traitement-là on pense pouvoir contrôler le cancer pendant un petit bout de temps, a-t-il conclu. Ça a vraiment changé la façon qu'on traite les patients du cancer de la prostate. (...) Et j'assume que cette étude clinique-là va changer aussi la façon qu'on traite d'autres cancers.»

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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