Une molécule identifiée à Montréal pourrait prévenir la prématurité


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Une molécule identifiée par des chercheurs montréalais pourrait à la fois réduire le nombre de naissances prématurées et protéger les organes du bébé à naître des ravages de l'inflammation.
Le docteur Sylvain Chemtob, qui est chercheur au Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine, et France Côté, qui est doctorante à l'Université de Montréal, ont ainsi mis au point un peptide qui inhibe temporairement les effets indésirables d'une protéine qui permet notamment aux cellules de communiquer entre elles.
«Les enfants prématurés doivent affronter plusieurs complications, a rappelé le docteur Chemtob. La meilleure façon de prévenir un problème médical, c'est de l'arrêter avant que ça commence.»
Les travaux s'appuient sur ceux de la biochimiste Christiane Quiniou, qui a été la première à concevoir des peptides ciblant le récepteur de l’interleukine-6, une cytokine notamment impliquée dans le déclenchement des accouchements prématurés.
Le docteur Chemtob et son équipe ont baptisé leur peptide HSJ633, en l'honneur de l'hôpital où ont été effectuées les recherches.
Les traitements conventionnels contre la prématurité visent à freiner les contractions utérines. Ils sont souvent peu spécifiques et associés à des effets secondaires pour la mère et le fœtus.
«En ce moment, on n'a rien à offrir à la mère dont le travail commence (prématurément), a admis le docteur Chemtob. On a des agents qui inhibent les contractions utérines, mais ça dure environ deux jours, et après ça, on a des bébés qui sont honnêtement très malades.»
En revanche, a-t-on assuré par voie de communiqué, la nouvelle molécule agit «directement sur l’inflammation utéro-placentaire, le déclencheur principal de l’accouchement prématuré». Elle serait aussi «facile à produire, stable et abordable».
Les effets de HSJ633 ont été validés auprès de souris simulant une inflammation systémique. Administré avant ou après le déclenchement de l’accouchement, le peptide a permis de prolonger la gestation de plusieurs jours, tout en réduisant les lésions aux organes vitaux comme les poumons et les intestins des nouveau-nés.
«Ça stoppe le processus de naissance prématurée et ça stoppe chez le fœtus le processus d'inflammation qui engendre des effets néfastes sur ses organes», a résumé le docteur Chemtob.
Même si nous sommes encore loin d'une utilisation chez l'humain, on pourrait envisager d'un jour utiliser la molécule auprès des grands prématurés, a-t-il ajouté, soit ceux qui naissent après moins de 30 semaines de gestation.
La molécule pourrait aussi être offerte aux femmes dont la membrane s'est rompue, puisqu'il y a environ 50 % de risque de les voir accoucher au cours des prochains jours, a dit le docteur Chemtob.
«Si une femme a une rupture de membrane à vingt-deux semaines, il y a de très fortes chances qu'elle accouche, a-t-il rappelé. Je pense que notre molécule HSJ633 serait idéale pour ce genre de patiente.»
On estime que 15 millions de bébés naissent prématurément chaque année à travers le monde.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue EMBO Molecular Medicine.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne