Véhicules électriques: hausse des ventes, mais baisse des intentions d'achat


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — L’année 2024 a été une année record pour la vente de véhicules à émission zéro (VEZ) au Québec et au Canada. Paradoxalement, un récent sondage d’AutoHebdo indique que «les intentions d'achat» de véhicules électriques diminuent constamment.
En 2024, le nombre d'immatriculations de VEZ, ce qui inclut les véhicules électriques et les hybrides rechargeables, a atteint 270 985 au pays, selon Statistique Canada.
Près de 15 % des nouvelles immatriculations de véhicules au pays sont des VEZ, toujours selon Statistique Canada.
C’est de loin au Québec qu’il s’est vendu le plus de VEZ. Selon les données du programme Roulez vert, 126 657 nouveaux VEZ ont été enregistrés au Québec, une augmentation de plus de 50 % comparativement à l’année précédente.
Hausse des ventes, mais baisse des intentions d’achat
Malgré des ventes qui semblent annoncer de beaux jours pour les véhicules électriques, AutoHebdo a noté une baisse d’intérêt dans la recherche de ce type de véhicules sur son site, et ce, même si les stocks ont augmenté dans les derniers mois.
«Même si on voit une hausse importante des achats, on remarque que depuis 2022, c'est la troisième année que les gens que l’on questionne mentionnent qu'ils sont moins intéressés à acheter un véhicule électrique», a souligné Benoit Laforce, vice-président exécutif solutions véhicules neufs chez AutoHebdo.net.
Un sondage réalisé en février et mars auprès des utilisateurs d'AutoHebdo a révélé que seulement 42 % des propriétaires de véhicules non électriques seraient ouverts à l'achat d'un VEZ pour leur prochain véhicule, contre 46 % en 2024, 56 % en 2023 et 68 % en 2022.
«On voit des courbes qui vont dans des directions opposées» et «on a une diminution d'intérêt, ce qui veut dire qu'il va arriver un certain moment où on n'aura plus de progression due à cette diminution d’intérêt là», a indiqué Benoit Laforce en tentant d’expliquer le paradoxe entre les intentions d’achat et les achats.
Une partie de la montée récente des ventes de véhicules électriques pourrait s’expliquer par le comportement de consommateurs qui souhaitent profiter des incitatifs gouvernementaux avant que ceux-ci ne disparaissent, selon M. Laforce.
Conséquemment, il craint que le retrait de certains incitatifs à l’achat de véhicules électriques ait des répercussions négatives sur le marché canadien et québécois, comme ce fut le cas dans d’autres pays qui ont mis fin aux subventions accordées aux véhicules électriques.
«En Allemagne, on a remarqué une baisse de 68,8 % entre le mois d'août 2024 et le mois d’août 2023 après l'arrêt des subventions», a-t-il fait remarquer.
Incertitudes
Dans les derniers mois, le gouvernement du Québec a amorcé la réduction graduelle de son programme Roulez vert qui offre des subventions à l’achat de véhicules électriques. Le programme prendra fin le 1er janvier 2027.
De son côté, Ottawa a annoncé, en janvier dernier, la suspension du Programme d’incitatifs pour véhicules zéro émission (iVZE). On ignore ce que fera le nouveau gouvernement.
Le sondage d’AutoHebdo montre que, parmi les propriétaires de véhicules non électriques qui envisageraient d'acheter un VEZ, 68 % pensent qu'ils seraient influencés par les incitations gouvernementales.
«Le gouvernement devrait continuer à aider jusqu'à ce que le prix moyen des voitures à batterie soit égal ou inférieur à celui d’une voiture à combustion interne», selon le professeur de génie chimique et des matériaux à l'Université Concordia Karim Zaghib.
Des batteries moins chères et plus performantes
Karim Zaghib est également PDG du projet Volt-age, un centre de recherche pour «électrifier la société».
Il prévoit que la voiture électrique deviendra moins chère que la voiture thermique à partir de 2030.
«On fait de plus en plus de batteries avec du fer et du phosphate», deux minéraux «qui ne coûtent pas cher et qui se trouvent facilement», a expliqué le professeur Zaghib.
Également, «on est en train d'augmenter la densité d'énergie et de diminuer la charge rapide», a ajouté l’électrochimiste.
Le coût moyen des batteries pour voitures électriques est «aujourd’hui, entre 125 à 130 $ US le kilowattheure par batterie pack».
Or, a estimé le professeur Zaghib, c’est lorsque «le prix des batteries devrait atteindre 80 $ le kilowattheure en 2030» que les véhicules électriques coûteront moins cher à l’achat que les véhicules thermiques.
Le gouvernement libéral a instauré une réglementation exigeant que 20 % de tous les nouveaux véhicules de tourisme vendus au Canada soient à zéro émission d’ici 2026. Ce seuil augmente chaque année, atteignant 60 % en 2030 et 100 % en 2035.
Plus de véhicules à moindre prix
Le prix moyen des véhicules électriques est à la baisse au pays, alors que l’offre est à la hausse, selon AutoHebdo.
Les données recueillies par le site d’achat d’automobiles en ligne montrent que le prix moyen d’un véhicule neuf électrifié (hybride ou à batterie) en mars 2025 était de 66 542 $, soit 5,8 % de moins qu’un an auparavant.
Le prix moyen d’un véhicule électrifié d’occasion était de 44 075 $, une baisse de 8,1 % sur un an.
«L'impact des tarifs automobiles américains reste incertain, mais il y a beaucoup de VE disponibles sur le marché AutoHebdo.net à un prix plus bas qu'auparavant», selon un communiqué d’AutoHebdo qui accompagne le sondage.
Les données montrent que plusieurs propriétaires de Tesla souhaitent vendre leur véhicule.
Sur AutoHebdo, l’inventaire de Tesla d’occasion est en en hausse de 74 % depuis la dernière année.
Stéphane Blais, La Presse Canadienne