Un moratoire sur le gaz de schiste est inconcevable aux yeux d'André Caillé
Imposer un moratoire sur l’exploration des gaz de schiste serait d’imposer un moratoire sur la connaissance de ses fameux gaz selon André Caillé, président de l'Association pétrolière et gazière du Québec. « Quand on parle de moratoire, c’est comme un moratoire dans le but de ne pas savoir ou de ne pas connaître. J’ai déjà connu cette période et elle s’appelait la grande noirceur », commente M. Caillé.
Le coloré personnage était l’invité de la Chambre de commerce de Saint-Georges le 7 décembre au centre des congrès le Georgesville pour y prononcer une conférence intitulée : Pour un Québec producteur de gaz. Essentiellement, M. Caillé a pu expliquer, cette fois, en long et en large les avantages de cette industrie naissante au Québec qui fait l’objet d’un débat de société actuellement. D’ailleurs, des étudiants du Cégep manifestaient lorsqu’il a pris la parole à l’extérieur du centre des congrès.
Le président de l’Association a d’abord expliqué la raison d’aller en exploration afin de découvrir comment faire ce gaz présent dans notre sous-sol québécois. Cette période d’exploration durerait jusqu’en 2015 selon le plan établi, afin d’en faire la production par la suite jusqu’en 2025. « L’industrie sait où elle va. Nous avons un plan soit de faire l’exploration jusqu’en 2015. Puis, jusqu’en 2025, nous voulons l’exploiter, si c’est produisible. Sinon, on mange nos bas ce n’est pas plus compliqué que cela », rétorque M. Caillé, ancien président d’Hydro-Québec et de Gaz Métropolitain.
Alors que l’opinion publique penche vers le moratoire de l’exploration, M. Caillé juge raisonnable l’approche du gouvernement qui a mandaté le BAPE de faire la lumière sur les gaz de schiste. Celui-ci a donc le mandat de voir les meilleures façons de faire en Amérique du Nord pour produire du gaz de façon sécuritaire. Le gouvernement aura la tâche ensuite de dicter les lois et règlements entourant la production et l’exploration de ses gaz.
Junex présent en Beauce
Conseiller stratégique pour l’entreprise québécoise Junex, M. Caillé précise qu’elle a des permis d’exploration sur une partie des shales de Lotbinière, en Gaspésie et tout près de nous dans les Appalaches et un à Saint-Gédéon. « Il y a quatre forages qui montrent qu’il y a plus de silicium que de carbonate. Ce sont des shales qui ressemblent plus aux États-Unis. Ce sont des résultats préliminaires. Il n’y a pas eu fracturation. Il s’agit de l’exploration. Les carottes ont été envoyées au laboratoire. On y va par méthode empirique afin de développer notre savoir. Je trouve cela intéressant », commente M. Caillé.
D’ailleurs, en période d’exploration, il soutient que l’industrie pourrait vendre son gaz en le raccordant au réseau de pipeline au lieu de le faire brûler par torchère. Tel que dans le cas de Lotbinière, Junex préfère tant au point de vue environnemental que pour défrayer les coûts d’exploration en vendant le produit de ses gaz au réseau gazier.
Période de questions houleuse
André Caillé s’est prêté à la période de questions répondant d’abord aux journalistes puis aux membres du public. Cependant, cela s’en est suivi d’une confrontation d’idées entre le conférencier et le président fondateur de la Fédération québécoise des énergies renouvelables, Luc Villeneuve de Saint-Victor. Villeneuve décriant les quantités d’eau astronomiques pour effectuer la fracturation d’un puits est de jouer à la « roulotte russe avec la nappe phréatique ».
M. Villeneuve a même écourté la mèche de M. Caillé. « Ce sont des discours comme le vôtre, qui font que les gens sont complètement perdus. Ils croient que cela va sauter deux kilomètres en dessous de la terre jusqu’en haut et que cela va être pollué partout… Nous avons deux foreuses au Québec et il y en a 6000 en Amérique du Nord », dédramatise M. Caillé qui soutient être vu comme un démon dans l’opinion publique en raison de son lobbying pour le gaz de schiste.
Lors de son allocution, M. Caillé a bien voulu faire taire les mythes véhiculés par les médias. Il a aussi cité les inconvénients et les risques résiduels de cette exploration gazière qui requiert beaucoup d’eau et surtout des produits chimiques. Cependant, il rappelle les propos d’un directeur de l’usine d’épuration de Trois-Rivières que ses eaux sont facilement traitables.
La conférence s’est conclue dans la sérénité par la suite si M. Caillé compare cette présence en Beauce à ses passages mouvementés au BAPE. D’abord et avant tout, la Chambre de commerce voulait donner l’occasion à ses membres d’en connaître davantage sur cette industrie.
Pour connaître le point de vue de l’Association : http://www.apgq-qoga.com/imports/pdf/brochure.pdf
Pour se familiariser avec la Fédération québécoise des énergies renouvelables : http://www.fqer.org/html/objectifs_2011.html
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