Nous possédons plusieurs photos d'un superbe édifice qui a existé autrefois dans ce qui était alors le quartier des affaires à Saint-Georges Ouest. On le voit vers 1895 à droite sur la 1re photo et vers 1905, sur la 2e, c'est celui avec de grosses colonnes. Il était situé sur la 1re avenue au coin de la rue St-Moïse (21e rue). Voyez une autre photo (de 1932) prise à partir de l'Est, il est indiqué par une flèche (photo 3). C'était un gros immeuble impressionnant à deux étages avec des imposantes colonnes qui supportaient la galerie avant et le garde-soleil. Il fut construit vers 1888-89 par le marchand Ephrem Poulin et son gendre Ulric Marcotte pour y loger un magasin général. Il a changé de mains à plusieurs reprises, jusque vers 1919, alors qu'il fut acquis par M. J. Emery Dulac et son épouse. C'est alors devenu le magasin Dulac. La famille habitait au 2e étage.
Hélas, M. Dulac n'a pas eu la chance de l'exploiter bien longtemps puisqu'il a péri par noyade le 8 août 1920, à l'âge de 43 ans, lorsque, au cours d'un pique-nique, il a plongé dans les rapides du grand Sault de la Stafford pour sauver une fillette de 9 ans de la noyade. Elle a survécu, mais M. Dulac, épuisé, est décédé dans les minutes qui ont suivi. Drame d'une tristesse infinie. Devenue veuve à 38 ans, son épouse continua d'opérer leur magasin avec l'aide de ses enfants, dont ses fils Léopold et Gérard. Dans l'annuaire téléphonique de 1935, elle est listée sous le nom de Mme Emery Dulac, marchande, mais dans le journal l'Éclaireur du 9 septembre 1937, elle s'annonçait sous le nom de «J. E. Dulac et Fils», ajoutant certains items disponibles à son commerce: «Spécialités: Épiceries Assorties, Tapisseries, Vitres, Coupons». Elle cessa les opérations vers 1945, et son local fut par la suite utilisé par un autre commerce du même genre du nom de «Syndicat Coopératif la Chaudière» dont le gérant était M. Alfred Poulin. On y ajouta le domaine de l'épicerie-boucherie. À la 3e photo, on constate qu'on a amputé la partie inférieure des colonnes et qu'on les a remplacées par des équerres de renfort en métal pour soutenir le balcon supérieur (photo 4, vers 1950).
Or dans la nuit du 24 décembre 1960, un violent incendie éclata au rez-de-chaussée de l'édifice, dont le 2e étage était occupé par la famille de M. Donat Vachon. C'est la plus jeune, Dany, alors une enfant, qui donna l'alerte en apercevant de la fumée qui émanait du renvoi d'eau de l'évier de la cuisine. Plusieurs membres de cette famille de 11 enfants étaient à la messe de minuit, et ceux restés à la maison en compagnie de leur mère eurent tout juste le temps de sortir sans pouvoir sauver grand chose, pas même les cadeaux placés sous l'arbre de Noël. Une épaisse fumée se dégageait du brasier au début du sinistre, voyez deux photos (5 et 6) des pompiers combattant l'incendie. On constate à la 7e photo que l'édifice fut irrémédiablement endommagé, on l'a démoli au cours des jours suivants. Aujourd'hui, à la place du magasin Syndicat Coop Chaudière se trouve un stationnement à l'angle de la 21e rue et de la 1re avenue. Un autre des nombreux beaux immeubles qui furent détruits par des incendies au cours de l'histoire de notre ville.
Toutes les photos sont du fonds Claude Loubier. Recherches de Pierre Morin et Paulin Poirier. Texte de Pierre Morin.
Visionnez tous les textes de la Société historique
|
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.