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Une chasse miraculeuse

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31 décembre 2007
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Par Emile Maheu, Collaborateur spécial

Une fois c'était un homme et une femme. Ils avaient huit enfants. Ils étaient pauvres, dépourvus de tout et pas trop futés avec ça. Ils n’avaient rien à manger et vivaient loin des grands centres, proche de la forêt. Ils s'étaient bâti un camp en bois rond et restaient là.

Ce matin-là, ils étaient à bout de ressource, ils n’avaient plus rien à manger et on était à la veille du Jour de l'An. Les enfants braillaient et se plaignaient :
— Maman, j’ai faim puis j’ai mal au ventre.
— Papa, j’ai mal à la tête puis j’ai faim.

C’était triste de les entendre se lamenter, un assis, l’autre couché, un sur le dos, l’autre sur le ventre, dans toutes les postures possibles.
La bonne femme dit:
— Tu devrais faire quelque chose, Eusèbe. On meurt de faim. C'est encore le temps de la chasse, va donc à la chasse. Tu t'es toujours vanté d'être bon chasseur, prouve-lé donc!
Le père découragé dit à sa femme :
— Ma pauvre vieille j'ai même pas de fusil.
— Comment ça pas de fusil?
— Bien tu le sais, j'ai changé mon fusil pour un pain le mois dernier; avec un gars qui passait. On a mangé le pain, puis j’ai plus de fusils. À part de ça, j’ai mal aux reins sans bon sens, j’ai le dos barré, je suis faible puis j’ai faim. Mais, je vas aller dans le bois pareil, pour essayer de trouver quelque chose pour manger, sans ça, on va mourir de faim puis les enfants itou..
— Mon pauvre vieux, sans fusil, comment est-ce que tu vas faire pour attraper quelque chose? Avec ton mal de dos, t’es barré puis t’as de la misère à grouiller.
— On ne sait jamais, avec la chance. Le P’tit Jésus va tedben nous aider. C’est le temps des Fêtes. On dit toujours qu’il arrive des choses étranges au Jour de l'An, des fois...

— Je t'en souhaite bien gros de la chance. Je vas prier le Bon Dieu moi itou.
Notre gars part doucement pas bien fort, en se traînant les pieds. On peut le croire, il n’a rien mangé depuis trois jours, il est faible puis le dos raide comme une barre de fer.

Rendu à une place, il s'assoit sur un corps-mort et s'accote la tête sur un gros bouleau au bord d'un petit ruisseau. Avant de s’endormir de fatigue, il lève les mains au ciel et commence à prier :
— P’tit Jésus, tu ne peux pas nous laisser comme ça! Mes enfants meurent de faim, ma femme itou, puis moi en plus de ça, j’peux presque pas bouger. Viens nous aider! On a rien à manger, puis Noël s’en vient. S’il vous plaît! faites quelque chose Mon Dieu!

Finalement, découragé, fatigué et affamé, le père cogne des clous un brin, puis il tombe endormi assis sur son billot, la tête accotée sur le gros bouleau. C'était une belle journée de soleil à part de ça. Il ne peut pas dire combien de temps il a dormi, mais tout à coup il est réveillé par du bruit.
— Brouuu brouuu brouuuou.
Tout étonné, il rouvre les yeux pour apercevoir un beau chevreuil qui mange de l'herbe entre ses deux pieds.
— Brouuu brouuu brouuu!
Il est assez surpris, qu'il fait un saut, lâche un cri de mort et se lève d’un coup sec.
— Aieee!
Le chevreuil pensait probablement que c’était une souche, il ne l’avait pas vu. Dérangé dans son dîner, il saute de côté, s'élance et, dans sa confusion se cogne la tête sur le bouleau, se casse le cou sur le fait et tombe raide mort à terre. En se levant d’un coup sec comme ça, le dos du bonhomme a craqué puis il a ressenti une chaleur aux reins. Plus de mal pantoute.

Ah! Le bonhomme y est assez content, toute une chance qui lui tombe dessus. Un beau chevreuil, son mal de dos parti. Il part à rire à sauter puis à danser. En reculant, il s'enfarge sur le corps-mort, pirouette, tombe sur le dos et culbute dans le ruisseau, dans l’eau jusqu’au cou. Il se met à patauger pour sortir de l'eau glacée comme il peut. Il est tout trempe en navette, mais c’est rien, il voit le beau chevreuil mort à terre et jubile.

— On va avoir de quoi manger pour le Jour de l'An, ma femme puis les enfants ne mourront pas de faim.

Il se secoue, l’eau dégoutte partout. Tout à coup, il sent que ses vêtements mouillés grouillent. Aie! dans la poche de droite de ses culottes, il sort une belle grosse truite — longue comme ça, — puis dans la poche de gauche, il sort un beau gros brochet de la même grosseur. Les poissons sont entrés dans ses poches de culottes par hasard pendant qu'il était dans l'eau. Ah! il est tellement content il pense tout de suite que c'est une bénédiction du Bon Dieu.
— On va avoir de la viande pour les Fêtes, des rôtis, du steak pour tout l'hiver puis en plus de ça, du poisson pour faire changement de temps en temps les vendredis.

Ça fait que le pauvre homme se sacre à genoux à terre pour remercier le Bon Dieu. En faisant ça, il écrase deux lièvres étourdis qui s'adonnaient à courir par là. Le vieux n’en revenait pas. Il ramasse les deux lièvres gras puis blancs, les met dans les poches de sa blouse en pensant

— En plus de ça, des lièvres pour du ragoût. Mon Dieu, je vous en demandais pas tant que ça. Le bonhomme lève les bras au ciel pour dire :
— Merci! merci, merci Seigneur!
Avec ses grandes mains, il attrape au vol deux perdrix qui volaient par là. Il leur tord le cou en disant :
— Le P’tit Jésus a pensé à tout, même la volaille.
Vous pouvez vous imaginer qu'avec une pareille chasse, il s'en est retourné à sa cabane.
Il aperçoit, au bord du chemin, un beau petit sapin qui était frais coupé, il se dit :
— Je vas l’apporter pour faire un arbre de Noël. Les enfants vont être contents.

Aie! Imaginez-vous ce gars-là, faible et affamé, il avait pas mangé depuis proche trois jours, il est arrivé à la maison : un chevreuil de cent kilos sur les épaules, deux poissons dans ses poches de culottes, deux lièvres dans les poches de sa blouse une perdrix dans chaque main puis un sapin de Noël accroché sur le dos.

En le voyant arriver chargé comme ça, sa femme s'écrie :
— Je savais que t’étais bon chasseur, mais je pensais jamais que t’étais bon comme ça. Avec toute cette viande-là, je vas faire un pâté puis on va passer un beau Jour de l'An en famille le ventre plein.

Le lendemain du Jour de l’An, en passant par là, j'ai arrêté pour jaser avec le bonhomme. Il avait repris des forces et avec ses plus vieux, ils bûchaient du bois de poêle. J’en avais justement besoin. Ça faisait un petit revenu, pour la famille.

Le père m'a conté cette histoire-là en remarquant :
— Il arrive des choses étranges au Jour de l'An, c’est quasiment pas créyable


Tedben = peut-être bien
Navette = lavette à vaisselle
Pantoute = pas du tout.

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