Métier rare
Samuel Rodrigue, le forgeron de Saint-Éphrem
Samuel Rodrigue qui montre le fonctionnement de la découpeuse
Samuel Rodrigue
Son stock de matériel à l'entrée de son atelier
Le bureau du forgeron avec les différentes couleurs à sa disposition
L'atelier
Des outils
Un kit d'outils de foyer créer avec un verrier
Les pancartes d'entrées de Saint-Éphrem
Fondateur de La Grange du Forgeron à Saint-Éphrem, Samuel Rodrigue est le seul forgeron de sa catégorie en Beauce.
C’est à seulement 19 ans en 2011, que Samuel Rodrigue a acheté sa grande maison dans laquelle il vit aujourd’hui en famille, dans le but d’acquérir avant tout, la grange se trouvant sur le même terrain.
Il a ensuite commencé à forger dans l’ancienne petite laiterie (aujourd'hui détruite) la fin de semaine et le soir. D’abord pour lui-même jusqu’à se faire connaître.
« J’ai acheté peu à peu mes machines, beaucoup de choses sont de secondes mains, mais avec un peu d’amour ça fait bien la job pour un gars qui part », a raconté le jeune forgeron.
En 2016, il se lance dans des travaux et s’installe un véritable atelier dans la fameuse grange et s'y consacre à temps plein.
Un coup de coeur pour le métier
« C’est en dedans de nous et c’est juste que ça dort. La vie nous amène à des choses sans qu’on s’y attende. Il faut faire confiance à la vie », de dire Samuel Rodrigue qui avait entre 14 et 15 ans lorsqu’il a eu le déclic.
« On est allé visiter un village ancestral et il y avait une démonstration de forge. C'étaient tous des acteurs, mais ça a été comme un coup de foudre. Et puis j’ai aussi fait un cours en soudage au CIMIC à Saint-Georges. Le domaine où j’étais s'appelait “Fabrication de structure de métaux ouvrés” et c’était justement de la fabrication de garde d’escalier un peu décoratif. C’était pas comme de la forge traditionnelle, car il y avait des machines pour courber, etc. Mais c’est tout de même ce qui m’a amené à avoir ce déclic. Je me suis dit que je pouvais aller plus loin dans ce domaine. Alors j’ai persisté à apprendre et puis après ma rencontre avec Guy Bel tout s’est lancé. »
Guy Bel est un forgeron français installé au Québec depuis 40 ans. Il tient la Forge à Pique Assaut sur l’île d’Orléans. Samuel l’a rencontré en 2012 et a travaillé pour lui à temps plein pendant quelque temps.
« Ce monsieur-là m’a transmis son savoir comme un mentor et ça a été très bénéfique pour moi. »
Une confiance grandissante
« Les pièces que j’aime le plus réaliser ce sont les enseignes, les rampes d’escalier et les portails-grilles, tout ce qui est architectural. Ce que j’aime le moins c’est la quincaillerie », a expliqué le forgeron beauceron.
En général, il en fait des ébauches à main levée sur un papier lorsque l’inspiration lui vient. Mais parfois, il s’applique sur des croquis à l’échelle, avec les mesures, pour des portails par exemple.
Pourtant, dans la mesure du possible, il préfère travailler en improvisant. « Parfois les gens me demandent juste une chose et me laissent champ libre, ils me font de plus en plus confiance. Au début c’était plus dur, il fallait un dessin et ils revenaient régulièrement comment ça avançait. Ça me mettait trop de pression, ça laissait moins de place à la créativité. Maintenant avec l'expérience je suis plus sûr et ça se ressent. »
Son premier contrat, et le plus gros à date, il le doit à sa ville d’accueil. En effet, en 2015, Saint-Éphrem lui a commandé les affiches de Bienvenue situées aux quatre entrées de la municipalité.
Laisser place à la créativité
Lors de notre rencontre, le forgeron venait de terminer un kit d’outils de foyer qui se présentait sous la forme d’une petite table de salon, mêlant fer et verre.
« Ce client m’avait demandé un kit d’outils de foyer et j’ai fini avec une table comprenant une dalle de verre. Peut-être qu’il n’aimera pas du tout, qui ne risque rien n‘a rien! » a exprimé le forgeron en souriant.
Comme pour cette table, il travaille parfois en collaboration avec d’autres artisans. « J’ai appelé le verrier avec qui j’avais déjà travaillé et je lui ai proposé le projet. Il a accepté et a finalement coulé une dalle de verre pour le plateau du haut et une autre pièce au milieu des pieds de table. C’est un ensemble de pièces uniques. »
La fabrication de cette table aura pris deux jours de travail pour le forgeron.
Forger, un métier pour un passionné
Forger c’est déplacer la matière, pas la supprimer. Par exemple, une pièce d’une certaine largeur qui se rétrécit pour finir en pointe, c’est fait au marteau sur l'enclume. À force de frapper le matériel, il se déplace et vient prendre la forme souhaitée. La patience est alors un élément clé dans ce métier.
À notre entrevue, Samuel Rodrigue avait confié travailler 40 à 50 heures par semaine, parfois même 60 suivant le projet sur lequel il travaillait. « Mais après les fêtes par contre ça tombe plus tranquille, je vais peut-être avoir un mois, un mois et demi sans commande et ça me permettra de nettoyer l’atelier et de me reposer un peu. »
Pour conclure, le forgeron de Saint-Éphrem a souligné que son travail est à l’image de sa personnalité : « J’essaie de rester authentique à ce que je suis. »
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