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Daniel Gamsby ou la passion de sculpter à la scie à chaîne

durée 18h00
10 mars 2021
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Léa Arnaud
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Par Léa Arnaud, Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Daniel Gamsby est un artisan ébéniste de Beauceville, qui réalise des sculptures avec ses scies à chaîne.

Daniel est aussi producteur forestier et travaille dans le milieu de la construction. Lorsqu’il n’est pas au travail, il rénove des maisons avec ses enfants. En plus de cela, il a appris seul la sculpture qui occupe maintenant son temps libre.

« Dès que j’ai du temps, je travaille sur la sculpture, mais il faut que je puisse m’y mettre vraiment. Il faut que je me discipline, je ne regarde rien et je ne cherche pas d’idée, tant que je sais que je n’aurais pas le temps de travailler dessus. »

Père et grand-père, cet homme a transmis à sa famille des notions importantes à ses yeux : le désir d’apprendre et le respect de la nature. « J’aime le manuel. Tous mes enfants sont habiles et créatifs », a-t-il précisé.

Une passion pour le bois
Cette passion pour le bois, Daniel l’avait en lui depuis bien longtemps déjà.

« Il y a plus de 35 ans, je m’étais acheté un petit livre à Saint-Jean-Port-Joli et je me suis fait des petits couteaux. J’ai aussi commencé à sculpter des petites pièces, puis des bas-reliefs. En dessin c'était bien, mais je me suis rendu compte que j’aimais mieux la 3D, c'était plus facile pour moi. »

Il a ensuite laissé ces activités de côté pour son travail et sa famille. Bien qu’il continuait d’explorer en réalisant des travaux manuels avec ses enfants. 

Puis, il y a environ cinq ou six ans, l’usine où travaillait Daniel a fermé ses portes. Il a ensuite décidé de faire un DEP en Charpenterie-menuiserie par reconnaissance des acquis. C’est dans le cadre d’un projet de cours pour ce diplôme qu’il commence à sculpter avec la scie à chaîne. 

« Je devais faire un projet pour le cours, une table immense de 78 pouces qui s’ouvre jusqu'à 96 pouces, on peut y installer 14 personnes. C’était en hiver donc je ne savais pas trop comment la sculpter. Un matin je me suis dit que j'allais essayer avec la scie à chaîne, j'ai fait un essai sur une pièce de bois et je trouvais que ça marchait, alors j'ai monté ma structure de base et je l’ai sculpté. » 

Trouvant que cet outil avait finalement un potentiel intéressant, il a taillé sa première pièce personnelle dans une bûche gardée dans son grenier. 

« J’ai commencé à faire un visage avec ma grosse scie que j’utilise pour bûcher dans le bois, à main levée, le pied sur la bûche, à l'œil. Quand je l’ai levé, je trouvais que le visage avait un air spirituel et un peu rof, comme un sage indien on peut dire. Alors j’ai décidé de faire une tête-de-loup sur le haut. Je l’ai faite en deux temps, mais ça a été une révélation pour moi : la sculpture a du potentiel, je peux amener ça ou ? »

Les ours au coeur de ses créations
Sans savoir pourquoi, cet artiste a été attiré par les ours dès ses débuts.

« Je fais des sculptures pour mon plaisir, selon mon inspiration. Je reviens souvent aux ours, c’est comme inné. Je leur fais une petite bouille sympathique pour que les petits n'aient pas peur. Mais parfois j'ai des amis ou des clients qui me demandent des projets plus spécifiques, donc là je fais d’autres choses sur commande. »

Daniel Gamsby a également travaillé des lions, des chevaux, des renards, des ratons laveurs ou encore des aigles … 

« J'aime bien explorer d'autres animaux. Les félins c'est intéressant, avec les épaules et le corps élancé. J’aime bien le mouvement des ailes sur les oiseaux aussi. »

Cet artiste trouve son inspiration dans les livres ou sur internet. Après avoir regardé des images, il les transfère à sa façon en dessin et les modélise en 3D avec de la pâte à modeler.  

« L'année dernière, je suis allé au zoo et je me suis assis devant l’enclos des félins. Je les regardais, c'était gracieux, ça m'a allumé ! De les voir en vrai c'était bien plus beau que de le voir sur internet ou ailleurs. » 

Méthodes de travail
« D’abord, il y a l'ébauche qui est plus technique, ensuite je rentre dans une phase  “magique” où je n'ai plus besoin de référence, je taponne le bois et ça se fait quasiment tout seul. Chaque trait m'amène au prochain, comme une danse. À la fin je travaille les détails. »

Pour travailler sur ses œuvres, Daniel travaille toujours avec un minimum de trois scies, qu’il prépare et utilise en rotation. D'abord il les lime puis les remplit de gaz et d'huile, avant de commencer par enlever le plus gros avec la plus grosse scie et finir par les plus petites pour les détails.

« Les 15 premières minutes, tu cherches et puis parfois au bout de 3-4h tu as besoin d'un peu de recul. L’été je fais en moyenne six heures de scie à chaîne, après mon corps est en surcharge. Mais des fois j'en fais plus, car je ne suis pas capable d'arrêter. »

« Le plus dangereux ce n'est pas d'aller dans la finition délicate, car je pense que les mains, l'œil et l'habileté que j'ai développée rendent les choses simples pour moi, le défi c'est surtout de faire l'ébauche. C'est l’étape la plus importante selon moi, il faut être précis pour gagner du temps et si je me rate, et bien faut que je me rattrape après. » 

Ces sculptures demandent un bon mariage d’énergie physique et de créativité. 

« Une tinque de gaz ça me tient 45 minutes dans le bois alors qu’en sculpture ça me tient 20 minutes ! Aussi, je travaille toujours debout avec la scie à bout de bras devant moi, alors une scie qui pèse 17 livres se fait lourde après deux ou trois heures de travail. »

Ma passion c’est ma flamme
Daniel Gamsby a mis du temps avant de reconnaître qu’on le qualifie d’artiste. Pour lui, ce qui importe c’est l’émotion des gens.

« Il y a tout le temps quelqu’un à qui ça apporte une émotion, pour moi c'est ça la gratification, l'émotion que ça va aller chercher chez les gens en fonction de mes œuvres. »

La force des émotions c’est aussi ce qui anime cet artiste dans son travail. 

« Mon défi aussi c'est de me connaître, je me découvre avec la sculpture. Qui je suis en tant qu'artiste. »

«  Ma passion c'est ma flamme. Ça se ravive grâce aux gens autour, mais la flamme initiale est en nous. Si on a une passion dans la vie, on est riche ! », a conclu Daniel.

commentairesCommentaires

2

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  • A
    Alarcon
    temps Il y a 3 ans
    Très bonne article revigorant
  • CA
    christian arnaud
    temps Il y a 3 ans
    beaucoup de poésie et d'humilité dans ce texte ça fait envie!!

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