Conférence de Maxime Bernier sur l'économie : Les maires restent sur leur appétit
Le député fédéral de Beauce, Maxime Bernier, a tenu une allocution à saveur économique devant des gens d'affaires au restaurant Le Normandie de Beauceville le 13 janvier dernier. Un discours que les principaux maires de la région auraient aimé voir plus près des préoccupations des Beaucerons.
« Les gens ont été déçus en partant de la conférence », a admis Jean-Guy Bolduc, maire de Beauceville. Selon les discussions qu'il a tenues avec certaines personnes après la conférence, le point de vue du député sur la situation économique et les moyens pour y remédier n'étaient pas assez clairs.
Comment bien intervenir
Pour Maxime Bernier, la véritable menace n'est pas tant la crise économique, mais plutôt la façon dont nous allons réagir à celle-ci. « En intervenant trop, en intervenant mal, on risque de l'empirer et de la prolonger. La meilleure chose à faire, c'est de laisser faire le libre marché et laisser l'argent dans les poches des contribuables, parce que vous savez mieux qu'un politicien ou un bureaucrate à Ottawa quoi faire avec votre argent », a-t-il annoncé.
Selon M. Bolduc, limiter les interventions du gouvernement durant cette période de crise, comme le mentionne Maxime Bernier, ne représente « pas nécessairement » la meilleure solution. Le maire de Beauceville apportait tout de même quelques bémols à sa critique. Selon lui, le meilleur moyen d'intervenir pour le gouvernement est d'en profiter pour faire les travaux qu'on remettait à plus tard depuis des années, mais sans « faire des travaux pour le plaisir d'en faire ». Il invite nos dirigeants à se concentrer sur les choses nécessaires, utiles et qui répondront à un besoin de façon durable.
Lors d'un entretien téléphonique à ce sujet, le maire de Saint-Georges, Roger Carette, abondait dans le même sens que son homologue. M. Carette juge l'attitude non interventionniste clamée par M. Bernier digne d'un gouvernement conservateur, mais aimerait voir, comme à plusieurs endroits dans le monde actuellement, le gouvernement se commettre un peu plus sur le plan économique, surtout en ces temps difficiles. Il insiste par contre sur le fait de cibler les bons programmes. « L'État doit intervenir, mais pas nécessairement pour aider les banques et les fabricants automobiles », plaide M. Carette.
L'argent à l'industrie automobile
Sur ce dernier point, il faut dire que la période de questions ayant suivi la conférence du député avait fait réagir plusieurs intervenants qui, tout comme M. Carette, s'indignaient de l'intention du gouvernement fédéral de venir en aide de façon substantielle à l'industrie automobile. « J'ai beaucoup de respect pour M. Bernier, mais quand il pompe l'industrie de l'automobile en Ontario, mais qu'il n'ouvre pas son micro pour parler des choses de chez nous, je n’aime pas », a déclaré M. Carette en mettant en lumière le fait que le premier devoir de nos gouvernants était de rendre justice à tous leurs concitoyens et de les considérer comme égaux.
« Si on ne veut pas que cette industrie-là souffre d'un désavantage concurrentiel, on se doit d'avoir un plan et c'est ce qui sera concrétisé dans le prochain budget. C'est la politique du réel », s'est défendu M. Bernier, en disant être tenu de suivre les Américains sur ce point à cause du marché global dans lequel le Canada évolue.
À cela, c'est son propre père, Gilles Bernier, qui s'est fait critique en demandant à son fils député de porter un message à ses supérieurs. « Est-on persuadé que ton gouvernement va demander à cette industrie-là de se discipliner », a demandé M. Bernier, en parlant des salaires horaires et des avantages sociaux excessifs que l'on retrouve dans ce domaine et qui n'aident en rien celui-ci à se relever. Croyons que cette demande fort à propos, venant du paternel, se rendra sûrement jusqu'aux bureaux des principaux ministères concernés.
D'accord sur un point
Du côté des individus, le député Bernier considère qu'encourager les gens à continuer à dépenser et consommer pour faire rouler l'économie, comme le font les médias dit-il, n'est pas une bonne idée. « Dans cette période d'incertitude, moi je crois que c'est un comportement irresponsable. La solution n'est pas de continuer à s'endetter indéfiniment et vivre au-dessus de nos moyens. On devient riche en travaillant, on devient riche en épargnant et en étant plus productif », a souligné M. Bernier en rappelant le vieil adage de son grand-père qui disait que c'est en payant ses dettes qu'on s'enrichit.
Les deux maires consultés étaient d'accord sur ce point. Alors que le maire de Beauceville invite les gens à porter attention à ce qu'ils vont acheter et y aller selon leurs besoins, le maire de Saint-Georges est du même avis que son député en ce qui concerne le règlement de ses dettes et la réserve dans les dépenses. M. Carette déplore cependant que cette invitation à la sagesse s'applique mal à plusieurs travailleurs de la région. « Comment tu leur dirais de ne pas dépenser, ils n'ont plus de salaire! On n’est toujours pas pour leur dire d'emprunter pour dépenser », a-t-il fait valoir.
Soulignons que cette conférence était organisée par les Chambres de commerce de Beauceville et Saint-Joseph. Au moment d'écrire ses lignes, il était impossible de savoir si la même conférence, donnée hier par M. Bernier devant la Chambre de commerce de Saint-Georges, avait été teintée d'un peu plus d'idées qui auraient pu satisfaire les gens d'affaires de la région. Nous saurons le 27 janvier prochain si le budget des conservateurs passera le test de la Chambre des Communes.
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