Pour éviter le piège du jeu pathologique chez les jeunes
La Maison l’Odyssée pour joueurs compulsifs a présenté aujourd’hui son nouveau projet régional de prévention « Pour éviter le piège ». Financé par la Fondation Mise sur toi et l’Agence de la santé et des services sociaux de Chaudière-Appalaches, ce projet vise à contrer, auprès des jeunes de 11 à 13 ans, l’augmentation de la participation aux jeux de hasard et d’argent comme le poker.
« La prévention nous tient à cœur et on s’est rendu compte que cela commençait très jeune. Il faut toucher les jeunes très tôt, l’important est de sensibiliser et d’informer les jeunes de la problématique ainsi que leurs parents », soutient la directrice générale de Maison l’Odyssée, Marie Lehoux.
La Maison L’Odyssée fera une tournée régionale des écoles secondaires des quatre commissions scolaires du territoire de Chaudière-Appalaches et des Maisons des jeunes en offrant des activités de sensibilisation auprès des adolescents de première et deuxième années du secondaire. Les intervenants sociaux du territoire seront également rencontrés dans le cadre de cette vaste campagne. L’objectif est d’améliorer les connaissances de ces jeunes en matière de risques associés à la consommation de jeux de hasard, de jeux d’argent sur Internet (incluant le populaire jeu de poker), afin qu’ils puissent assumer des choix responsables à court terme et une fois devenus adultes. La Maison s’est aussi associée avec la Sûreté du Québec dans le cadre du programme de prévention « Vous Net pas seul » qui est complémentaire à ce projet.
Quelques inquiétudes
La Maison l’Odyssée s’est montrée très inquiète de la popularité grandissante des jeux virtuels et leur accessibilité via Internet. Elle déplore au manque de connaissances des parents et les risques associés à la consommation abusive de jeu de hasard sur Internet. D’après Mme Lehoux, les gens banalisent ce genre de jeux de hasard. Elle soulignait que des parents, naïvement, incitent les jeunes à participer à ces jeux en offrant des jeux de poker en cadeau ou en remettant un billet de loterie aux enfants. Cette dernière avoue avoir inséré de fameux «gratteux» dans des bas de Noël de ses enfants avant de devenir directrice de la Maison l’Odyssée. « Le jeu, c’est culturel, on entend souvent dans notre langage, je te gage, tu paries… C’est vraiment ancré dans notre société. C’est tellement culturel qu’ils ne perçoivent pas le danger », souligne cette dernière
Par ce programme, on veut différencier les notions de jeux de hasard des jeux vidéo, dont la personne détient le contrôle de la manette. « Par les jeux de hasard, personne n’a le contrôle, mais ceux qui sont devant l’ordinateur en train de jouer à des loteries vidéos n’ont pas cette perception. C’est de cette façon que l’on cultive des pensées erronées et qui font naître l’espoir du gain facile », lance la directrice de la Maison.
Elle s’inquiète aussi de l’émergence du poker chez les jeunes qui est appuyée aussi des émissions de télé sur ce type de championnats. « On rencontre aujourd’hui des jeunes qui veulent devenir autant des joueurs de hockey professionnel qu’un joueur de poker… », remarque-t-elle.
Des statistiques accablantes
Des recherches effectuées à l’Université McGill démontrent que les enfants peuvent devenir accrocs au jeu et que les conséquences sont sérieuses. Le tout peut même mener à la dépression, l’anxiété, les relations interpersonnelles, les difficultés scolaires, l’abus de substances de même que les problèmes avec la loi. Soulignons que la dépendance est grandement associée à la problématique du suicide. D’ailleurs, les tentatives de suicide chez les personnes comportant des problèmes de jeux pathologiques sont fréquentes. « Près de 70 % de nos clients ont déjà tenté de se suicider », affirme Mme Lehoux qui souligne que l’argent est un important facteur de stress dans nos vies.
Cette même étude estime que la proportion de joueurs compulsifs chez les adolescents est passée de 1,7 % à 2,6 %. Par ailleurs, 4,7 % des jeunes de 12 à 17 ans présentent des symptômes pathologiques du jeu. Les jeunes sont aussi très attirés par l’expérimentation des jeux de hasard. La proportion est intéressante chez les jeunes de secondaire 1 d’après le constat effectué dans une classe laboratoire de la Polyvalente Benoît-Vachon est d’ailleurs surprenant. « Dans ce groupe, on avait 72 % des filles qui avaient déjà expérimenté des jeux de hasard », lance Mme Lehoux.
Sa mission
La Maison l'Odyssée pour joueurs compulsifs est un organisme communautaire sans but lucratif, reconnu par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Sa mission est d’aider et de soutenir les joueurs compulsifs en leur fournissant ou proposant divers moyens afin de se prendre en main, de parvenir à l’abstinence du jeu et enfin, à leur rétablissement. Elle a comme mission d’organiser des activités de sensibilisation et de prévention sur les effets du jeu.
Elle offre des services de thérapie ainsi que de l’aide aux proches. Le soutien financier apporté par l’Agence de la santé et des services sociaux de Chaudière-Appalaches nous permet d’offrir gratuitement une thérapie fermée de 28 jours aux joueurs pathologiques. Cet organisme est désigné par les Agences de la santé et des services sociaux de l’Abitibi-Témiscaminque, de la Côte-Nord et du Bas-Saint-Laurent pour le traitement de leurs clientèles.
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