Déficience intellectuelle : Les défis de l'intégration

Par Simon Berube, Journaliste
Au Québec comme en Beauce, 3 % de la population est touchée par une déficience intellectuelle. Pour les familles et la société, il s'agit d'un grand défi. Cette année, les organismes québécois venant en aide aux personnes atteintes et à leurs proches se sont donné rendez-vous à Saint-Georges.
Du 21 au 23 mai, environ 360 personnes étaient réunies au Georgesville pour discuter de déficience intellectuelle et des meilleurs moyens de favoriser l'intégration sociale des personnes qui en sont touchées, dans le cadre du 27e Congrès de l'Association québécoise de l'intégration sociale (AQIS). Parallèlement à ce congrès, on pouvait assister au Colloque Recherche Défi de l’Institut québécois de la déficience intellectuelle (IQDI).
Le congrès 2009 se déroulait sous le thème « Comme tout le monde! ». Les congressistes étaient principalement des parents, des professionnels et des intervenants des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et du milieu associatif. Des chercheurs et des personnes ayant une déficience intellectuelle étaient également sur place.
« Nous sommes ici pour revendiquer nos droits et voir les nouvelles choses qui se font à la grandeur de la province », fait savoir la nouvelle présidente de l'AQIS, Lucie Villeneuve. Cette dernière ne manque d'ailleurs pas de verve lorsque vient le temps de discuter des différents enjeux touchant la déficience intellectuelle au Québec. En effet, une grande majorité de ces personnes bénéficient de l'aide sociale et doivent vivre nettement sous le seuil de la pauvreté.
Des tests de dépistage non désirés
Les tests de dépistage de la trisomie 21, effectués systématiquement sur les femmes enceintes, constituent l'un des sujets majeurs sur lequel l'AQIS a pris officiellement position au cours du Congrès. « Nous avons démarré une coalition contre les tests de dépistage public de la trisomie 21 parce que nous nous y opposons. Ça devient de l'eugénisme et nous croyons que ça touche aussi les personnes qui ont actuellement une trisomie 21 et qui font partie de la population. Ces personnes reçoivent très mal ça », explique Mme Villeneuve.
Selon cette dernière, l'instauration du test de dépistage systématique et public ajoutera une pression indue sur la femme. « La société met un très gros poids sur la femme. Je suis très heureuse de ne pas avoir eu à faire ce choix. Je l'aurais sûrement gardé et je me serais peut-être fait regarder de travers par la société. Une maman qui met au monde un enfant trisomique, alors que les gens savent que les tests existent, se fera peut-être dire qu'elle a voulu avoir le bébé, alors qu'elle s'arrange toute seule. Il y a une sérieuse crainte que les services diminuent ». Mme Villeneuve préfère que le choix de passer le test ou non revienne à la femme.
L'emploi
L'emploi est aussi un grand enjeu pour les gens atteints de déficience intellectuelle. Présentement, certains programmes gouvernementaux font en sorte que des bénéficiaires travaillent pour une allocation de cinq dollars par jour. Alors que le transport n'est pas inclus, la personne déficiente intellectuelle se retrouve à payer pour aller travailler, dénonce la directrice générale de l'Association pour l’intégration sociale (AIS), région Beauce-Sartigan, Valérie Poulin.
Au cours du congrès, des représentants du gouvernement sont venus expliquer certaines mesures gouvernementales qui pourraient permettre que des personnes atteintes reçoivent une rémunération pour le travail effectué en entreprise. « Si la personne engagée donne 80% du rendement habituel, le gouvernement va compenser le 20 % restant », explique Mme Villeneuve. Selon celle-ci, une telle mesure pourrait avoir l'avantage de faire baisser le nombre de prestataires d'aide sociale.
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