Bonjour, aujourd'hui je veux rendre hommage à ce que je surnomme les vrais batailleurs. Non, je ne veux pas parler de boxeurs comme Jean Pascal ou Lucian Bute, bien qu'ils méritent le respect et la gloire. Je veux plutôt vous parler de ceux qui livrent de vraies batailles contre la vie.

Vous savez ces batailles peuvent survenir dès la première minute de vie et c'est ce qui vient d'arriver à mon petit champion Louka. Dès sa naissance (14 octobre dernier), il a été transporté au CHUL à Québec afin d'amorcer son combat pour sa survie, puisqu'il avait manqué d'air à la naissance et que son cerveau pouvait être atteint. Au contraire d'un vrai combat sur un ring, il n'était pas question de commencer à étudier le cas, il fallait porter les premiers coups dès le commencement du combat.

Round 1 : Le bébé doit respirer avec un gros tube d'oxygène et on lui administre des antibiotiques puisque l'on croit qu'il y a une infection sur les poumons. On doit également descendre sa température et le mettre sous une tente d'oxygène. Il vient au jour après 27 heures de travail en césarienne d’urgence. Maman a aussi fait 3 fois du semi-coma

Round 2 : La mère voit son fils que quelques secondes et vice-versa. Louka doit faire un voyage en ambulance sur une petite civière seul avec deux ambulanciers, une infirmière et une inhalothérapeute. Le temps presse, les minutes comptent et le bébé doit respirer avec un gros tube qui lui donne de l'oxygène.

Round 3 : Dès son arrivée au CHUL, on place le petit Louka qui a quelques heures de vie sur des ''ice packs ''(cooling) afin de ralentir son système pour limiter les dégâts.

Round 4 : Papa arrive, il voit son petit garçon gelé sur son lit de glace avec des fils qui sont reliés à des moniteurs pour le surveiller en permanence. Le médecin de la place vient voir le papa et lui explique que pour l'instant seul le temps pourra nous donner un diagnostic. Par contre, signe encourageant, il ne fait pas de convulsions !

Round 5 : Le petit Louka doit endurer la glace sur son corps pendant 72 longues…très longues heures. Une série de tests s'amorce et le bébé doit puiser dans ses énergies les plus profondes afin de tenir le coup !

Round 6 : Louka subit des prélèvements sanguins aux quatre heures. Le froid de son corps complique les choses puisque les veines se font de plus en plus petites et le sang ne veut pas sortir de ce petit corps. On lui administre donc des piqûres partout sur son corps (pieds, mains, têtes), parfois on doit même se reprendre à près de 10 fois pour remplir une petite fiole.

Après le sixième round, le papa fait le point sur la situation afin de voir les chances de survie de son champion et surtout de voir s’il peut se rendre au douzième round. Toujours pas de convulsion en vue, le bébé mange grâce à un soluté qu'on lui administre par le nombril via un cathéter. Le papa réalise qu'il y a 55 autres combats autour de lui et malgré la douleur et la souffrance, les combats semblent en la faveur de la vie et non de la mort. À l'entrée de l'unité de néonatalogie, il y a des messages de parents qui ont vu leur petit bébé devenir de vrais champions, des légendes ! De plus, papa parle avec d'autres parents qui vivent des situations similaires au niveau des émotions, mais des situations différentes au niveau du combat (prématuré, sang incompatible, virus au niveau des parties génitales, etc.). Le constat est unanime, nos enfants sont à la meilleure place pour livrer leur combat. Les infirmières, la réceptionniste, les médecins et les résidents ont plus que de simples titres, ils sont de vrais anges gardiens pour nos enfants. Le personnel est à l'écoute des besoins de la famille et ça respire la passion dans l'unité néonatale.

La maman est toujours à l'hôpital de Saint-Georges puisqu'elle est trop faible pour venir à ce moment-ci du combat. Pour la maman c'est le pire sentiment d'inquiétude qu'une personne peut avoir, celle de savoir qu'un de ses enfants combat pour sa survie et qu'elle ne peut être à ses côtés pour l'épauler.   

Round 7 : Le combat se poursuite et bébé Louka doit passer une échographie au cerveau. Ce round est à l'avantage de notre fiston puisqu'il n'y a rien d'alarmant suite aux résultats.

Round 8 : Pour ne pas prendre de chance, on décide quand même d'envoyer bébé passer un taco au cerveau. C'est une autre petite victoire pour notre enfant, puisque la glace semble avoir bien travaillé puisqu'il n'y a rien de majeur au niveau du sang dans son cerveau.

Round 9 : Louka poursuit les tests et continue de combattre pour sa survie et pour avoir la santé. Cette fois, il doit passer un test de neurologie une fois par jour pendant trois jours. Le petit bébé ne doit pas bouger pendant 20 minutes à chacun de ces tests. Les résultats donnent encore avantage à notre petit Louka.

Round 10 : La maman vient enfin rejoindre son petit et les deux se découvrent enfin. Le positif semble de plus en plus présent. Bébé Louka change de salle et il y a maintenant une infirmière pour mon petit Louka et pour un autre petit combattant, tandis qu'avant il n'y avait qu'une seule infirmière seulement pour mon petit. Les signes sont donc encourageants puisqu'il demande un peu moins de soins.

Round 11 : On débranche les fils sur son petit corps. On commence à le faire boire du lait (ouf !plus de soluté). On attend la réaction du petit pour voir son développement. On transfère encore une fois le petit bébé, cette fois dans la pouponnière… Le dénouement de l'histoire arrive bientôt.

Round 12 : Bébé Louka signe la plus grande victoire, celle de la vie. À 8 jours de vie, il est déjà un champion, une légende. Il obtient son congé de l'hôpital et il peut venir récupérer chez lui avec sa maman et son papa.

En terminant, je tiens à saluer le courage de mon petit bébé. Je veux également remercier les personnes qui nous épaulaient, moi et ma conjointe dans cette épreuve qui changera à jamais la perception de la vie et de nos valeurs. Un gros merci également au personnel de l'unité néonatal du CHUL. Également un remerciement au Manoir Ronald McDonald qui aura facilité notre séjour à Québec, bravo pour votre belle mission.

Même si trop souvent certains perdent des combats importants, sachez qu'ils sont de vrais champions et que la défaite ne les fera jamais tomber dans l'oubli.

Guillaume Gilbert, Jessica Jacques, Louka  Gilbert-Jacques.