NDLR: Julie DeBlois a appris en octobre dernier qu’elle était atteinte d’un cancer du col de l’utérus de type « Adénocarcinome », soit une forme agressive de la maladie. Puisque celle-ci a accepté de partager son expérience au quotidien face à cette maladie, EnBeauce.com diffuse l'intégralité de ses textes dans la section Blogues.

Il y a tout plein de termes médicaux qui résonnent dans mes oreilles, cognent dans ma tête et étourdissent mon cerveau. Quelle grosse journée à l'Hotel-Dieu de Québec hier, avec un départ de la maison à 6 h 15 en compagnie de mon groupe d'accompagnement (maman, beau-papa et frérot - MERCI à vous!) pour des rencontres de 8 h 30 à 16 h 30.

 Bon. Commençons par le commencement. Par le plus important. Le résultat! Vous savez, ce résultat que j'attends depuis une éternité, et même plus?? Ce mystérieux inconnu qui me tient éveillée le soir, qui me déconcentre pendant la journée et qui me titille constamment? Non les filles. Je ne parle pas d'un homme craquant que j'aurais rencontré dernièrement... malheureusement!

Je peux maintenant mettre un nom sur ce que j'ai. Une image sur ce qui m'attend. Une vision sur mon futur (car bonne nouvelle, j'ai un avenir devant moi!). Donc... (ici, on entend un roulement de tambours)... j'ai un Adénocarcinome, Stade 1B1.

Je sais.

Ça ne vous dit rien.

Alors je vous explique. C'est un cancer du col de l'utérus précoce (Yé!), mais avancé (euh...quoi??). En effet, le stade est rassurant, mais le type de cancer est relativement agressif (c'est-à-dire qu'avec lui, on ne prend pas de chance, les mesures sont drastiques).

La bonne nouvelle, c'est que ma 2e biopsie est négative, donc tout aurait été enlevé lors de l'intervention du 5 octobre. L'IRM est belle aussi. J'attends toujours le résultat du PET scan, mais tout le monde semble confiant.

Par contre, la grosseur et la profondeur à laquelle la tumeur était rendue (17 mm diamètre et 5.2 mm profond) sont importantes pour mon âge (je suis quand même une petite jeunesse!) et cela oblige à prendre des mesures agressives de prévention (en fait, la 'couche' de tissus qui a été enlevée le 5 octobre était pleine de cellules cancéreuses, jusqu'à la dernière cellule. Donc, même si la biopsie prise par la suite est négative, cela ne garantit pas qu'il ne reste vraiment plus rien).

Il faut savoir que ce type de cancer (adénocarcinome) présente plus de risque qu'un cancer de type carcinome épidermoïde (ça, c'est un type qui est plus fréquent et plus facile à traiter : mais moi, j'ai pigé le cancer plus agressif dans le sac à surprise! Attention, il y a un type encore pire : le sarcome utérin. Voyons le bon côté : je n’ai pas pigé celui-là!!).

Ça vous aide?

Concernant le traitement, j'aurai une hystérectomie radicale. Pas compliqué : on m'enlèvera tous les organes féminins sauf les ovaires. Aie! Ca veut dire au revoir la pilule anti-conceptionnelle et au revoir menstruations! Pour les moins érudits dans le domaine gynécologique (je m'adresse particulièrement aux hommes ici), la beauté de conserver les ovaires, c'est que je ne serai pas ménauposée (en quelque sorte, on peut dire que je vais 'préserver' ma jeunesse et mon corps ne veillira pas prématurément). Ca aussi, c'est une belle nouvelle!

Maintenant, j'entends tout le monde dire : oui, mais tu oublies un GROS détail Julie! Pas d'utérus... pas de bébé!!

C'est vrai. Pas de bébé dans mon ventre. J'imagine que pour la très grande majorité des femmes, il s'agit d'un scénario dramatique, et je comprends parfaitement. Dans mon cas cependant, l'appel à la procréation et le tic-tac de l'horloge biologique ne se sont jamais vraiment faits entendre... sauf lorsque j'étais avec Martin. Depuis, je me suis posé la grande question à savoir si oui ou non je voulais avoir mes propres enfants... ça a toujours été un débat intérieur qui me pesait. J'ai pas mal toujours penché vers le non, sans jamais oser le dire haut, fort et avec conviction. Et bien maintenant, j'ai ma réponse! Honnêtement, pour moi, d'avoir une réponse finale et irréversible me fait du bien, aussi bizarre que cela puisse paraître. Oui, lorsque tout sera derrière moi, il est fort probable que je réaliserai davantage tout ce que cela implique. J'aurai sûrement un deuil à faire.

Et bien je le ferai. J'en ai pas mal à mon actif, des deuils!

Et ce n'est pas parce que je ne peux pas avoir des enfants dans mon ventre que je ne peux pas en avoir du tout! Il y a toujours la possibilité d'adopter...ou de rencontrer quelqu'un qui en a déjà! Tout est dans la signification que l'on donne aux choses et aux évènements!

​Donc la journée d'hier a été consacrée à me préparer à l'intervention. Prise de sang et d'urine, radio des poumons, Eco-Cardiogramme, rencontre avec l'anesthésiste, l'oncologue, l'infirmière pivot (j'ai plein de nouveaux amis!).

Je suis maintenant prête à me faire opérer : ne reste qu'à connaître la date qui elle, sera avant Noel (mon voyage à Cuba va prendre le bord, mais ce n'est que partie remise!).

Je ressens présentement un malin plaisir à vous imaginer essayer de comprendre pourquoi je parle de DEUX utérus dans le titre de ce billet... Je ne sais pas comment vous le dire autrement que... vous avez bien lu!! J'ai DEUX utérus, et DEUX cols (ces derniers sont soudés ensemble à la base). Ben oui. Tant qu'à faire les choses en grand, on met le paquet! Et doublement!! Je ne suis pas un cas unique, mais je suis certainement un cas bien spécial, aux dires de mon oncologue. Étant donné que j'ai deux utérus (les filles, dites la phrase 'J'ai deux utérus'... ça sonne vraiment bizarre!!), l'intervention sera plus complexe, mais ils ont déjà vu ça auparavant (ouf!).

C'est donc avec ma famille et mes deux utérus que nous sommes sortis décompresser au Pub St-Alexandre sur la rue St-Jean. Le souper et le vin étaient délicieux et l'atmosphère était à la célébration.

Car oui, même si les prochains mois seront difficiles, même si cette histoire n'est pas terminée, que des deuils seront à faire (non, mais... je ferai le deuil de DEUX utérus moi!!), ma vie continuera! Et j'aurai la santé! Et je poursuivrai mes projets! Et je pourrai vivre encore plein de beaux moments en famille et entre amis!

Après tout, c'est ça la vie!

Conjuguer le 3 décembre

Le 3 décembre 2015 ​sera désormais pour moi une date qui entrera dans les annales de ma vie. C'est en effet à cette date que j'aurai cette importante chirurgie et serai hospitalisée à l'Hotel-Dieu pendant quelques jours.

Je dois dire que pour le moment, j'ai juste hâte de parler de cette date au passé composé et non au futur simple.

Mais comme je ne peux rien y changer, je reste dans le présent : ce sera plus-que-parfait!

(Citation de moi-même... pas mal hein?)

Plus sérieusement, cette date marquera un grand tournant pour moi. En tout cas, c'est comme ça que je le vois!

La fin d'une vie et le début d'une autre (je suis chanceuse : deux vies!). Car maintenant qu'il est clair que je n'aurai pas d'enfant (en tout cas, pas de moi-même!), cela éclaircit mon avenir. Il n'y a plus de doute et de question à ce niveau, et on dirait que cela ouvre de nouvelles perspectives au sujet de mon futur.

Et j'aime ça.

Quand on y pense, on a tous des dates marquantes qu'on n'oublie jamais, en ne commençant pas les dates de fête de nos proches (merci à Facebook de parfois me les rappeler, je m'en confesse!), les dates anniversaires de vie de couple (Oh pour ça, je n’ai pas besoin de Facebook!!), mais aussi les grandes dates qui ont marqué l'histoire (qui ne se souvient pas de ce qu'il faisait le 11 septembre 2001?).

Dans mon cas, je me dois ici de partager une autre date marquante de ma vie qui, je le crois sincèrement, ne tient pas du hasard : le 20 juin.

C'est le 20 juin 2003 que j'ai quitté mon emploi à temps plein pour faire le tour du monde pendant 1 an. Le début d'une grande aventure!

C'est le 20 juin 2008 que Martin est décédé... le début de mon premier grand deuil!

À ce moment, je m'étais dit que chaque année, le 20 juin, je me gâterais, je ferais quelque chose de spécial, et ce, afin de mettre un peu de lumière dans cette journée plutôt triste. Quelqu'un, quelque part, m'a entendu : ma filleule Marylou est née le 20 juin 2012. Depuis ce temps, cette journée en est une de sourire! Bien entendu, je n'oublie pas Martin, mais j'ai cette petite boule d'énergie et d'amour qui me ramène à la vie... et qui me rappelle que c'est sa fête. Ok Luly??

Comme je n'ai jamais été opérée, endormie, intubée et tout le tralala, j'ai lancé la question sur ma page Facebook à savoir quels sont les trucs que les gens prennent pour se préparer physiquement et mentalement à l'avance. Je tenais à partager les belles suggestions et idées reçues, en espérant que cela peut aider d'autres personnes!

MERCI à tous ceux qui ont pris le temps de partager!

 Alors voici, dans un ordre tout à fait aléatoire :

1) Lâcher prise, faire confiance à l'équipe médicale et leur laisser faire leur travail : ce sont eux les pros!

En fin de compte, c'est tellement vrai! On a tendance à tout vouloir contrôler et je pense que c'est davantage le fait de ne pas avoir le contrôle qui nous dérange... mais ce n’est pas moi l'experte, alors aussi bien m'en remettre à eux en toute confiance!

2) Prendre les antidouleurs prescrits suite à l'opération et en demander au fur et à mesure : ne pas attendre d'avoir mal!

La guérison se fait mieux lorsque le corps n'a pas à combattre la douleur.

(Je n’ai pas trop de problèmes avec ça. Une petite shot de drogue sur demande, pourquoi pas! Mais que personne ne vienne me visiter, je ne peux garantir l'effet que ça aura sur mon comportement!!)

3) Être accompagnée d'un proche (vraiment pas un problème, je serai plus que bien accompagnée, comme d'habitude!)

4) Imaginer que mon père et Martin sont à mes côtés (tant qu'à faire, je vais imaginer toute ma gang là-haut : je suis certaine qu'ils se sont déjà planifié un groupe organisé pour être là le matin du 3 décembre!!)

​5) Maintenir mon focus sur les projets futurs.

J'aime bien ce conseil, car il me rappelle qu'il y a autre chose qui se passe dans le reste de ma vie, que j'ai des projets en cours et à venir, et que dans quelques mois, j'aurai toute l'énergie nécessaire pour profiter de la vie plus que jamais.

6) Dans ma valise, ne pas oublier des bas chauds, des bouchons et une doudou (je vais me sentir comme à la maison!!) et préparer des films, des livres, des passe-temps relaxes et du linge 'mou' pour les semaines à venir (ça ressemble à de vraies vacances ça!)

7) Je suis une fan FINIE de Tony Robbins et l'une de ses citations m'inspire beaucoup depuis toujours : « When you are grateful, fear disappears and abundance appears » (lorsque vous êtes reconnaissants, la peur disparait et l'abondance arrive).

Je l'ai expérimenté plus d'une fois et c'est tellement vrai! Dans des moments d'angoisse, de peur ou de stresse, je me rappelle tout ce que j'ai, je reconnais avec gratitude les gens qui m'entourent, ma santé, mes projets, le simple fait que je respire... et c'est vrai, cela change totalement le focus et élimine les peurs. Très efficace. MERCI Tony! :)

8) Méditer, aller marcher, faire du Yoga, pratiquer des techniques de respiration.

Ces activités nous ramènent dans le moment présent et nous tiennent connectés avec nous-mêmes. C'est certain que cela m'aidera à me rendre jusqu'à la date du 3 décembre sans virer folle!!

Alors le décompte est lancé : 6 dodos avant le jour J!

Et je serai prête.

Pour connaître la suite de l'histoire dans l'ordre chronologique, consultez les textes à partir du bas de page dans le blogue “Face au cancer : la vie selon Julie” (ici).