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David Roy et son pont de bois... couvert

durée 04h00
21 mars 2021
duréeTemps de lecture 157 minutes
Par
Pierre Morin

LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE SARTIGAN

Godefroy (dit«Got») Grenier (1816-1884) était cultivateur à Saint-Georges sur une terre qu'il avait reçue de son père en 1841. Il ne savait ni lire ni écrire, mais il était un homme ingénieux. En 1870, pour traverser la rivière, il conçut et exploita un système de bac qu'il enlevait à l'automne et remettait au printemps. En hiver, les voitures et les piétons passaient sur la glace qui était sillonnée d'une multitude de chemins. Un certain David Roy, qui possédait déjà un peu d'expérience puisqu'il avait érigé pour la municipalité en 1878-79 un pont rudimentaire sur la rivière Pozer au coût de 228$, proposa par la suite d'en construire un plus imposant au centre-ville. La municipalité n'avait rien à payer puisque ce serait un pont à péage: 1 cenne pour un piéton et 3 cennes (augmenté à 5 cennes plus tard) pour les voitures. Moyennant un privilège exclusif d'opérer à son profit un pont à cet endroit pendant une période de 30 ans, il s'engageait à l'ériger à ses frais, ce qui fut accepté. C'est en 1881 que le projet fut réalisé, en face de l'église. Son privilège d'exclusivité fut menacé en 1890, mais Roy se battit devant les tribunaux pendant plusieurs années pour faire respecter ses droits, ce qui entraina l'un des plus gros litiges judiciaires de l'histoire de notre ville. Cette saga dura pendant 5 ans, de 1890 à 1894, jusqu'en Cour Suprême du Canada, où il a eu gain de cause. À l'origine, comme c'était la mode à l'époque, ce fut un pont couvert, comme on le voit à la première photo. Mais on avait sous-estimé la force des vents. Les rafales soutenues arrachaient les planches, que M. Roy devait constamment remplacer, à son désarroi et... à ses frais. Après peu de temps, il décide d'enlever le lambris et de laisser la structure apparente, comme on le constate à la 2e photo. De pont couvert, c'est devenu simplement un pont de bois dont on possède plusieurs photos, puisqu'il a duré 30 ans, soit jusqu'en 1912, à l'exception de 1896 où il fut emporté par les glaces. Une photo prise vers 1888-89 nous montre que le pont éprouvait alors certaines faiblesses puisqu'on a dû l'étayer à plusieurs endroits (photo 3). Remarquez en-dessous les nombreux étais ajoutés entre les piliers. Autre problème apparaissant clairement à la 4e photo: le fort courant érodait les piliers qui étaient fortement grugés et devaient être réparés régulièrement. Mais ce qu'on craignait le plus est survenu en 1896, année d'une débâcle terrible où le niveau de la rivière atteignit un sommet alors inégalé, emportant le pont sur son passage, en plus de causer des dommages considérables aux édifices de la 1re avenue. David Roy retroussa ses manches et rebâtit courageusement son pont au cours de l'année 1897. Il en augmenta la solidité. Examinez bien la dernière photo: celle-ci fut prise en 1912, peu de temps avant sa démolition. On y voit la structure de façon rapprochée. Voyez les nombreuses tiges de fer, tant sur le plan horizontal que vertical, renforcissant l'ensemble et maintenant la structure de façon rigide, qui a tenu le coup sans interruption de 1897 à 1912. David Roy (1840-1920) fut l'un des grands bâtisseurs de Saint-Georges. Il fut aussi maire d'Aubert-Gallion, de 1895 à 1898. À la même époque, il a été propriétaire de la briqueterie «Bricade Saint-Georges», qui fut en opération jusqu'en 1960.

Photos du fonds Claude Loubier. Texte de Pierre Morin. Recherches de Pierre Morin et Paulin Poirier.


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