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Quand Saint-Georges s'appelait «La Famine»

durée 04h00
13 juin 2021
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Pierre Morin

LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE SARTIGAN

Dans les années 1700, lorsque les explorateurs voulaient se rendre chez nous à partir de Québec, la seule voie possible était de prendre ou longer la rivière Chaudière vers le sud et de surveiller lorsqu'ils arriveraient à cet affluent important sur leur gauche, dont l'embouchure comprenait trois ilots, ce qui signifiait qu'ils étaient rendus. C'était la rivière qui prit le nom de la Famine à partir des années 1650. Suite aux mésaventures de l'abbé Druillette qui avait failli mourir de faim en 1646 en empruntant cette rivière, on l'appelait la rivière Famine. C'était plus de 150 ans avant que Georges Pozer devienne propriétaire de la seigneurie dans l'ouest (il l'a achetée en 1807) qui allait finir par prendre le nom de Saint-Georges en son honneur vers 1835. Tous les historiens ont souligné qu'avant de s'appeler Saint-Georges, on s'est longtemps appelé la Famine. Et il est important de rappeler que le nom de Saint-Georges a pris bien du temps à s'imposer, car l'information circulait très lentement avant de prendre racine, à cette époque où les nombreux moyens de communication que nous connaissons étaient presque inexistants. Auparavant, le seul nom que nous donnaient les gens de Québec était «La Famine», même si les habitants d'ici avaient commencé à utiliser le nom de Saint-Georges. Cette confusion d'appellation a causé bien des problèmes, dont le plus grand fut le choix de l'emplacement de la 1re église dont la construction fut décidée en 1823, tout près de l'endroit où se trouve l'église actuelle. La décision du site relevait de l'Évêque de Québec qui ne connaissait à peu près rien de notre ville, sauf la correspondance échangée avec les curés d'ici. Pour cet Évêque, notre paroisse était tout simplement «La Famine». Alors, vers 1824, on statua qu'on allait construite le presbytère et la nouvelle église au même endroit que celle prévue, soit «à la pointe de la Famine». Selon l'historien Vézina, cette formulation laissait entendre que la «chapelle a été transportée sur la pointe de la Famine et par suite du côté est». Cet imbroglio suscita bien des malentendus auprès de la population locale. Chacun voulait être l'endroit où on érigerait l'église annoncée. L'historien Vézina a bien cerné le problème lorsqu'il a écrit: «Tout St-Georges vers 1825 et 30 s'appelait «la Famine», et la pointe de la Famine où était situé l'église était dans Aubert-Gallion. On aurait pu fort bien dire la pointe d'Aubert Gallion». Les habitants du secteur de La Famine (La Station) ont compris la situation, mais ceux d'autres secteurs ont prétendu qu'on devait préférer «la pointe d'Aubert-Gallion», soit pas loin du moulin Pozer. Ces querelles durèrent plusieurs années, au grand dam du curé qui ne savait plus comment régler cette question épineuse. Le décision finale concernant le site de l'église a été au coeur de l'actualité pendant six ans, chacun tenant mordicus à son point de vue. Le site retenu fut celui prévu à l'origine et le bâtiment fut construit aux environs du monument équestre de Saint-Georges, en face de l'église actuelle. Le curé Primeau, alors en charge de la paroisse, a bien résumé la conclusion de cette saga: «La chapelle a été construite en 1823 mais les travaux suspendus pendant six ans, ne l’ont fait finir qu’en 1831» (première illustration, qui est un dessin car les photos n’existaient pas à cette époque). La 2e église fut érigée en 1861-62 (photo 2) et la dernière en 1900-01 (photo 3). Le nom officiel de Saint-Georges fut attribué à la paroisse en 1835 lors de son érection canonique par les autorités religieuses et reconnu légalement par les autorités civiles le 11 décembre 1856. 

Photos du fonds Claude Loubier. Texte et recherches de Pierre Morin.


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