David Roy avait obtenu en 1881 le droit exclusif de construire un pont à péage vis-à-vis de l'Église; ce privilège lui fut accordé pour 30 ans. M. Roy demeurait tout juste à la sortie est de son pont, dans la résidence qui est aujourd'hui occupée par le notaire Benoit Maheux. Il collectait les droits de passage dans une annexe adjacente à sa maison, les usagers devant passer dans sa cour pour accéder au pont. Il en coûtait 0,01$ pour les piétons et 0.03$ pour les voitures.
Mais 9 ans plus tard, ce péage commence à indisposer les gens et on parle d'ériger un nouveau pont de fer, ce que conteste vivement David Roy dont le contrat d'exclusivité se termine en 1911. Six procès en 5 ans à ce sujet s'ensuivront, et M. Roy franchit toutes les étapes et se rend même jusqu'en Cour Suprême du Canada à Ottawa, où il a gain de cause! Bien à contrecoeur, on a dû attendre jusqu'en 1911 avant de commencer l'érection du nouveau pont de fer. Sur la 1re photo, on voit en arrière-plan l'ancien pont de bois appartenant à David Roy, et le nouveau pont de fer en construction, à l'hiver 1911-12. On avait commencé par ériger à l'été 1911 les deux culées et le pilier central sur lesquels serait appuyé le pont. Puis on a construit d'abord la travée du côté Est, tel que le démontre la photo.
Ce pont coûta 35,000$ et ne put être ouvert avant l'extinction des droits de M. Roy. La côte d'accès au pont dans l'ouest, si longue et abrupte avec le pont de bois, a été réduite des ¾ avec le nouveau pont, qui arrive en face à l'Hôtel Maguire (Édifice Gagné) dans l'est. Les photos 2 et 3, prises à chaque extrémité du pont, nous montrent les ouvriers et des curieux devant leur pont en voie de parachèvement au printemps 1912. Apparemment, ceux qui sont juchés sur les poutrelles supérieures seraient les hommes de l'entrepreneur Fortunat Veilleux qui avait obtenu le contrat de peinture. Grimper ainsi sans protection serait aujourd'hui interdit par les normes de sécurité gouvernementales.
Ce pont ne dura que 17 ans car il avait l'inconvénient d'être trop étroit, rendant les croisements difficiles. Pire: il n'y avait pas de trottoir, ce qui pouvait être dangereux car les piétons devaient circuler sur les mêmes voies que les véhicules. On possède peu de photos où l'on voit un piéton sur ce pont sans trottoir, voici celle d'une dame, en 1927 (photo 4). Il fut donc remplacé dès 1929 par un autre pont de fer plus fort et plus large et qui, surtout, incluait un trottoir de chaque côté. La 5e photo nous offre une vue spectaculaire de ce magnifique pont (de 1912) vers 1915. Remarquez l'écriteau à l'entrée, interdisant de trotter. Il est probable que plusieurs attelages de chevaux trottant tous en même temps auraient entrainé d'importantes vibrations. Sa bénédiction officielle a lieu en même temps que celle du monument équestre de St-Georges, dans la journée du dimanche 15 juin 1913 devant une foule immense sur la place de l'Église. Superbe souvenir.
Photo 1,2, 3 et 5 du fonds Claude Loubier. Photo 4 du fonds Jean-Frédéric Chrétien. Texte et recherches de Pierre Morin.
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