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Avec le vieillissement de la population itinérante, les refuges doivent s'adapter

durée 17h00
6 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

VANCOUVER — De plus en plus de personnes âgées se tournent vers les groupes communautaires et les refuges pour obtenir de l'aide dans les grandes villes, constatent les intervenants.

Cela entraîne un changement dans la façon de travailler de ces derniers et dans le type de soins qu'ils prodiguent. Ils doivent souvent jongler avec des besoins médicaux complexes et des considérations de base, comme s'assurer que les personnes âgées ont les lits les plus proches de toilettes accessibles et que des prises de courant sont disponibles pour recharger les scooters de mobilité pendant la nuit.

Nick Wells, porte-parole de l'Union Gospel Mission, de Vancouver, a déclaré que plus de 1000 personnes dorment dans le refuge chaque année et que le nombre de personnes âgées a grimpé en flèche pendant la pandémie de COVID-19 et continue de croître.

«Le nombre de personnes âgées de 61 à 65 ans continue de croître d'environ 2 % chaque année, a-t-il détaillé. Si l'on considère la situation des 55 ans et plus, pendant la COVID, ils représentaient environ un quart de la population de nos refuges, et maintenant, nous en sommes à un tiers.»

M. Wells a indiqué que les équipes qui travaillent en Colombie-Britannique ont entendu parler de personnes âgées qui, à la retraite, n'avaient pas assez d'argent pour payer leur logement et les autres frais de la vie. Certaines ont été expulsées lors de la rénovation de leur logement locatif à long terme.

«Il y a eu quelques cas, et ils sont vraiment tragiques, où une personne âgée a été hospitalisée pour un problème de santé et y a séjourné longtemps, puis, à son retour, elle a découvert qu'elle avait été expulsée parce qu'elle n'avait pas payé son loyer, a raconté le porte-parole. Elles se retrouvent donc sans logement et se retrouvent ici.»

En plus d'aider les clients à remplir leurs demandes de pension ou de la Sécurité de la vieillesse en ligne, le personnel doit parfois les aider pour des problèmes médicaux, comme la maladie d'Alzheimer et la démence.

Des besoins particuliers

The Mustard Seed gère une douzaine de refuges d'urgence ouverts 24 heures sur 24 en Alberta, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique, pour un total de 747 lits.

Les chiffres fournis par l'organisme montrent qu'au refuge pour femmes de Calgary, le pourcentage de clientes âgées de 51 ans et plus est passé de 25,4 % en 2024 à 28,4 % cette année.

Le refuge de Red Deer a vu la proportion de clients âgés de 55 ans et plus passer de 12 % en 2023 à 29 % en 2024.

Samantha Lowe, directrice principale des opérations de refuge chez Mustard Seed, a déclaré que l'expérience de l'itinérance chronique peut faire vieillir une personne différemment de celle des personnes bénéficiant d'un logement sûr, ce qui signifie que la définition de ce qui est considéré comme une «personne âgée» peut différer de la définition conventionnelle de 65 ans.

«Une personne qui a connu, par exemple, l'itinérance chronique ou épisodique et qui a vieilli au sein de cette population aura besoin de ces soutiens plus tôt», a-t-elle noté. «L'âge physiologique d'une personne ayant vécu tant d'expériences dans sa vie peut être comparable à celui d'une personne de 75 ans en termes de comorbidités et de tout ce qui se passe, que ce soit au niveau des poumons, du cœur, de la situation sociale ou de la santé mentale.»

Mme Lowe a indiqué que le personnel voit de plus en plus de personnes âgées avoir des difficultés à gérer leurs médicaments pour des maladies, telles que le diabète, les problèmes respiratoires et le cancer, sans compter le coût du logement.

«Il faut choisir entre cela et le logement. Nous recevons donc des personnes qui arrivent avec des maladies chroniques, et le personnel doit donc mieux les connaître», a-t-elle expliqué.

Elle a ajouté que des personnes hébergées dans des refuges d'urgence attendent une place dans des logements avec services de soutien et des logements dédiés aux personnes âgées. Les refuges accueillent également des personnes en fin de vie.

«Nous avons des personnes qui ont annoncé qu'elles étaient en train de mourir d'un cancer, dont le pronostic est encore long, mais qui hésitent beaucoup à être hospitalisées. Nous travaillons donc avec elles pour voir si nous pouvons les inscrire en soins palliatifs», a-t-elle aussi confié. «Nous collaborons avec eux pour voir si nous pouvons prévenir cette crise aiguë qui les amène à l'hôpital s'ils hésitent à y aller (…) mais c'est très difficile.»

À Toronto, l'Armée du Salut gère le refuge pour personnes âgées d'Islington, un refuge de 83 lits ouvert 24 heures sur 24 pour les hommes et les femmes sans abri de 55 ans et plus.

Le porte-parole Glenn van Gulik a déclaré que l'établissement est au maximum de ses capacités et que, bien que l'organisme ne tienne pas de liste d'attente, les lits se remplissent rapidement lorsqu'ils se libèrent.

«Plus de 8000 personnes sont actuellement sans abri à Toronto, et nous savons qu'environ 20 % des personnes qui ont répondu (…) ont plus de 55 ans», a-t-il dévoilé. «Ce nombre est en hausse.»

Le refuge d'Islington propose des suites de trois chambres, avec salle de bain commune, et un personnel connaissant bien les besoins particuliers des personnes âgées itinérantes.

Cela pourrait se traduire par une aide alimentaire, la mise en relation avec des propriétaires pour aider à trouver des logements pour les personnes à revenu fixe, ou encore des soins dentaires pour les personnes âgées, a détaillé M. Van Gulik.

D'après Nick Wells, des mesures ont été prises dans la bonne direction, comme l'ouverture de davantage de logements pour personnes âgées, en Colombie-Britannique.

Il a ajouté qu'il est nécessaire d'engager une vaste discussion entre les gouvernements et les fournisseurs de soins de santé et de services sur le type de soutien dont les personnes âgées sans-abri ont besoin, notamment en augmentant les options de logement et en garantissant les loyers.

Ashley Joannou, La Presse Canadienne

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