BIXI a établi des records pendant la grève des transports en commun à Montréal

MONTRÉAL — La principale entreprise de location de vélos de Montréal annonce que ses utilisateurs ont battu des records lors de la grève des transports en commun, parcourant l'équivalent de plus de 50 fois le tour de la Terre.

BIXI Montréal, qui loue des vélos pour de courts trajets, indique que ses utilisateurs ont effectué plus de 80 000 déplacements par jour pendant sept des neuf jours de grève, dont plus de 98 500 le 11 juin. Chacun de ces sept jours a dépassé le record de 79 868 déplacements, établi en 2024.

Pierre-Luc Marier, porte-parole de l'organisme à but non lucratif, souligne que les vélos de l'entreprise effectuaient environ 10 000 déplacements par heure aux heures de pointe durant les jours les plus achalandés.

«Il y avait trois locations par seconde sur l'ensemble du réseau, donc c'était très, très populaire, avec une fréquence élevée», a-t-il déclaré lors d'une entrevue téléphonique mercredi.

Au total, près de 700 000 déplacements ont été effectués pendant la grève des 2400 employés d'entretien de la Société de transport de Montréal (STM), couvrant environ 2 200 000 kilomètres, «ce qui représente 54 fois le tour de la Terre», illustre M. Marier.

Le conflit de travail a réduit le service d’autobus et de métro entre le 9 et le 17 juin, à l’exception d’un service complet durant le week-end du Grand Prix du Canada de Formule 1.

Le service a été particulièrement limité pendant les trois premiers jours, lorsque les autobus et les métros ne circulaient pas en dehors des heures de pointe du matin et de l'après-midi et en toute fin de soirée.

M. Marier a indiqué que l'entreprise avait augmenté ses effectifs et la capacité des stations d'accueil afin de garantir aux usagers un approvisionnement régulier de vélos. Parmi ces employés figuraient des «valets» qui facilitaient le processus de retour en acceptant les vélos lorsque les stations étaient pleines.

Les stations des quartiers résidentiels ont tendance à se vider rapidement le matin, les travailleurs se dirigeant vers le centre-ville, où les stations se remplissent. Cette tendance s'inverse plus tard dans la journée.

M. Marier a affirmé que l'entreprise avait déployé tous ses camions sur la route et en avait même loué des supplémentaires afin de répartir les vélos et d'assurer un approvisionnement uniforme.

Il a précisé que l'entreprise utilise l'apprentissage automatique, une forme d'intelligence artificielle, pour prédire la demande à chaque station.

L’essayer, c’est l’adopter?

Il est optimiste quant au fait que bon nombre des personnes ayant essayé le service pour la première fois pendant la grève adopteront le vélo – et BIXI – à long terme.

L'entreprise a sondé les nouveaux utilisateurs et a constaté que 86 % de ceux qui ont essayé le service pour la première fois avaient l'intention de l'utiliser à nouveau.

«C'est très encourageant pour la mobilité active en général, non seulement pour BIXI, mais aussi pour le vélo», a-t-il déclaré.

Au-delà de BIXI, des compteurs automatiques de vélos installés dans toute la ville ont également enregistré un nombre sans précédent de vélos pendant la grève, selon Eco-Compteur, qui exploite une cinquantaine d'appareils.

David Beitel, responsable des services de données d’Eco-Compteur, a rapporté que les deux compteurs les plus fréquentés du réseau cyclable express de la ville ont tous deux enregistré leurs totaux hebdomadaires les plus élevés dans la semaine commençant le 9 juin. Ils ont tous deux enregistré plus de 14 000 trajets le 11 juin, soit une augmentation de 36 % par rapport au précédent record.

«En général, lorsqu'un record est battu, il l'est d'un cheveu, d'un pourcentage ou deux. Ici, nous avons constaté une augmentation de plus d'un tiers du volume à ces endroits précis, et ces augmentations ont été constatées dans toute la ville», a déclaré M. Beitel lors d'un entretien téléphonique.

Il a indiqué que le compteur d'une piste cyclable à l'angle des rues Rachel et Saint-Denis a enregistré près de 1800 vélos en une heure, ce qui, selon lui, se rapproche de la capacité maximale de cette piste.

Selon M. Beitel, la grève a démontré la nécessité de se doter d'infrastructures cyclables de haute qualité, soulignant que les pistes cyclables peuvent absorber une augmentation du nombre d'usagers plus facilement que le réseau routier.

Il a indiqué qu'une grève des transports en commun parisiens en 2019 a entraîné une augmentation permanente de la pratique du vélo dans la ville et que la grève de la STM pourrait avoir le même effet à Montréal.

De son côté, Taxelco, qui regroupe les marques de taxis Téo, Diamond et Hochelaga, a signalé une augmentation de 20 % des déplacements au cours des trois premiers jours de grève, soit lorsque le service était le plus limité.

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne