Cancer du sein: le risque de rechute est faible, dit une étude


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Les femmes qui ont reçu un diagnostic de cancer du sein présentent un risque à peine plus élevé que celui des femmes en général de recevoir éventuellement un nouveau diagnostic de cancer, démontre une nouvelle étude.
L'ampleur de ce risque, précisent les chercheurs britanniques, sera influencée par des facteurs comme le type de cancer, le type de traitement reçu et l'âge de la femme, mais, ultimement, il ne sera supérieur que d'environ 2 % ou 3 % au risque de la population générale.
«Chaque fois qu'une femme a un cancer du sein, malgré les progrès des traitements, elle anticipe une rechute ou un deuxième cancer, a rappelé le docteur Jamil Asselah, qui est oncologue médical au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et chercheur au sein du Programme de recherche sur le cancer à l’Institut de recherche du CUSM.
«Avec cette étude, on remarque finalement que le risque d'avoir un cancer (dans l'autre sein) ou un autre type de cancer est assez faible et quasiment similaire à la population générale, ou un tout petit peu supérieur. Ce sont vraiment de très bonnes nouvelles.»
Les auteurs de l'étude ont analysé des données provenant de quelque 476 000 femmes qui avaient reçu un diagnostic de cancer du sein en Angleterre entre 1993 et 2016. Toutes ces femmes, qui étaient âgées de 20 à 75 ans, avaient subi l'ablation chirurgicale d'une tumeur.
Environ 65 000 d'entre elles ont présenté un nouveau cancer au cours des vingt années suivantes.
Les chiffres sont quand même rassurants: 14 % d'entre elles ont développé un cancer ailleurs dans leur corps (principalement dans l'utérus, les poumons ou les intestins), soit 2 % de plus que ce qui est attendu dans la population générale; et 6 % ont présenté un cancer dans l'autre sein, soit 3 % de plus que ce qui est attendu dans la population générale.
Le risque d'un cancer ailleurs dans le corps était comparable chez les femmes de tout âge, mais les femmes plus jeunes présentaient un risque un peu plus élevé de cancer dans l'autre sein.
Pour les patientes à qui on a diagnostiqué un cancer du sein précoce, écrivent les auteurs de l'étude, «les risques à long terme de développer un deuxième cancer dépendent principalement de l'âge au moment du diagnostic du cancer du sein».
«Le risque supplémentaire de développer un cancer autre que le cancer du sein, par rapport à celui observé dans la population générale, est faible comparé au risque de mortalité lié au cancer du sein pour la plupart des femmes», précisent-ils.
Environ 7 % des cancers supplémentaires pouvaient être attribués au traitement, ont calculé les auteurs: la chimiothérapie était associée à un risque plus important de leucémie et de cancer des ovaires; la radiothérapie à un risque plus élevé de cancer du poumon ou dans l'autre sein; et l'hormonothérapie à un risque accru de cancer de l'utérus, mais réduit de cancer dans l'autre sein.
Les chercheurs britanniques notent toutefois que «les données issues des essais cliniques montrent que (les avantages des traitements) l'emportent (...) dans presque toutes les circonstances».
Les risques de ces traitements, a renchéri le docteur Asselah, «sont très faibles par rapport aux bénéfices».
«Le bénéfice des traitements est tellement important que ces risques-là, oui c'est clair, il faut en parler, mais ils sont quand même minimes, a-t-il dit. Et ça, c'est intéressant aussi pour (les médecins), pour l'adhésion au traitement, parce qu'il y a beaucoup (de femmes) qui vont lire toutes sortes d'informations sur le net, et puis qui refusent leur traitement alors que ce sont des préoccupations certes importantes, mais le bénéfice des traitements est bien plus supérieur.»
Avec ces données, a applaudi le docteur Asselah, «une femme qui a un cancer et qui reçoit ces traitements peut planifier son avenir comme tout le monde, et ça, c'est très rassurant».
La crainte d'un nouveau cancer ou d'une rechute est «omniprésente» chez les patientes, a-t-il ajouté. Les femmes tiennent à être suivies de manière très régulière, et même celles qui sont convoquées à des rencontres de suivi plus espacées vivent avec une certaine crainte «et anticipent une rechute», a indiqué le docteur Asselah.
«Mais avec une belle étude publiée dans un bon journal (médical), on leur montre que, finalement, elles peuvent vivre leur vie comme elles l'entendent et venir à leur rendez-vous sans trop de préoccupations, et ça, c'est une très bonne nouvelle», a-t-il dit.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le réputé journal médical The BMJ.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne