Concordia célèbre une année de financement «historique» avec 365 millions $


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Le recteur de l'Université Concordia, située dans le centre-ville de Montréal, affirme que le succès de la campagne de financement la plus ambitieuse jamais menée par l'établissement est une déclaration de foi encourageante, qui survient dans un contexte difficile pour les universités québécoises et canadiennes.
L'université affirme que sa campagne «Campagne pour Concordia: place à la nouvelle génération» a permis de recueillir plus de 365 millions $, dépassant ainsi son objectif de 350 millions $ et l'objectif initial de 250 millions $ fixé en 2017.
La campagne, qui coïncide avec le 50e anniversaire de l'établissement, a permis de recueillir des fonds auprès de dizaines de milliers de donateurs, a précisé le recteur, Graham Carr, lors d'un entretien téléphonique.
«Je pense que c'est aussi une déclaration de confiance quant au rôle que jouent généralement les universités dans la société, a-t-il ajouté. Les gens ont de nombreux domaines dans lesquels orienter leurs financements philanthropiques, et leur volonté d'investir dans l'enseignement supérieur — particulièrement en ce moment — et de soutenir l'ambition de Concordia pour l'avenir est également très encourageante.»
Cette nouvelle survient alors que l'université est confrontée à une crise financière sans précédent et à des politiques gouvernementales qui, selon M. Carr, visent à l'affaiblir.
Si le succès de la campagne est encourageant, M. Carr a clairement indiqué que les fonds collectés serviront à financer des bourses et d'autres programmes, et non les frais de fonctionnement de l'université.
«Cela nous permet d'apporter un soutien aux étudiants, de soutenir des recherches et des initiatives intéressantes que nous ne pourrions pas financer autrement, a-t-il détaillé. Mais ce n'est pas de l'argent que nous pouvons utiliser pour le fonctionnement quotidien de l'université.»
Selon une mise à jour budgétaire de juin, les revenus globaux devraient diminuer d'une année sur l'autre pour la première fois de l'histoire. L'université est en déficit «essentiellement depuis la COVID», a expliqué M. Carr, et suit un plan de relance pour retrouver une assise financière.
Le recteur a imputé la situation en partie à la baisse des inscriptions d'étudiants internationaux, causée par des politiques d'immigration restrictives et par les répercussions de la décision de la province d'augmenter les frais de scolarité pour les étudiants hors province.
En 2024, l'université a signalé une baisse de près de 30 % des inscriptions d'étudiants hors province, après la décision de Québec d'augmenter les frais de scolarité de plus de 30 % pour ces étudiants afin de protéger la langue française.
En avril, un juge de la Cour supérieure du Québec a statué que la hausse était déraisonnable et «non justifiée par des données existantes et convaincantes». La décision donnait au gouvernement neuf mois pour élaborer un nouveau plan.
Graham Carr a déclaré que la décision était bienvenue, mais que le mal était fait, même si l'université avait réussi à recueillir suffisamment de fonds pour compenser la hausse pour les étudiants concernés. Il a ajouté que le nombre d'étudiants hors province avait augmenté cette année, mais qu'il n'était «en aucune façon» revenu à son niveau antérieur.
L'intérêt des étudiants internationaux a également chuté, a-t-il noté, en raison des politiques limitant les visas étudiants et d'une bureaucratie «dysfonctionnelle» qui entraîne de longs délais de traitement à chaque étape.
L'université n'avait d'autre choix que de poursuivre ses mesures de réduction des coûts, a poursuivi le recteur, notamment en suspendant les embauches, en réduisant l'offre de cours et en augmentant la taille des classes.
Il a toutefois ajouté que l'établissement continuerait de souligner ses contributions positives à la société québécoise, notamment dans l'enseignement du français.
M. Carr espère que la récente nomination de Martine Biron au poste de ministre provinciale de l'Enseignement supérieur offrira un «nouveau départ».
Morgan Lowrie, La Presse Canadienne