Danielle Smith réaffirme l'objectif d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050

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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Lors d'une réunion en commission parlementaire, la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a réitéré jeudi l'engagement de sa province à devenir une économie carboneutre d'ici 2050.
Les députés étudient le plan de réduction des émissions du Canada pour la fin de la décennie.
Sa comparution virtuelle a été ponctuée d'échanges houleux. Le député bloquiste Patrick Bonin lui a demandé à plusieurs reprises si elle croyait aux changements climatiques. Elle a laissé entendre qu'en tant que Québécois, il ne pouvait pas saisir l'importance de l'une des plus grandes industries du Canada.
M. Bonin a demandé à plusieurs reprises à la première ministre si elle était en mesure d'affirmer l'existence du réchauffement climatique et que c'est l'activité humaine qui en était la principale cause.
Mme Smith a d'abord esquivé les questions, en parlant des pratiques de gestion forestière, puis en abordant le plan de réduction des émissions de l'Alberta pour 2050. Elle et M. Bonin ont parlé l'un par-dessus l'autre alors qu'elle répétait ses arguments, et il a constamment insisté sur le fait qu'elle ne répondait pas à sa question.
L'échange est devenu si houleux que le président libéral de la commission parlementaire, Angelo Iacono, a été contraint d'intervenir pour ramener la situation sous contrôle.
M. Bonin a finalement obtenu une réponse lorsqu'il a demandé à Mme Smith de dire si «oui» ou «non» elle pensait que le climat se réchauffait.
«Oui», a-t-elle répondu.
La première ministre Smith a ensuite affirmé qu'elle reconnaissait que l'activité humaine contribuait au changement climatique, mais qu'elle ne considérait pas qu'il s'agit du principal facteur.
«Je ne connais pas la réponse. Je ne suis pas scientifique. Mais nous savons que nous devons atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et nous avons un plan pour y parvenir», a-t-elle argué.
Lorsque le député bloquiste lui a demandé si elle connaissait l'impact qu'aurait le projet de doubler la production pétrolière de sur son objectif de zéro émission nette d'ici 2050, Mme Smith a remis en question les connaissances de M. Bonin sur le secteur.
«Eh bien, je comprends qu'au Québec, vous ne comprenez pas l'industrie pétrolière. Vous ne comprenez donc pas qu'il y a 6000 produits qui proviennent d'un baril de pétrole», a déclaré Mme Smith, citant l'asphalte et la fibre de carbone comme exemples, avant que M. Bonin ne la coupe à nouveau.
Objectifs de carboneutralité
Le Canada s'est engagé à réduire ses émissions de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2030, bien que de récents signaux en provenance d'Ottawa indiquent que le gouvernement se concentre davantage sur l'objectif à long terme de zéro émission nette, d'ici 25 ans.
La carboneutralité désigne une situation où les émissions de gaz à effet de serre encore produites sont captées par la technologie ou des moyens naturels, au lieu de s'accumuler dans l'atmosphère où elles contribuent au réchauffement climatique.
Dans un discours prononcé mercredi soir, le premier ministre Mark Carney a déclaré que le Canada annoncerait sa nouvelle stratégie de compétitivité climatique lorsque son gouvernement déposera son premier budget le 4 novembre.
Cette stratégie devrait marquer un changement radical dans les politiques climatiques du Canada, et M. Carney a affirmé privilégier les résultats aux objectifs d'émissions, en mettant l'accent sur l'économie.
Smith demande moins de réglementation
Mme Smith a averti, lors de l'audience du comité de jeudi, que le Canada voit des investissements dans le secteur de l'énergie quitter le pays pour les États-Unis en raison de contraintes réglementaires.
Elle a cité le plafond d'émissions proposé par le gouvernement libéral, l'interdiction des grands pétroliers au large de la Colombie-Britannique et la réglementation sur l'électricité propre — autant de politiques que le secteur pétrolier et gazier, les conservateurs fédéraux et Mme Smith ont demandé à Ottawa d'abroger.
«Au cours des 120 derniers jours, les entreprises canadiennes ont annoncé plus de 20 milliards $ d'investissements en capital aux États-Unis», a indiqué Mme Smith dans son discours d'ouverture.
Le gouvernement Carney a tenté de répondre à certaines préoccupations réglementaires au sujet de la Loi visant à bâtir le Canada, entrée en vigueur en juin. Cette loi permet au gouvernement fédéral, par l'intermédiaire du nouveau Bureau des projets désignés, d'identifier les projets qu'il juge être d'«intérêt national» afin d'accélérer les processus d'approbation, ce qui pourrait inclure des exemptions à certaines lois environnementales.
Le gouvernement dispose de lignes directrices pour déterminer les projets admissibles, mais il a refusé de préciser ce qu'il entend par «intérêt national».
Bien que les députés conservateurs aient voté en faveur du projet de loi, ils estiment qu'Ottawa devrait simplement supprimer la réglementation qui ralentit les projets.
«Il s'agit d'une solution provisoire. Au lieu de régler tous ces problèmes fondamentaux (...), ils ont recours à cette solution provisoire», a affirmé Shannon Stubbs, députée de l'Alberta, à la Presse Canadienne plus tôt cette semaine.
«Cela n'offre donc aucune garantie permanente quant à la confiance des investisseurs et des promoteurs qui souhaitent réaliser de grands projets.»
Nick Murray, La Presse Canadienne