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Des documents révèlent des nouvelles preuves concernant des enfants disparus en N.-É.

durée 21h35
17 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

6 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

HALIFAX — La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a accepté de divulguer de nouveaux renseignements dans l'affaire des deux enfants disparus dans une région rurale de la Nouvelle-Écosse. Selon des témoignages dévoilés, certaines personnes ont raconté avoir entendu un véhicule circuler à proximité du domicile des enfants, quelques heures avant que leur disparition.

Malehya Brooks-Murray a signalé la disparition de ses enfants, Lilly, six ans, et Jack Sullivan, quatre ans, le 2 mai à 10 h. Ils vivaient tous deux à Lansdowne Station, en Nouvelle-Écosse, une communauté rurale du Nord-est de la province. Mme Brooks-Murray a déclaré à la police qu'elle croyait que les deux enfants s'étaient éloignés de leur domicile.

La GRC a accepté de divulguer ces nouvelles informations à La Presse Canadienne et à d'autres médias avant une audience prévue au tribunal afin de déterminer si elles pouvaient être rendues publiques.

Ces informations figurent dans des documents déposés par la GRC au tribunal plus tôt cette année afin d'obtenir des mandats de perquisition pour des relevés téléphoniques, des relevés bancaires et des vidéos liés à l'affaire. Chaque document contient des déclarations non prouvées de la police.

Les documents indiquent que la dernière fois que les enfants ont été vus à l'extérieur de leur domicile, c'était le 1er mai, lorsqu'ils ont été filmés par une caméra de surveillance dans un magasin Dollarama en compagnie de leur mère, Mme Brooks-Murray, et de leur beau-père, Daniel Martell.

En août, la police avait publié des versions expurgées des documents, qui comprenaient d'autres révélations de l'enquête, notamment une chronologie des événements survenus après la disparition des enfants et des détails sur les premiers jours de l'enquête policière. Vendredi, La Presse Canadienne a obtenu de nouvelles copies des documents, moins expurgées.

Parmi les informations récemment publiées figurent des résumés de conversations entre la police et deux résidents du quartier qui affirment avoir entendu un véhicule peu avant la disparition des enfants.

Les documents indiquent que l'un de ces résidents, Brad Wong, a déclaré à la police le 9 mai avoir entendu, au petit matin le 2 mai, un véhicule bruyant aller et venir de la maison familiale sur Gairloch Road.

M. Wong a raconté à la police que sa maison était située en hauteur par rapport à celle de M. Martell et qu'il pouvait également voir les phares des véhicules au-dessus de la cime des arbres cette nuit-là, selon les documents de police.

M. Wong a également déclaré que le véhicule avait quitté leur domicile trois ou quatre fois après minuit et jusqu'au petit matin, selon les documents.

Ceux-ci indiquent que M. Wong a expliqué à la police qu'il était assez près du véhicule pour l'avoir entendu s'arrêter et revenir.

Environ une semaine après avoir parlé à M. Wong, la police affirme avoir parlé à Justin Smith, un autre habitant du quartier. M. Smith leur a expliqué le 17 mai avoir parlé à M. Wong au sujet du véhicule et l'avoir également entendu aux premières heures du matin du 2 mai.

La police indique que M. Smith leur a dit que le véhicule se trouvait sur la route 289 et avait fait demi-tour près de la voie ferrée, près du secteur de Gairloch Road et de Lansdowne Station Road.

D'après les documents, ce témoin a déclaré avoir parlé plus tard à M. Wong, qui lui a affirmé que le véhicule entendu tôt ce matin-là appartenait au beau-père des enfants. M. Smith a indiqué que M. Wong lui avait dit avoir entendu le véhicule bruyant aller et venir cinq ou six fois cette nuit-là.

Les documents n'indiquent pas si d'autres personnes ont raconté avoir entendu le véhicule. Lors d'une entrevue vendredi, M. Martell a démenti les allégations selon lesquelles il faisait des allers-retours tard le soir, les qualifiant de «complètement absurdes».

«Mon véhicule n'a pas bougé de la cour cette nuit-là. Et il n'en a pas bougé le lendemain», a-t-il expliqué à La Presse Canadienne par téléphone.

Il a ajouté qu'à ce moment-là, le véhicule utilisé par la famille appartenait à Mme Murray-Brooks et qu'il n'était «pas un véhicule bruyant, loin de là».

M. Martell a souligné qu'il était clair que la GRC travaillait d'arrache-pied sur cette affaire et qu'il continuait d'espérer que les enfants seraient retrouvés.

«Je prie pour la meilleure résolution possible, c'est-à-dire que Jack et Lilly soient retrouvés sains et saufs et qu'ils puissent profiter du reste de leur vie», a-t-il déclaré.

La GRC a indiqué dans les documents qu'elle avait effectué au moins une demi-douzaine de polygraphes au cours de son enquête; les deux premiers ont eu lieu le 12 mai auprès des parents des enfants au détachement de Bible Hill, en Nouvelle-Écosse.

Le polygraphe de M. Martell «indiquait qu'il disait la vérité», tout comme celui de la mère des enfants, a indiqué la GRC.

Un commentaire d'un enquêteur anonyme, inclus à la fin d'une section d'un document sur les résultats de ces deux polygraphes, indique que «à ce stade de l'enquête, la disparition de Jack et Lilly n'est pas considérée comme étant de nature criminelle.»

«Je n'ai aucun motif raisonnable de croire qu'une infraction criminelle a été commise. Puisque Jack et Lilly sont toujours portés disparus, des examens polygraphiques ont été effectués dans le but d'écarter cette possibilité.»

Une vidéo qui pourrait aider à localiser les enfants

Une déclaration sous serment, signée par la caporale Charlene Jordan Curl, du Groupe des crimes majeurs du nord-est de la Nouvelle-Écosse de la GRC, indique que Mme Brooks-Murray a fourni à la police un enregistrement vidéo sur une clé USB SanDisk Cruzer Glide d'une conversation téléphonique entre sa grand-mère Patti Pearson et un parent de cette dernière, Darin Geddes.

Selon le document, M. Geddes prétendait connaître des informations sur la disparition de Lilly et Jack et avait suggéré, sur les réseaux sociaux, que Mme Brooks-Murray pourrait être impliqué dans leur disparition. Il est toutefois précisé que «c'est sa théorie».

Le document indique que M. Geddes a également suggéré qu'il pourrait connaître l'emplacement des enfants, bien que la police l'ait interrogé et ait déclaré qu'il «n'a pas fourni de contexte justifiant cette théorie».

La police a affirmé avoir sollicité une ordonnance d'accès aux archives pour visionner l'enregistrement vidéo.

«On ignore si Darin Geddes savait qu'il était filmé», a expliqué Jordan Curl dans le document. «Je pense que les informations fournies par l'enregistrement pourraient aider à localiser les enfants en identifiant de nouvelles pistes d'enquête pour la police.»

La clé USB a été remise à la police du détachement de la GRC de Bible Hill, en Nouvelle-Écosse, le 26 juin. La police affirme que la vidéo d'une conversation téléphonique a été filmée le soir du 21 juin.

La police affirme que l'enregistrement vidéo montre Mme Pearson tenant son téléphone fixe sur haut-parleur afin que sa conversation avec M. Geddes soit entendue, bien que la police ne discute pas spécifiquement des détails de la conversation.

La GRC indique également avoir déjà rencontré M. Geddes le 30 mai, lorsqu'il leur a dit vouloir fournir des informations sur la disparition des enfants. Cependant, il est devenu «conflictuel et évasif» lorsqu'on lui a posé des questions, et il a demandé à la police de lui fournir des informations sur l'enquête.

«Il s'est énervé lorsqu'on n'a pas répondu à ses questions», a rapporté la police.

Par ailleurs, la police indique qu'une entrevue a été publiée sur une chaîne YouTube liée à la disparition des enfants, intitulée «C'est une honte criminelle». L'entrevue est avec une personne identifiée comme Derwood O'Grady, que la police croit être un «pseudonyme d'un homme que l'on croit être le cousin de la grand-mère de Malehya et qui pourrait être Geddes». Lors de l'entrevue, la personne identifiée comme M. O'Grady a clairement indiqué que ses propos «pouvaient être erronés, voire spéculatifs».

La police affirme que Mme Brooks-Murray leur a par la suite confié que M. Geddes utilisait le nom Derwood O'Grady sur les réseaux sociaux.

Les documents révèlent également que Mme Brooks-Murray a raconté à la police avoir utilisé une application de messagerie pour téléphone intelligent appelée TextPlus pour appeler «sa mère et sa grand-mère après la disparition de Lilly et Jack, et qu'elle l'utilisait pour passer des appels via un service Internet sans fil. La police affirme que Mme Brooks-Murray leur a confié avoir supprimé le logiciel par la suite, n'en ayant plus besoin.

La police affirme avoir demandé les dossiers de Mme Brooks-Murray à TextPlus, plus précisément ceux de la période du 1er au 2 mai. Les documents révèlent qu'ils ont reçu des résultats de cette demande, mais que d'autres détails ont été censurés.

Mme Brooks-Murray, jointe par téléphone par La Presse Canadienne vendredi, a refusé de commenter.

Un porte-parole de la GRC de la Nouvelle-Écosse a affirmé que la police avait initialement cherché à sceller l'intégralité de ces dénonciations, ce qui est une pratique courante dans les enquêtes sensibles où la divulgation d'informations pourrait compromettre l'intégrité — ou l'intégrité future — de l'enquête.

Des parties de ces caviardages ont été supprimées après des contestations judiciaires intentées par les médias, a déclaré Allison Gerrard dans un courriel vendredi.

«Les caviardages restants reflètent les préoccupations persistantes liées à la protection de la vie privée et à la protection continue du processus d'enquête.»

— Avec des informations de Keith Doucette à Halifax.

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne

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