Des humanitaires canadiens en route pour Gaza demandent l'aide d'Ottawa


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Des humanitaires canadiens en route vers Gaza demandent qu’Ottawa exhorte Israël à autoriser le passage des bateaux qui contiennent notamment des fournitures médicales aux victimes de la famine et de la guerre.
Mardi, un bateau nommé «Conscience» a quitté Porto di Otranto dans le sud de l’Italie en direction de la bande de Gaza.
«On est une centaine, essentiellement du personnel de la santé et des représentants de la presse» et «on apporte du matériel médical», a expliqué la Montréalaise Nimâ Machouf, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.
«Mais soyons réalistes, c’est une aide dérisoire par rapport aux besoins. C’est une aide symbolique. Ce qu’on tente de faire avec les flottilles, c’est de briser le siège illégal de Gaza», a ajouté l’épidémiologiste.
Le bateau «Conscience» fait partie d’une expédition appelée «Flottille de la liberté», qui comporte des dizaines d’embarcations transportant actuellement des centaines d’humanitaires vers les territoires palestiniens.
Cette initiative est portée par les collectifs Freedom Flotilla Coalition et Thousand Madleens to Gaza dont le but est, selon un communiqué commun, «d’ouvrir un corridor maritime pour mettre fin au besoin d’aide humanitaire, unir les citoyens du monde entier et exiger un passage sûr pour toutes les flottilles qui remettent en cause et affrontent les crimes de guerre d’Israël tandis que nos gouvernements laissent faire».
L’expédition est évidemment très dangereuse. L’Associated Press a notamment rapporté que des flottilles auraient été attaquées par des drones au sud de la Grèce, il y a quelques jours.
Certains navires ont été endommagés, mais aucun blessé n'a été signalé, selon l'agence de presse américaine.
«C’est sûr qu’on a peur», a confié Nimâ Machouf à La Presse Canadienne, parce qu’on «fait face à quelqu’un qui n’a honte de rien, qui est très imprévisible et qui est déterminé à ne pas laisser cette aide humanitaire passer».
Mais «on est déterminé», a ajouté celle qui enseigne à l’Université de Montréal, parce que «ça ne devrait pas être dangereux. Si quelqu’un amène de la nourriture à quelqu’un qui a faim, ça ne devrait pas être dangereux.»
Obliger Israël à laisser passer les bateaux
Les Canadiens «qui participent à cette expédition qui est en parfait accord avec le droit international» demandent la protection du Canada, a expliqué Nimâ Machouf.
«Nos gouvernements sont capables d'utiliser les moyens diplomatiques qu'ils ont à leur disposition pour obliger Israël à respecter les lois internationales, pour obliger Israël à laisser les bateaux d'aide humanitaire passer et aller à Gaza.»
Une catastrophe humanitaire
Amnesty International rapporte que l’offensive militaire lancée par Israël à la suite des attaques du 7 octobre 2023 a fait plus de 65 000 morts, dont plus de 18 000 enfants, et plus de 200 000 blessés.
Selon une récente publication de l’UNICEF, en moyenne 28 enfants sont tués chaque jour à Gaza, l’équivalent d’une classe entière.
Ces enfants, selon l’UNICEF, meurent de faim ou de malnutrition, meurent sous les bombardements ou alors ils meurent «faute d’aide humanitaire et de services essentiels».
L'ONU a déclaré en août dernier l'état de famine à Gaza.
«Il n’y a pas de matériel, pas de personnel, les hôpitaux sont détruits, les opérations se font sans anesthésie, il n’y a pas moyen de prévenir les infections et la malnutrition fait des ravages», a notamment énuméré Nimâ Machouf.
Museler la presse
Du personnel médical, mais aussi des journalistes font partie de la «Flottille de la liberté» afin de «donner à la presse internationale l’opportunité de faire des reportages directement depuis Gaza», peut-on lire dans un communiqué des deux collectifs qui organisent l’expédition.
Israël interdit l’entrée dans la bande de Gaza aux journalistes étrangers qui ne sont pas intégrés à l’armée israélienne, une pratique que le Comité pour la protection des journalistes, basé aux États-Unis, qualifie d’inédite à l’époque moderne.
L’organisation de défense de la presse affirme que le taux de mortalité dans ce conflit atteint des records et soutient qu’«Israël se livre à la tentative la plus meurtrière et la plus délibérée pour tuer et réduire au silence des journalistes» jamais documentée par l’organisation.
Lundi, Affaires mondiales Canada a exhorté de nouveau Israël à autoriser l’entrée des journalistes étrangers dans la bande de Gaza et à mieux protéger les journalistes palestiniens, qu’Israël a tués à un rythme record sur le territoire.
La Presse Canadienne a demandé, mercredi matin, à Affaires mondiales Canada si Ottawa allait appeler les autorités israéliennes à permettre aux humanitaires de la «Flottille de la liberté» de se rendre à Gaza.
«Nous avons bien reçu votre demande. Nous allons vous revenir à la fin de la semaine», a répondu, par courriel, une porte-parole du ministère dirigé par Anita Anand mardi après-midi.
Stéphane Blais, La Presse Canadienne