Des mères d'Halifax demandent le maintien d'une clinique d'alimentation infantile

HALIFAX — La ministre de la Santé de la Nouvelle-Écosse a indiqué avoir demandé des précisions concernant la décision de l'autorité sanitaire provinciale de fermer une clinique sans rendez-vous financée par l'État, offrant aux nouveaux parents du soutien à l'allaitement.

Plusieurs mères de la région d'Halifax se disent choquées et déçues d'apprendre la fermeture prévue de la clinique à la fin de 2025.

Mayela Lopez Rodrigues a expliqué qu'elle n'aurait pas pu allaiter son fils de trois mois sans les soins reçus d'une infirmière praticienne à la clinique d'Halifax.

«Il avait du mal à prendre du poids, et même si je savais que je produisais du lait, il y avait forcément un problème», a-t-elle dit lors d'une entrevue jeudi.

Mme Lopez Rodrigues affirme que, d'après son expérience, les professionnels de la santé primaire et de la santé publique ne possèdent pas les connaissances spécialisées nécessaires pour traiter certains problèmes d'alimentation infantile.

Elle et d'autres mères de la région d'Halifax insistent sur l'importance pour la province de maintenir cette clinique sans rendez-vous, qui permet aux personnes sans médecin de famille d'accéder à des soins de santé essentiels sans recommandation.

Mme Lopez Rodrigues a expliqué avoir consulté un médecin et d'autres professionnels de la santé au sujet des difficultés d'alimentation de son fils et de la possibilité qu'il souffre d'un frein de langue (un frein de langue trop court reliant la langue au plancher buccal, limitant ainsi ses mouvements).

«Ils m'ont tous dit que non, que ce n'était pas un problème», a-t-elle indiqué.

Elle a ensuite été orientée vers la consultation d'allaitement d'Halifax. L'infirmière praticienne a écouté ses inquiétudes et a pu diagnostiquer un frein de langue chez son fils, a-t-elle précisé. «Elle a également pu identifier d'autres facteurs pouvant affecter l'alimentation.»

«Sans cette clinique, je pense que beaucoup de mères auraient tout simplement arrêté d'allaiter», a ajouté Mme Lopez Rodrigues.

Elle et quatre autres mères de la région affirment que le personnel de la clinique leur a récemment annoncé sa fermeture prochaine.

La ministre de la Santé de la Nouvelle-Écosse, Michelle Thompson, a déclaré jeudi qu'elle venait d'apprendre la décision des autorités sanitaires et a demandé des précisions.

«Nous savons que les premières années sont cruciales pour les enfants, et je dois comprendre la décision avant de commenter», a expliqué Mme Thompson dans un communiqué.

Emilie Comeau, une mère d'Halifax, a affirmé que la clinique offre des soins «irremplaçables», étant donné que de nombreux médecins de famille ne possèdent pas de formation spécialisée en lactation.

Mme Comeau a adressé une lettre à Mme Thompson pour l'exhorter à maintenir la clinique ouverte, soulignant que la fermeture de ce service sans rendez-vous dans la ville envoie un message inquiétant quant à l'importance des soins post-partum.

«Ce type de soins ne devrait pas être uniquement accessible par le biais de services privés payants que de nombreuses familles ne peuvent se permettre», a-t-elle dit.

Emma Morris-Smith, une mère d'Halifax qui a consulté à la clinique avec son fils de neuf mois, a indiqué que les consultantes en lactation privées facturent environ 150 $ par visite, un tarif inaccessible à la plupart des familles de la ville.

«Cette clinique est extrêmement précieuse pour moi et pour tant d'autres femmes et familles», a-t-elle affirmé. Un porte-parole de l’autorité sanitaire provinciale a indiqué que la clinique d’aide à l’allaitement était un «service informel ponctuel mis en place localement».

«Bien que ce groupe d’aide spécifique prenne fin, les services de soutien à l’allaitement ne sont pas interrompus. Les programmes de santé publique, les cliniques de soins primaires et les partenaires communautaires de Santé Nouvelle-Écosse continuent d’offrir ces services essentiels aux familles de toute la province», a précisé dans un courriel, Jennifer Lewandowski, de Santé Nouvelle-Écosse.

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne