Deux personnes arrêtées dans une ferme d'autruches menacées d'abattage en C.-B.


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Par La Presse Canadienne, 2025
La copropriétaire d'une ferme de Colombie-Britannique a été arrêtée avec sa fille pour avoir refusé de quitter leurs autruches, alors que l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) devrait procéder à l'abattage des animaux en raison d'une infection à la grippe aviaire.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) s'est rendue mardi dans l'enclos des autruches où Katie Pasitney et sa mère, Karen Espersen, ont passé la nuit.
Le sergent d'état-major Kris Clark n'a pas voulu confirmer l'identité des personnes arrêtées, mais a confirmé aux journalistes que les deux personnes présentes dans l'enclos avaient refusé de partir et avaient ensuite été arrêtées.
Ses déclarations sont intervenues après que trois véhicules de la GRC se soient rendus dans l'enclos situé à l'autre bout du terrain, là où les deux personnes étaient postées, en face de l'endroit où les défenseurs de la ferme s'étaient rassemblés derrière le ruban jaune de la police.
Dave Belinski, l'autre propriétaire de la ferme, a indiqué avoir volontairement quitté l'enclos avant son arrestation, car il devait sortir son camion de l'enclos.
Il a confirmé aux journalistes que c'était bien la mère et sa fille qui avaient été arrêtées.
M. Belinski, dont les oreilles étaient encore couvertes de sang après avoir reçu ce qu'il qualifiait de «morsures d'amour» des autruches plus tôt dans la journée, a expliqué que les femmes savaient qu'elles seraient arrêtées, mais qu'elles souhaitaient le faire près du lieu où la foule s'était rassemblée.
L'agence d'inspection est intervenue lundi, accompagnée d'une escorte policière, pour préparer l'abattage d'environ 400 autruches dans la ferme où la grippe aviaire avait été détectée en décembre dernier. Près de 70 animaux sont morts dans les mois qui ont suivi, et les propriétaires de la ferme ont contesté l'agence devant la Cour fédérale et sur les réseaux sociaux pour tenter d'empêcher l'abattage des autruches.
Mme Pasitney, dont les publications et vidéos sur les réseaux sociaux ont attiré l'attention du monde entier sur l'abattage ordonné, a publié une vidéo dans laquelle elle demandait si la police autoriserait les éleveurs à nourrir les oiseaux et à les calmer sans risquer d'être arrêtés. Un agent a répondu que ce n'était pas à lui de prendre la décision.
M. Belinski a raconté qu'environ 30 minutes avant l'arrestation, Mme Pasitney lui avait annoncé qu'ils étaient autorisés à nourrir les animaux. «Elles étaient sorties pour nourrir (les autruches) et elles ont été arrêtées dans un coin isolé», a-t-il déclaré.
Il a expliqué que la confiance avait été rompue après l'arrestation, mais que, tant qu'il n'aurait pas parlé à Mme Pasitney et Mme Espersen, il ne connaîtrait pas toute l'histoire.
Le sergent Clark a indiqué qu'aucune accusation n'avait encore été portée, mais a expliqué que les deux personnes avaient été arrêtées en vertu de la Loi sur la santé des animaux. Il a précisé qu'elles avaient été conduites au poste de commandement de la GRC pour y être examinées avant d'être libérées.
Les deux femmes seraient autorisées à rentrer chez elles, mais pas à retourner dans l'enclos des autruches, a précisé M. Clark.
Il a affirmé aux journalistes que la GRC est présente à la ferme à la demande de l'ACIA pour faire respecter la loi, sécuriser la propriété et assurer la sécurité du public et des employés de l'agence «dans l'exercice de leurs fonctions».
Mme Pasitney avait publié une vidéo lundi soir montrant un agent de l'ACIA annonçant aux éleveurs qu'ils seraient autorisés à rester dans l'enclos des autruches pendant la nuit.
Cependant, l'homme, dont l'identité n'a pas été révélée, affirme que l'ACIA a le contrôle de la propriété et qu'il y aurait des «conséquences» si les éleveurs ne quittaient pas volontairement la ferme.
Elle a publié un autre message vers 9 h mardi matin, soulignant que de «fortes émotions» régnaient à la ferme, où des dizaines d'agents s'étaient rassemblés.
«Nous ne savons pas ce que la journée nous réserve», a-t-elle ajouté en direct à ce moment-là.
«Tout ce que nous demandons, c'est que la GRC se retire. Vous n'êtes pas obligés d'agir simplement parce que c'est votre travail.»
Des partisans de la ferme sont restés sur place mardi, et nombre d'entre eux filmaient et criaient sur les agents présents.
La cause possiblement portée en Cour suprême
Les avocats des éleveurs ont fait valoir à la Cour fédérale et à la Cour d'appel fédérale que les oiseaux étaient désormais en bonne santé et avaient une valeur scientifique, alors que l'ACIA a argué qu'ils étaient infectés par une souche plus mortelle du virus.
L'agence a souligné dans des documents judiciaires que ses politiques ne prévoient pas de tests supplémentaires.
L'organisme a reconnu que les risques d'infection des oiseaux sont inconnus «en raison des lacunes dans les données scientifiques disponibles concernant la durée de l'immunité aux virus (de la grippe aviaire) chez une autruche», ainsi que du manque d'informations sur le nombre d'autruches infectées lors de l'épidémie initiale.
Toujours selon l'ACIA, une source d'infection ou de réinfection par la grippe aviaire peut persister dans l'environnement longtemps après la guérison des oiseaux infectés.
Les éleveurs ont réclamé à plusieurs reprises des tests pour déterminer le statut des oiseaux, et Mme Pasitney a confirmé aux médias lundi que leur avocat déposait des documents pour que l'affaire soit portée devant la Cour suprême du Canada.
Dans l'une de ses dernières diffusions en direct, diffusées avant son arrestation, Mme Pasitney a expliqué que des camions transportant des bottes de foin étaient en route vers la ferme.
«Ces animaux en bonne santé vont être abattus», a-t-elle lancé, de plus en plus paniquée.
«Ils vont construire des enclos avec des bottes de foin et tuer nos animaux à coups de fléchettes ou de balles. Si nous ne les arrêtons pas dans les prochaines 24 heures, nous allons tout perdre.»
Brenna Owen et Brieanna Charlebois, La Presse Canadienne