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Étude: le savoir autochtone pourrait contrer une superbactérie

durée 10h00
14 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — La pharmacopée autochtone pourrait fournir à la médecine des armes précieuses face à une bactérie qui a acquis une résistance à plusieurs antibiotiques modernes, indiquent des travaux réalisés à l'Université de Regina.

En collaboration avec des chercheurs et des aînés autochtones, les auteurs de l'étude ont ainsi constaté que des plantes des prairies comme la bergamote, le rumex, la gaillarde et même le pissenlit renferment des molécules qui peuvent stopper la croissance du staphylococcus aureus résistant à la méthicilline, ou SARM.

«Nous n'avons pas étudié uniquement les plantes qui sont utilisées contre les infections ou pour soigner des plaies, a expliqué le responsable de l'étude, le professeur Omar El-Halfawy, un expert de la recherche antimicrobienne à l'Université de Regina. Nous nous sommes intéressés à n'importe quelle plante médicinale pour voir ce que nous pourrions trouver.»

La plupart des infections au SARM surviennent dans des milieux de soins, mais elles peuvent aussi survenir dans la communauté en général. Il s'agit, selon le Système canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens, de la principale cause d'infections nosocomiales au pays.

Le SARM peut provoquer toute une série d'infections, allant des infections cutanées et des tissus mous, relativement bénignes, à des infections graves et potentiellement mortelles, a rappelé le professeur El-Halfawy. «C'est une infection très répandue qui est l'une des principales causes de décès dans le monde», a-t-il dit.

Ces infections sont plus fréquentes dans les communautés autochtones, ce qui témoigne, selon les auteurs de l'étude, des inégalités qui prévalent au Canada quant à l'accès aux soins de santé.

Mais paradoxalement, disent-ils, la pharmacopée autochtone utilise depuis des millénaires des plantes qui pourraient être en mesure de combattre la bactérie.

«Nous avons trouvé des extraits de plantes médicinales issues de remèdes autochtones qui avaient des activités antimicrobiennes contre le SARM, a dit le professeur El-Halfawy, dont l'équipe a examiné un peu moins d'une centaine de plantes pour cette étude. Et d'après notre évaluation préliminaire, nous croyons que ces activités sont uniques, qu'elles agissent différemment des activités des antibiotiques connus.»

Ces mécanismes d'action potentiellement différents laissent entrevoir de nouvelles possibilités pour lutter contre les infections résistantes aux médicaments.

D'autres plantes, comme l'herbe à gomme commune, aidaient à décomposer les biofilms, ces couches protectrices que les bactéries forment pour se protéger des antibiotiques et des réponses immunitaires.

Ces biofilms rendent les infections plus difficiles à traiter et plus susceptibles de réapparaître, puisqu'aucun antibiotique moderne ne serait en mesure de les défaire. Leur décomposition constituerait donc une avancée significative.

Les chercheurs ont également constaté que certains extraits, comme ceux de cerisier de Virginie, de puccoon gris et de gaillet du Nord, n'ont fonctionné que dans des conditions similaires à celles d'une infection.

Cela illustre clairement, selon eux, l'importance de disposer d'environnements de test réalistes lors de l'exploration de nouveaux traitements.

Nous sommes confrontés à une crise, a prévenu le professeur El-Halfawy: avec le SARM et d'autres superbactéries, la découverte de nouveaux antibiotiques destinés à être commercialisés «est au point mort pour diverses raisons».

«Disposer de nouveaux antimicrobiens qui agissent de manière unique apporte donc des solutions nouvelles et indispensables», a-t-il conclu.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par Microbiology Spectrum.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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