Grève de Postes Canada: des groupes d'affaires craignent un impact massif


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2025
Des groupes d'affaires s'attendent à un impact massif sur les activités des petites entreprises après le début de la grève nationale des postiers syndiqués jeudi soir.
La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) a toutefois avancé qu'Ottawa doit poursuivre les changements annoncés au modèle d'affaires de Postes Canada, notamment la fin de la livraison du courrier à domicile pour la quasi-totalité des foyers canadiens.
Le vice-président des affaires nationales à la FCEI, Jasmin Guénette, a souligné qu'une grève des postiers pendant la période des Fêtes l'an dernier a coûté plus d'un milliard de dollars aux petites entreprises.
Il a ajouté qu'une autre action syndicale à l'approche de la période des Fêtes, cette année, est «d'autant plus préoccupante».
«Les PME demeurent de grandes utilisatrices de Postes Canada. La restructuration de Postes Canada doit se faire rapidement. La société d’État doit avoir les coudées franches», a mentionné par communiqué M. Guénette.
Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, qui représente 55 000 membres du service postal, affirme avoir été pris au dépourvu par l'annonce du gouvernement, qualifiant sa grève de réponse à une «attaque du gouvernement contre le service postal et les travailleuses et travailleurs».
Le ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement, Joël Lightbound, a annoncé jeudi plusieurs mesures gouvernementales, dont la fin du moratoire sur la conversion des boîtes postales communautaires.
Cette mesure autorise la société d'État à convertir les quatre millions d'adresses restantes qui bénéficient encore de la livraison à domicile, ce qui permettrait d'économiser près de 400 millions $ par année.
Le gouvernement a également fait part de la fin du moratoire sur la fermeture des bureaux de poste ruraux, en vigueur depuis 1994 et touchant près de 4000 localités. Il a ajouté que la fermeture de certains de ces bureaux de poste dans des régions qui ne sont plus rurales réduira le dédoublement dans les zones surdesservies.
Par ailleurs, le courrier non urgent sera acheminé par voie terrestre plutôt que par voie aérienne, ce qui reflète une baisse des volumes de livraison. Ottawa estime que cela permettrait à Postes Canada d'économiser plus de 20 millions $ par année.
M. Lightbound a rappelé que la société perd environ 10 millions $ par jour, malgré l'injection d'un milliard de dollars par le gouvernement fédéral plus tôt cette année pour maintenir ses activités.
Les facteurs se sont mis en grève quelques heures seulement après que le gouvernement a dévoilé les réformes proposées, marquant ainsi la dernière escalade d'un conflit de travail qui dure depuis près d'un an.
Une précédente grève et un lock-out avaient duré plus d'un mois, en novembre et décembre 2024, et avaient pris fin après que le ministre du Travail de l'époque, Steven MacKinnon, eut déclaré l'impasse dans les négociations et demandé au Conseil canadien des relations industrielles d'ordonner la fin de l'arrêt de travail.
«Le Canada doit se doter d’une loi sur les services essentiels, temporaire ou permanente, afin d’assurer la continuité du service pendant la mise en œuvre des réformes», a souligné Jasmin Guénette.
«Les PME comptent sur le gouvernement et sur tous les partis politiques pour que cela se concrétise», a-t-il ajouté.
La Chambre de commerce du Canada a appelé les deux parties à retourner à la table des négociations et à s'engager à «négocier de bonne foi afin de trouver la meilleure façon de soutenir les consommateurs et les entreprises».
«Les Canadiens comptent sur Postes Canada pour livrer leur courrier et, après des années de perturbations répétées de la chaîne d'approvisionnement, une autre grève n'est pas une bonne nouvelle», a déclaré Pascal Chan, vice-président des politiques stratégiques et des chaînes d'approvisionnement de la Chambre.
Sammy Hudes, La Presse Canadienne