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Hausse de l'extorsion sexuelle d'enfants à des fins financières

durée 11h30
27 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — L'agence canadienne de renseignement financier met en garde contre une augmentation des cas d'extorsion sexuelle d'enfants à des fins financières — des actes souvent liés au crime organisé.

Ce type de chantage en ligne consiste à menacer de diffuser des images ou des vidéos à caractère sexuel d'une victime si celle-ci ne paye pas l’extorqueur ou ne lui fournit pas davantage de contenu sexuel.

Dans une alerte récemment publiée, le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada conseille aux banques et autres entreprises d'être attentives à certaines transactions et certains schémas qui pourraient indiquer un chantage ou d'autres formes d'exploitation sexuelle des enfants.

Le centre fédéral, connu sous le nom de CANAFE, identifie les fonds liés au blanchiment d'argent en analysant chaque année des millions d'informations provenant de banques, de compagnies d'assurance, de courtiers immobiliers, d'entreprises de services monétaires, de casinos et d'autres sources.

Le CANAFE communique les renseignements qu'il recueille à ses partenaires chargés de l'application de la loi et de la sécurité, notamment la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et d'autres services de police.

La nouvelle alerte vient s'ajouter aux renseignements stratégiques publiés par le CANAFE en décembre 2020 pour refléter l'évolution de la situation et tirer parti des leçons apprises.

Elle soutient le projet Shadow, un projet codirigé par la Banque Scotia et le Centre canadien de protection de l'enfance qui regroupe des unités internationales de renseignement financier, des organismes d'application de la loi et des partenaires du secteur privé.

Le CANAFE indique avoir généré 57 divulgations de renseignements financiers à l'intention des organismes d'application de la loi dans le cadre du projet Shadow en 2024-2025. Ces divulgations ont permis d'identifier 157 sujets d'intérêt, ajoute l'agence.

«L’exploitation sexuelle des enfants en ligne est un crime mondial troublant qui cible les enfants et qui continue de croître année après année, ce que démontre non seulement le nombre de signalements confirmés d’images d’abus sexuels sur des enfants, mais aussi la gravité de ces images et vidéos», indique l'alerte.

«Les motivations de l’exploitation sexuelle des enfants varient. Si la plupart des contrevenants commettent ce crime pour leur gratification sexuelle et non pour un gain financier, on constate une augmentation des infractions à motivation financière, y compris des cas d’extorsion sexuelle ces dernières années.»

Analyse des transactions

L'analyse du CANAFE des transactions liées à l'exploitation sexuelle des enfants en ligne a révélé que presque tous les auteurs présumés étaient des hommes. Ils occupaient un large éventail d’emplois, ou étaient considérés comme retraités, la majorité d'entre eux étant âgés de la fin de la vingtaine à la soixantaine.

L'alerte note que le Centre canadien de protection de l'enfance prévient que des délinquants utilisent les réseaux sociaux pour se faire passer pour des jeunes, établir une relation de confiance et inciter la victime à envoyer des images ou vidéos nues.

Une fois les images partagées, le coupable fait chanter la victime, exigeant de l'argent, des biens, tels que des cartes-cadeaux, ou d'autres images, pour que les photos ne soient pas diffusées publiquement ou auprès de la famille et des amis, indique l'alerte.

Le CANAFE note que, d'après des sources consultées par Cyberaide, la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation sexuelle d’enfants en ligne, les demandes d'argent proviennent souvent de réseaux internationaux de crime organisé.

«Cyberaide souligne également que les garçons sont souvent la cible d’extorsion sexuelle financière, tandis que les filles sont plus souvent victimes d’extorsion sexuelle pour obtenir davantage d’images», ajoute l'alerte.

Le CANAFE énumère divers indicateurs liés à une possible exploitation d'enfants en ligne. Selon l'organisme, les signes d'extorsion sexuelle peuvent inclure l'épuisement rapide d'un compte par le biais de virements électroniques, d'achats de cartes-cadeaux en ligne ou de fonds envoyés à des plateformes de transfert d'argent entre particuliers.

Dans certains cas, les notes de transaction contiennent des références suggérant que les fonds ont été extorqués aux expéditeurs, notamment des références à du contenu explicite ou des supplications telles que «s'il te plaît, arrête» ou «supprime la vidéo».

Le CANAFE indique que certains pays peuvent intéresser les délinquants sexuels en raison de leur situation économique, de l'absence de législation protégeant les personnes à risque ou de leur proximité relative avec le Canada.

Selon l'alerte, ces pays à haut risque comprennent les Philippines, la Thaïlande, l'Inde, l'Afrique du Sud, la République dominicaine, le Mexique et Cuba.

Le CANAFE a également signalé une augmentation des achats en ligne de matériel pédopornographique à l'aide de monnaies virtuelles, souvent par des hommes âgés de 20 à 30 ans.

Jim Bronskill, La Presse Canadienne

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