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Julie Bellerose: la Québécoise qui a fait dévier un astéroïde

durée 12h44
27 septembre 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

MONTRÉAL — Lundi, la Québécoise Julie Bellerose était aux commandes d'une sonde spatiale qui a fait dévier un astéroïde lors d'un test de défense planétaire. La Presse Canadienne a discuté avec celle qui a grandi à Sainte-Julie et qui rêvait de l'espace en regardant La Guerre des étoiles.

Julie Bellerose a versé une larme lundi soir lorsque la sonde spatiale nommée Dart a frappé à une vitesse de plus de 22 500 km/h un astéroïde à près de 10 millions de kilomètres de la Terre.

«J'ai versé une larme, on était soulagé de voir que tout s'est bien passé» et «qu'on a atteint notre but, notre objectif avec la mission, donc ça a été extraordinaire de voir ça. C'est sûr qu'il y a eu beaucoup d'émotions, et puis, c'est une fierté aussi de voir que vraiment toute l'expérience a bien fonctionné», a raconté la cheffe de navigation du Jet Propulsion Laboratory de la NASA.

La mission consistait à frapper l'astéroïde Dimorphos et faire varier son orbite afin de se préparer au moment où un tel rocher mettrait réellement la Terre en danger.

La mission de 325 millions $ US était la première tentative de déplacer la position d'un astéroïde ou de tout autre objet naturel dans l'espace. La sonde avait été lancée en novembre 2021.

La Québécoise peut dire «mission accomplie», ce qui ne signifie pas pour autant que le travail est terminé.

«Maintenant il va falloir attendre les résultats des mesures de la déviation, de la trajectoire», alors »dans les prochains jours, les prochaines semaines, beaucoup de télescopes vont regarder l'astéroïde Dimorphos».

L'ingénieure et son équipe cherchent désormais à déterminer «les propriétés de la matière de cet astéroïde», car «il y a beaucoup d'incertitudes à propos de sa force de cohésion, de la matière dont il est constitué», ce qui influencera «la façon dont l'astéroïde va vraiment dévier».

Il n'y a pas de danger immédiat

Cette prouesse scientifique pourrait être utilisée pour faire dévier un astéroïde qui menacerait la Terre seulement si la menace est connue longtemps à l'avance.

«Si on sait qu'il y a un astéroïde qui vient nous frapper dans les prochaines années ou les prochains dix ans par exemple», mais «si on réalisait qu'un astéroïde venait nous frapper, par exemple dans 24 heures, ça serait un contexte différent et une technique différente», a expliqué l'ingénieure.

«Il y a d'autres techniques qui sont étudiées, certaines qui ont des explosifs ou même, il y a des techniques avec le nucléaire» et «je suis sûre qu'on trouverait une façon», s'il y avait une menace imminente, a précisé Julie Bellerose à La Presse Canadienne.

L'ingénieure veut toutefois rassurer les Terriens: «Il n'y a pas de danger dans l'immédiat. On a quand même catalogué des millions d'astéroïdes et c'est improbable, même si ce n'est pas impossible, mais c'est pour ça qu'on fait des expérimentations», a indiqué Mme Bellerose en précisant «qu'il n'y a pas de danger dans les prochains 100 ou 150 ans».

De Sainte-Julie jusqu'à Saturne

Originaire de Sainte-Julie, l'ingénieure aimait beaucoup les mathématiques, la science et la résolution de problèmes, mais aussi la série de films La Guerre des étoiles, surtout les anciens, lorsqu'elle était enfant. C'est à l'adolescence que Julie Bellerose a commencé à s'intéresser à l'espace et aux corps célestes qui s'y trouvent.

«Quand Julie Payette est devenue astronaute, l'espace m'est apparu un peu plus près.»

Julie Bellerose a complété un baccalauréat en génie mécanique à l'Université McGill, une maîtrise en science et génie à l'Université du Michigan et un doctorat en génie aérospatial à la même université.

Elle a notamment travaillé au Japon où elle a appuyé la navigation de la mission Hayabusa 2 de la JAXA.

Hayabusa 2 est une sonde spatiale développée par l'Agence japonaise d'exploration aérospatiale qui a été lancée en 2014 et qui arrivera à l'astéroïde Ryugu en 2018. La sonde doit prélever des échantillons et les ramener sur Terre afin de les analyser.

Elle vit à Pasadena en Californie et depuis l'automne 2014, elle est également responsable de la trajectoire de la mission Cassini de la NASA, en orbite autour de Saturne depuis 2004.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne