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L'ambitieux projet éolien "Wind West" de la N.-É. reçoit un soutien conditionnel

durée 20h29
8 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

HALIFAX — Deux groupes environnementaux de premier plan approuvent le plan ambitieux de la Nouvelle-Écosse visant à développer considérablement son industrie florissante de l'énergie éolienne en mer.

Toutefois, les deux groupes ont rapidement émis des réserves.

Lundi, le premier ministre Tim Houston a affirmé que le projet provincial d'autoriser suffisamment de parcs éoliens en mer pour produire cinq gigawatts d'électricité serait multiplié par huit pour atteindre 40 gigawatts, bien au-delà des 2,4 gigawatts, dont la Nouvelle-Écosse a besoin. Il a appelé Ottawa à contribuer au financement de son nouveau projet Wind West, affirmant que l'électricité excédentaire pourrait servir à répondre à 27 % de la demande totale du Canada.

«La Nouvelle-Écosse est sur le point de connaître une percée dans le domaine des énergies propres», a soutenu le premier ministre progressiste-conservateur dans une vidéo en ligne, ajoutant que la province est en passe de devenir une «superpuissance énergétique».

Gretchen Fitzgerald, directrice générale du Sierra Club Canada, a indiqué que le plan audacieux du premier ministre, qui comprend la construction de lignes de transport d'électricité à travers le pays, représente une opportunité prometteuse pour la province.

«Cela pourrait changer la donne pour la région et pour le Canada», a-t-elle reconnu lors d'une entrevue depuis Ottawa. «Mais cela doit être fait correctement et avec des consultations.»

Mme Fitzgerald a expliqué que les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et du Canada doivent se concentrer sur la sécurisation des retombées à long terme de l'industrie éolienne en mer naissante, car ils ont fait preuve de piètre performance à cet égard dans le secteur pétrolier et gazier en mer.

«Nous devons veiller à ne pas brader une ressource considérable pour des bénéfices moindres que ceux que les collectivités devraient recevoir», a-t-elle affirmé, ajoutant que la Nouvelle-Écosse continue de souffrir d'un taux élevé de précarité énergétique. En mai dernier, Roger Colton, expert en accessibilité financière des services publics, a publié un rapport montrant que 43 % des Néo-Écossais avaient du mal à payer leurs factures d'énergie, soit la proportion la plus élevée au Canada.

Si Mme Fitzgerald a salué le plan d'énergie propre de M. Houston, elle a critiqué ce qu'elle a décrit comme la propension populiste du premier ministre à prendre des mesures décisives avant même de consulter les experts et le public.

«Passer de quelques centaines d'éoliennes à des milliers au cours de la prochaine décennie doit se faire par étapes afin que nous apprenions à bien faire les choses», a-t-elle déclaré, ajoutant que M. Houston semble avoir adopté une mentalité de type «aller vite et casser des choses».

«Cela peut entraîner des dommages inacceptables pour la vie marine fragile», a-t-elle ajouté. «Du point de vue des avantages et de l'acceptation de la communauté, la rupture de confiance peut être le principal obstacle à la mise en place de solutions climatiques efficaces.»

Convaincre l'industrie de la pêche

En octobre 2023, le Forum des politiques publiques a publié une étude indiquant que le banc de l'île de Sable, une zone océanique située à environ 180 kilomètres au sud de la Nouvelle-Écosse, figure parmi les meilleurs emplacements au monde pour la production d'énergie éolienne.

«Ce banc et plusieurs autres zones dotées de ressources similaires au large des côtes du Canada atlantique ont le potentiel de faire de la région l'un des principaux pôles mondiaux de développement de l'énergie éolienne en mer», indique le rapport du groupe de réflexion indépendant à but non lucratif.

Le rapport poursuit en affirmant qu'à mesure que le monde passe d'une dépendance aux combustibles fossiles à des formes d'énergie qui n'émettent pas de gaz à effet de serre responsables du changement climatique, le Canada atlantique se trouve face à «une occasion unique (…) de retrouver une vitalité économique comparable à celle de l'ère de la voile, grâce à la puissance du vent en mer».

Le rapport indique que l'installation de 15 gigawatts d'énergie éolienne en mer créerait environ 30 000 emplois directs par an.

Malgré le battage médiatique, l'industrie doit également gagner l'adhésion de l'industrie de la pêche de la Nouvelle-Écosse, qui a contribué à hauteur de 2,5 milliards $ à l'économie de la province en 2023 et employé 19 000 personnes.

À Halifax, un porte-parole de l'Ecology Action Centre a appelé le gouvernement provincial à renforcer la confiance du public, en particulier des communautés côtières.

«Il est absolument nécessaire d'accorder la priorité à l'engagement des parties prenantes pour tous les utilisateurs de l'océan», a indiqué Thomas Arnason McNeil, coordonnateur principal de l'énergie. «Nous devrons prioriser les mesures de protection écologique et préserver nos moyens de subsistance actuels. Cela inclut l'industrie de la pêche, qui représente la moitié de l'économie de la Nouvelle-Écosse.»

Il a néanmoins affirmé que l'important effort de la province en faveur des énergies propres est sur la bonne voie, notamment en ce qui concerne le développement de son réseau électrique afin de mieux le connecter au reste du pays.

Si tout est bien fait, les retombées seraient énormes, a déclaré M. Arnason McNeil.

«Nous parlons ici de création d'emplois considérable et de revenus potentiels importants, a-t-il ajouté. L'essentiel est de bien faire les choses. (Mais) les bénéfices au bout du compte sont colossaux.»

Un appel d'offres pour la construction d'éoliennes en mer permettant de produire cinq gigawatts d'électricité est attendu dès cette année.

Michael MacDonald, La Presse Canadienne

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