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L'ancien PM israélien critique Netanyahou pour avoir présenté Carney comme un ennemi

durée 12h02
26 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — L'ancien premier ministre israélien, Ehud Olmert, affirme que les Canadiens devraient s'opposer au gouvernement israélien, et non aux Israéliens eux-mêmes, et critique son successeur pour avoir traité le premier ministre Mark Carney d'«ennemi d'Israël».

«Je conseille seulement aux Canadiens de s'opposer au gouvernement israélien. C'est parfaitement légitime», a confié M. Olmert à La Presse Canadienne. Ne vous opposez pas à l'État d'Israël et au peuple d'Israël. Ce sont des amis du Canada.»

Il a soutenu que l'actuel premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a présenté à tort le premier ministre Mark Carney comme hostile à son pays. Six mois se sont écoulés sans que les deux dirigeants se parlent directement.

«Je lui conseillerais de ne pas déclarer que le Canada est un ennemi d'Israël, a dit Ehud Olmert à propos de M. Nétanyahou. Le Canada est un ami d'Israël et le premier ministre du Canada est un ami d'Israël.»

L'ancien dirigeant israélien s'est exprimé jeudi après une entrevue organisée par l'Institut pour la paix et la diplomatie à Ottawa, dans le cadre d'une conférence sur le Moyen-Orient.

Ehud Olmert a été premier ministre d'Israël de 2006 à 2009 et a tenté de parvenir à un accord sur une solution à deux États avec les Palestiniens.

Il critique férocement le gouvernement Nétanyahou depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a près de deux ans.

Des militants palestiniens ont tué 1200 personnes en Israël lors de l'attaque du 7 octobre 2023. Depuis, Israël a bombardé la bande de Gaza et restreint l'aide alimentaire dans l'enclave, faisant, selon le Hamas, 65 000 morts.

M. Olmert a déploré que Benyamin Nétanyahou et son cabinet d'extrême droite déforment l'image d'Israël sur la scène internationale. Il a cité les manifestations de masse contre le gouvernement et les sondages qui montrent que la plupart des Israéliens souhaitent une fin du conflit par un accord avec le Hamas sur la restitution des otages.

«La voix d'Israël est celle de millions de personnes profondément mécontentes et qui ne soutiennent pas de nombreux aspects du gouvernement israélien. Ces derniers mois, elles se sont clairement opposées à la poursuite des opérations militaires à Gaza», a-t-il affirmé lors de la conférence de jeudi.

«Je parle de tous les anciens commandants (de l'armée israélienne), des généraux de haut rang – les combattants d'Israël.»

«Trump n'apprécie rien autant que d'être contre le monde entier»

L'ancien premier ministre a déclaré que la guerre se poursuivait en partie grâce au soutien indéfectible du président américain, Donald Trump, à M. Nétanyahou, malgré les nombreuses accusations selon lesquelles il ferait du pays un État paria.

«Trump n'apprécie rien autant que d'être contre le monde entier. Et aujourd'hui, être contre le monde entier, c'est être aux côtés de Nétanyahou», a indiqué M. Olmert.

Il a ajouté que l'ancien président américain George Bush était considéré comme ignorant en matière de politique étrangère pendant son mandat, mais qu'«il était l'homme le plus instruit de l'histoire de l'humanité comparé au président actuel.»

Ehud Olmert a soutenu que Benyamin Nétanyahou prolonge la guerre pour soutenir sa coalition gouvernementale avec les partis d'extrême droite, afin d'éviter de perdre son poste et d'être accusé de corruption.

Il a également cité son propre passé. M. Olmert a quitté ses fonctions en raison d'une faible cote de popularité et à la suite d'à une enquête pour corruption. Il a fini par purger une peine de prison après avoir été condamné en 2014 pour corruption.

Le politicien a soutenu qu'une solution à deux États était toujours possible. Il a souligné que la France et l'Allemagne étaient passées d'un conflit acharné pendant la Seconde Guerre mondiale à un statut d'alliés proches en l'espace de 50 ans.

Selon M. Olmert, l'Autorité palestinienne, «aussi faible soit-elle, corrompue et inefficace soit-elle, demeure la seule instance qui représente tous les Palestiniens».

Il a déclaré à La Presse Canadienne que Mark Carney avait raison de rechercher une solution à deux États, malgré les critiques de M. Nétanyahou.

Ses commentaires surviennent alors que M. Carney est au pouvoir depuis six mois sans avoir parlé directement à son homologue israélien.

De hauts responsables canadiens, autorisés à informer les médias sur la question de l'État palestinien vendredi dernier, sous couvert d'anonymat, ont déclaré que plusieurs tentatives avaient été faites pour organiser un appel entre MM. Nétanyahou et Carney, mais qu'aucune n'avait abouti jusqu'à présent.

Le premier ministre canadien s'est entretenu brièvement avec le président israélien, Isaac Herzog, lors de l'investiture papale en mai au Vatican, ont-ils indiqué.

Néanmoins, les observateurs de la politique étrangère canadienne ont constaté que Benyamin Nétanyahou n'avait jamais félicité Mark Carney après son élection en avril, mais l'avait plutôt critiqué ce mois-là pendant la campagne électorale.

Le cabinet de M. Nétanyahou n'a pas répondu à une demande de La Presse Canadienne du 17 septembre visant à obtenir des explications sur les raisons pour lesquelles les deux hommes ne se sont pas parlé et pourquoi il n'a pas félicité M. Carney pour son élection.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne

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