L'APN demande de déclarer «essentiels» les services de police des Premières Nations


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — La cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations (APN) a réprimandé lundi le gouvernement fédéral pour ne pas avoir tenu sa promesse de présenter un projet de loi déclarant les services de police des Premières Nations comme un service essentiel.
Cindy Woodhouse Nepinak a expliqué aux députés du Comité des affaires autochtones de la Chambre des communes que l'incapacité des gouvernements à financer équitablement les services de police des Premières Nations crée un risque pour la sécurité des communautés, les privant de moyens de lutter contre la criminalité et de tenir les criminels responsables de leurs actes.
L'ancien premier ministre Justin Trudeau avait promis que son gouvernement présenterait une nouvelle loi sur les services de police des Premières Nations en 2020, mais celle-ci n'a pas encore été concrétisée.
«Les services de police des Premières Nations n'ont pas la gâchette facile, ils ne tuent pas nos citoyens. Ils s'efforcent de rester ancrés dans la communauté», a expliqué Mme Woodhouse Nepinak, assise devant une poignée de chefs de police des Premières Nations réunis pour la réunion à Ottawa.
«Nous savons ce dont nous avons besoin, grâce à des années de recherche, de plaidoyer et de mobilisation (…) ce dont nous avons besoin maintenant, bien sûr, c'est de votre volonté politique», a-t-elle dit aux députés.
Sous la direction de Justin Trudeau, les ministres de la Sécurité publique ont répété à maintes reprises à l'APN que le dépôt d'un projet de loi sur les services de police des Premières Nations était imminent, mais aucun projet de loi n'a été déposé.
La Presse Canadienne a appris, grâce à un rapport d'accès à l'information publié en 2023, que l'un des points de friction entre l'organisme de défense des droits et Ottawa était de savoir s'il fallait reconnaître les services de police comme un domaine de compétence des Premières Nations — une pratique que le gouvernement a déjà adoptée en matière de services de protection de l'enfance.
Le gouvernement fédéral a blâmé l'APN pour les retards, affirmant que les «difficultés persistantes» avec l'organisme de défense des droits limitaient les «progrès rapides».
Mme Woodhouse Nepinak a rappelé les propos du premier ministre Mark Carney pendant la campagne électorale, lorsqu'il a déclaré que les services de police des Premières Nations étaient essentiels.
«Il a déclaré vouloir passer à des services de police autogérés des Premières Nations et en confier le contrôle à une série d'ententes de services de police autogérés et d'ententes tripartites communautaires», a rappelé Mme Woodhouse Nepinak, à propos d'une rencontre entre M. Carney et les chefs des Premières Nations.
«Il a déclaré que nous devons agir le plus rapidement possible pour assurer la prestation des services essentiels par les Premières Nations», a-t-elle ajouté.
L'initiative progresse toutefois plus lentement que ne le souhaiteraient les dirigeants des Premières Nations. Parmi eux, le chef régional de l'Ontario, Abram Benedict, a expliqué au comité que les communautés des Premières Nations, en particulier celles du nord, sont victimes du crime organisé en raison de l'absence d'une présence policière constante capable de faire respecter la loi.
Mme Woodhouse Nepinak a également attiré l'attention des députés sur la demande des chefs en faveur d'une enquête fédérale sur le racisme systémique dans les services de police, après une série de décès liés à la police l'an dernier, restée sans réponse.
Alessia Passafiume, La Presse Canadienne