L'OIIQ adopte le 10 avril comme Journée de l'infirmière autochtone


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) annonce mardi la reconnaissance du 10 avril comme Journée de l’infirmière autochtone. Cette initiative vise à mettre en lumière la contribution des infirmières autochtones et sensibiliser le personnel à l'importance d'avoir une approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé.
La date du 10 avril a été retenue puisqu'elle est célébrée ailleurs au Canada en l’honneur de Charlotte Edith Anderson Monture, née le 10 avril 1890, première femme autochtone à devenir infirmière diplômée au Canada.
C’est à la suite d’une recommandation du Groupe de concertation sur l’amélioration des soins aux Premières Nations et Inuit de l’OIIQ (dont sont membres des personnes issues des communautés autochtones) que le 10 avril obtient un statut officiel.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité des engagements pris par l’OIIQ pour favoriser des soins exempts de discrimination. L’Ordre a adopté une prise de position contre le racisme systémique en 2021, environ un an après la mort tragique de Joyce Echaquan, une mère atikamekw qui est décédée sous les insultes racistes du personnel soignant à l'Hôpital de Joliette.
Depuis, il y a eu certaines améliorations, mais il y a encore de la méfiance des Autochtones envers le réseau de la santé, admet Luc Mathieu, président de l’OIIQ. «Il faut être sensible à cette méfiance qui peut s'installer, accueillir les demandes qui peuvent être faites par les gens des communautés [...] en fonction des contraintes qu'on a», dit-il, citant par exemple des contraintes de prévention des infections qui ne permettraient pas d'avoir un grand nombre de visiteurs.
«C'est bien beau de dire, oui, on reconnaît le racisme systémique ou encore on fait un énoncé de position, mais après, qu'est-ce qu'on fait? Alors, la mise en place de ce groupe de travail, puis ce qui en découle, comme ici avec la reconnaissance d'une journée de l'infirmière autochtone, ça s'inscrit à l'intérieur de ça», explique-t-il.
La réconciliation ne repose pas seulement sur l'OIIQ
M. Mathieu souligne qu'il y a encore de nombreux mythes à déconstruire parmi les professionnels de la santé. «L'exemple que je donne souvent — et puis j'espère que ça se produit de moins en moins et que ça ne se produira plus à un moment donné — si on voit une personne d'une communauté autochtone qui arrive dans une salle d'urgence et qui titube un petit peu, ce n'est pas de penser tout de suite que cette personne est sous l'effet de certaines substances. Peut-être que c'est parce qu'elle a des problèmes neurologiques qu'elle perd l'équilibre», raconte M. Mathieu.
Pour lui, il faut en priorité déconstruire ces mythes. Les pratiques de sécurisation culturelle concernent davantage l'accueil, dit-il, par exemple de permettre à une personne autochtone d'avoir de la nourriture qui correspond à sa culture s'il n'y a pas de contre-indications médicales. «ll faut être ouvert à ces choses-là», commente-t-il.
M. Mathieu fait valoir que la réconciliation est l'affaire de tous, pas seulement des infirmières. «Ce n'est pas seulement le mandat de l'Ordre. Toute la société, les gens en amont dans le système de l'éducation, dans les établissements de santé, il faut vraiment se concerter pour faire en sorte que les communautés autochtones se sentent bien accueillies, qu'elles soient bien soignées et qu'on tienne compte de leur culture», conclut-il.
—
La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.
Katrine Desautels, La Presse Canadienne