La C.-B. demande à Ottawa de maintenir l'interdiction des pétroliers

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Par La Presse Canadienne, 2025
VANCOUVER — Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, et les Premières Nations côtières ont signé une déclaration demandant au gouvernement fédéral de maintenir l'interdiction de la circulation des pétroliers au large de la côte nord de la province.
M. Eby a déclaré mercredi qu'une seule marée noire dans la région anéantirait des milliards de dollars d'activité économique le long de la côte, et qu'aucune technologie n'est actuellement disponible pour la nettoyer.
«Nous demandons au gouvernement fédéral de reconnaître ce que des générations de dirigeants ont compris. Nous devons protéger nos côtes pour assurer la croissance de notre économie», a-t-il affirmé.
La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, souhaite la levée de l'interdiction de la circulation des pétroliers dans le cadre du projet de son gouvernement visant à construire un oléoduc jusqu'à la côte de la Colombie-Britannique.
La cheffe Marilyn Slett, présidente des Premières Nations côtières, a déclaré que cette interdiction est le fruit de 50 ans de mobilisation des communautés côtières et qu'elle est «fondamentale» pour la santé de la côte et la vigueur de l'économie.
«Nous ne cesserons jamais de lutter pour préserver notre culture, notre spiritualité, la faune et les écosystèmes côtiers dont nous dépendons», a-t-elle déclaré. Slett a déclaré que le maintien de la Loi sur le moratoire concernant les pétroliers protégerait les écosystèmes et stimulerait l'économie côtière, au bénéfice de tous les Britanno-Colombiens.
Dans une déclaration transmise par son bureau, Mme Smith a indiqué que l'Alberta avait entendu les préoccupations de M. Eby et travaillait à y remédier.
Le gouvernement albertain reconnaissait la nécessité d'un promoteur crédible, d'une large consultation des Premières Nations et d'une copropriété pour qu'un projet d'oléoduc puisse aller de l'avant.
«Toutefois, le gouvernement fédéral contrôle le commerce interprovincial, afin qu'un premier ministre provincial ne puisse pas bloquer l'exportation de la ressource la plus précieuse de cinq millions d'Albertains, précisait la déclaration. La décision de construire cet oléoduc relève exclusivement du premier ministre Mark Carney et du gouvernement fédéral, et nous nous attendons à ce qu'il agisse avec détermination et en faveur de ce projet.»
Le bureau a par la suite retiré la partie de la déclaration faisant référence à un «premier ministre provincial», affirmant qu'elle était inexacte et qu'elle avait été mise à jour. Jason Alsop, président de la Nation Haïda, a déclaré qu'il n'y avait «absolument aucun soutien aux pipelines» vers la côte ni aux pétroliers circulant autour de Haida Gwaii.
La déclaration affirme que l'abrogation de l'interdiction des pétroliers mettrait en péril des projets majeurs et priverait l'économie de la Colombie-Britannique de milliers d'emplois et de milliards de dollars d'investissements, tout en risquant de causer des dommages écologiques irréversibles.
«Nous exhortons le gouvernement fédéral à maintenir fermement son engagement à respecter l'interdiction des pétroliers. La protection de la côte nord n'est pas négociable : c'est une responsabilité nationale et un investissement concret dans le précieux environnement marin du Canada et la prospérité économique des générations futures», indique la déclaration.
Elle est signée par M. Eby, Mme Slett, Alsop, le maire de Lax Kw'alaams, Garry Reece, Paula Amos de Tourisme autochtone Colombie-Britannique et l'aîné héréditaire Clarence Innis. M. Eby a indiqué que son gouvernement avait souligné à plusieurs reprises, lors de rencontres avec des ministres fédéraux et le premier ministre Mark Carney, que l'interdiction des pétroliers était un «catalyseur fondamental et essentiel» pour l'activité économique en Colombie-Britannique.
«J'ai entendu le gouvernement fédéral dire qu'il n'ira pas de l'avant avec des projets malgré les objections des gouvernements provinciaux ou des Premières Nations, que ce soit par l'intermédiaire du Bureau des grands projets ou autrement, a-t-il affirmé. Il me semble clair aujourd'hui qu'il n'y a aucun appui pour lever cette interdiction des pétroliers en Colombie-Britannique.»
M. Eby a maintenu que le projet d'oléoduc de Mme Smith n'avait ni promoteur, ni soutien financier, ni tracé défini, et l'a qualifié de «manœuvre politique».
— Avec la collaboration de Jack Farrell à Edmonton
Ashley Joannou, La Presse Canadienne