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La Marine veut une flotte de corvettes «canadienne jusqu'à l'os»

durée 18h19
22 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le commandant de la Marine royale canadienne affirme qu'Ottawa s'efforce de préciser ses attentes concernant une nouvelle flotte de corvettes de défense continentale qu'il espère acquérir d'ici le milieu des années 2030.

Le vice-amiral Angus Topshee a indiqué à La Presse Canadienne qu'il recherchait des navires à long rayon d'action, performants au combat et capables d'affronter les glaces arctiques.

Cela représente un ensemble d'exigences propres à l'armée canadienne; il n'existe probablement pas de modèles prêts à l'emploi sur le marché.

M. Topshee a affirmé qu'il souhaitait que la nouvelle flotte soit «canadienne jusqu'à l'os», dans la mesure du possible.

«Nous ne voulons être redevables à personne, a-t-il expliqué. Construit entièrement au Canada, avec un système de gestion de combat canadien, une intégration de la passerelle canadienne, une acoustique canadienne — tous les systèmes qui font du navire un navire en navire de guerre.»

La marine en est encore aux prémices de sa recherche d'une dizaine de corvettes — plus petites que des frégates —, un achat qui devrait représenter des dizaines de milliards de dollars.

Les navires de défense côtière actuelle de classe Kingston approchent de la fin de leur durée de vie: huit seront retirés cet automne et les autres d'ici 2029.

Le retrait des Kingston pourrait offrir à la marine un court répit face à ses difficultés de recrutement.

Il obligera également la marine à rechercher un navire dédié au déminage, une capacité qui n'est pas intégrée aux nouveaux destroyers de classe River.

Les navires de classe River sont de grands destroyers conçus pour les premières lignes de bataille. Ils sont capables de défense aérienne et de lutte anti-sous-marins. Ils sont également dotés d'une bonne dose de technologie américaine.

Mais si ces destroyers, plus grands que leurs homologues britanniques, peuvent naviguer à travers le monde, leurs coques plus fines pourraient être vulnérables face aux glaces arctiques.

Les patrouilleurs brise-glaces Harry DeWolfe de la Marine, quant à eux, ne sont armés que d'un canon de 25 mm.

«Pour répondre à une menace dans le Nord, la meilleure option en attendant nos sous-marins sera un navire de l'armée de l'air», a expliqué M. Topshee.

Si les sous-marins ennemis savent que ces endroits sont inaccessibles, ils y iront, note le militaire. «Il nous faut donc (…) un navire doté d'une puissance de combat supérieure à celle des brise-glaces de classe Harry DeWolf, sans tout le coût et la complexité d'un destroyer de la classe River.»

La combinaison d'une longue portée, d'une capacité d'opération dans les glaces et d'une puissance de combat comparable à celle de la classe Halifax n'est pas disponible dans les modèles standard. Il faudrait donc modifier considérablement la conception d'un navire existant.

Les marines d'Europe du Nord ont besoin des mêmes capacités dans les glaces, mais n'ont pas besoin de parcourir des distances aussi longues que les navires canadiens, tandis que les navires australiens parcourent de grandes distances sans avoir à se soucier de la glace.

«C'est pourquoi nous nous trouvons dans une situation unique: nous avons besoin d'une portée, de pouvoir opérer dans la glace et d'une certaine puissance de combat. Cet ensemble sera probablement une exigence relativement unique au Canada», a indiqué M. Topshee.

Le projet fait actuellement l'objet d'un processus interne d'analyse des options, qui consiste à discuter des compromis techniques les plus importants.

«Dans mon monde idéal, il aurait une plateforme de moins de 105 mètres de long, car cela simplifierait les défis liés à l'infrastructure et permettrait de l'intégrer facilement aux ports d'Esquimalt et d'Halifax sans modifier considérablement l'infrastructure», a noté M. Topshee.

David Perry, président de l'Institut canadien des affaires mondiales, a déclaré que la Marine souhaiterait des navires plus petits et plus simples, comme cette classe de corvettes, qui pourraient servir de filière de formation et permettre aux équipages d'acquérir de l'expérience et du temps en mer sans avoir à utiliser les ressources les plus complexes de la Marine dans des environnements à haut risque.

Il a également ajouté qu'il y a de fortes chances que ce projet s'inscrive dans le climat politique actuel à Ottawa, qui se concentre sur le développement de l'industrie nationale face aux turbulences commerciales avec les États-Unis.

Ce navire offre une occasion de concevoir et de construire quelque chose au Canada, a affirmé M. Perry.

«Compte tenu de tout ce que le premier ministre a dit sur l'achat canadien, je vois bien que cette direction sera prise.»

Kyle Duggan, La Presse Canadienne

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