Le Canada n'est pas sorti pendant le discours de Nétanyahou à l'ONU


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Le Canada n'a pas participé à la sortie massive vendredi matin lors du discours du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à l'Assemblée générale des Nations unies.
Le bureau de l'ambassadeur du Canada, Bob Rae, indique qu'il est resté assis pendant le discours de M. Nétanyahou, tandis que des dizaines de diplomates d'autres pays quittaient la salle. La Presse Canadienne a contacté Affaires mondiales Canada pour obtenir des commentaires, mais n'avait pas encore reçu de déclaration au moment d'écrire ces lignes.
Le président a dû rappeler à l'ordre à plusieurs reprises, tandis que des délégations, dont plusieurs de pays en développement, se levaient pour quitter la salle. Le Royaume-Uni et les États-Unis avaient dépêché des diplomates de rang inférieur pour assister au discours, selon l'Associated Press.
Dans son discours, le premier ministre Nétanyahou a critiqué la décision de plusieurs pays, dont le Canada, la France et l'Australie, de reconnaître un État palestinien.
«Votre décision honteuse encouragera le terrorisme contre les Juifs et contre des innocents partout dans le monde», a-t-il déclaré.
Israël fait face à un déluge de condamnations internationales et à un isolement croissant en raison de ses bombardements sur la bande de Gaza, de la famine infligée aux civils palestiniens et de ses frappes transfrontalières, comme l'attaque contre les négociateurs du Hamas au Qatar au début du mois.
Le Canada a déjà participé à des sorties de salle à l'ONU. En mars 2022, quelques jours seulement après l'invasion de l'Ukraine par Moscou, la ministre canadienne des Affaires étrangères a participé à une sortie de 40 pays à Genève, tandis que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'exprimait lors de deux sessions de l'ONU.
Un discours diffusé à Gaza
M. Nétanyahou a longuement évoqué vendredi la prise d'otages par le Hamas il y a près de deux ans et les menaces proférées par l'Iran.
Dans un discours de défi, il a dit à ses homologues mondiaux qu'Israël «doit finir le travail» contre le Hamas à Gaza.
«Les dirigeants occidentaux ont peut-être cédé sous la pression, a-t-il affirmé. Et je vous garantis une chose: Israël ne le fera pas.»
Tandis que le dirigeant israélien s'exprimait, des cris inintelligibles résonnaient dans la salle, tandis que les applaudissements des partisans présents dans la tribune fusaient.
Le gouvernement Nétanyahou est confronté à des accusations de crimes de guerre et à une pression croissante pour mettre fin à un conflit qu'il n'a cessé d'exacerber.
Il a profité de son discours pour présenter Gaza comme le seul front restant d'une guerre plus vaste, énumérant les récentes missions militaires d'Israël visant à cibler ses ennemis et à contenir les menaces à sa sécurité en Iran, au Liban, en Syrie et au Yémen.
Le défi final, a déclaré M. Nétanyahou, est d'éradiquer ce qu'il a appelé les «derniers vestiges du Hamas».
Le gouvernement israélien a pris des mesures pour que le discours de M. Nétanyahou soit entendu à Gaza même. Il a installé des haut-parleurs pour diffuser le discours dans le territoire, alors même que l'armée israélienne a repoussé les Palestiniens de ses frontières.
Le bureau de M. Nétanyahou a également dit que l'armée israélienne avait pris le contrôle des téléphones portables à Gaza pour diffuser son message. Des journalistes de l'Associated Press à Gaza ont indiqué n'avoir constaté aucune preuve immédiate de la diffusion du discours du premier ministre israélien sur des cellulaires.
M. Nétanyahou a fait valoir que ces mesures spéciales visaient à atteindre les otages israéliens toujours détenus à Gaza. Il a pris la parole en hébreu à un certain moment et a lu les noms des 20 otages que l'on croit encore en vie.
Il y a des limites, dit Trump
Alors que plus de 150 pays reconnaissent désormais l'État palestinien, les États-Unis ne l'ont pas fait et continuent de soutenir le gouvernement Nétanyahou. Le président américain Donald Trump a toutefois signalé jeudi qu'il y avait des limites, déclarant aux journalistes à Washington qu'il ne laisserait pas Israël annexer la Cisjordanie occupée.
Israël n'a pas annoncé une telle initiative, mais plusieurs membres influents du gouvernement Nétanyahou ont appelé à l'annexion. Les responsables israéliens ont récemment approuvé un projet de colonisation controversé qui couperait la Cisjordanie en deux, une initiative qui, selon ses détracteurs, pourrait compromettre les chances d'un État palestinien.
Le Canada a cité ce plan à plusieurs reprises pour expliquer son choix de reconnaître un État palestinien. Le premier ministre Mark Carney a déclaré que le gouvernement Nétanyahou et le Hamas compromettaient les perspectives d'une solution à deux États.
Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas s'est adressé jeudi par visioconférence à l'Assemblée générale, après que les États-Unis lui ont refusé un visa.
Il a salué les récentes annonces de reconnaissance, mais a déclaré que le monde devait redoubler d'efforts pour que l'État palestinien devienne réalité.
«Le temps est venu pour la communauté internationale de faire ce qui est juste envers le peuple palestinien», a-t-il plaidé.
— Avec des informations de l'Associated Press
Dylan Robertson, La Presse Canadienne