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«Le gouvernement doit s'enlever du chemin des entreprises», affirme Samuel Poulin

durée 04h30
24 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

QUÉBEC — Le nouveau ministre délégué à l'Économie et aux Petites et Moyennes Entreprises (PME), Samuel Poulin, entame son mandat avec une idée en tête: «le gouvernement doit s'enlever du chemin des entreprises».

«J'aimerais que dans 12 mois, on ait vraiment allégé la vie d'un maximum d'entrepreneurs», déclare-t-il en entrevue de fond avec La Presse Canadienne dans un café de la rue Saint-Jean, à Québec.

Le député de Beauce-Sud de 34 ans se dit toutefois conscient du «cadran qui s'écoule»: il ne reste après tout que sept mois de travaux parlementaires avant la tenue d'élections générales au Québec.

Il annonce qu'il fera cet automne la tournée des régions, et dit espérer faire adopter d'ici Noël deux projets de loi, sur l'allègement réglementaire et le commerce interprovincial.

Fin stratège, il aurait déjà eu des discussions à ce propos avec les partis d'opposition.

Le projet de loi 112, déposé le 30 mai dernier par son prédécesseur, Christopher Skeete, permettrait au Québec d'abaisser toutes ses barrières au commerce interprovincial.. sauf exceptions.

L'alcool ferait l'objet d'un projet pilote, et le secteur de la construction demeurerait un marché protégé.

Le ministre Poulin promet de piloter cette pièce législative avec «ouverture», mais déjà, il annonce ses couleurs: «Je souhaite le moins d'exceptions possible. Je suis un gars de libre-échange.»

«Je suis le meilleur ami des PME»

Samuel Poulin provient d'une famille d'entrepreneurs forestiers. Son grand-père, Jean-Denis Poulin, a fondé en 1975 le Conseil économique de Beauce.

En 2008, le jeune Samuel subit la crise du bois d'œuvre, une expérience marquante. «Ça a été très difficile (...) pour mon père, parce qu'on est parti de 60 employés à 20.

«Donc, depuis ma jeunesse, je comprends l'environnement des PME. (...) J'ai appris via le stress que mes parents pouvaient vivre. (...) Je suis le meilleur ami des PME», déclare-t-il.

Il est élu député de la Coalition avenir Québec (CAQ) en 2018, puis réélu en 2022. Il rejette l'étiquette de «plante verte» attribuée aux députés d'arrière-ban et plonge dans le dossier du prix de l'essence.

Ses interventions mènent à l'abolition du prix plancher de l'essence, en juin 2025. M. Poulin met également sur pied une cellule Beauce-États-Unis pour faire face aux droits de douane du président Donald Trump.

Des enjeux criants

De l'aveu du nouveau ministre, les PME font face depuis des années à des enjeux criants: manque de main-d'œuvre, bureaucratie, droits de douane, barrières commerciales, absence de relève, etc.

Interrogé à savoir s'il allait recommander au conseil des ministres de hausser les seuils d'immigration afin de combler la pénurie de main-d'œuvre, M. Poulin répond par la négative.

Il se rabat sur la position de la CAQ, qui est déterminée à réduire ces seuils en raison notamment de la pression qui serait exercée sur les services publics.

Le ministre rappelle en outre l'importance pour les PME de se robotiser, tout en reconnaissant que cela puisse accentuer le taux de chômage des jeunes, qui a atteint près de 15 % en juillet dernier.

Occuper un vide politique

Quoi qu'il en soit, Samuel Poulin croit qu'en «assumant ses positions de déréglementation», la CAQ redorera son blason auprès des PME et, ultimement, des électeurs.

«Il y a tout un pan de la politique présentement qui est vraiment inoccupé, (...) qui veut du pragmatisme», analyse-t-il.

«Il y a beaucoup de Québécois qui sont orphelins politiquement, qui ne veulent pas d'un référendum sur l'indépendance, (...) qui ne se retrouvent pas dans un Parti libéral qui est très branché sur Montréal.

«Il y a plein de gens qui ne se reconnaissent pas dans le discours (du chef du Parti conservateur) Éric Duhaime, (...) qui veut mettre fin aux CPE, à l'aide aux entreprises.

«Je sens que c'est à moi, avec le premier ministre et toute l'équipe, d'occuper ce champ politique là», dit-il.

Course au leadership

Le remaniement ministériel du 10 septembre dernier, et le virage à droite du premier ministre François Legault, ne se sont pas faits sans heurts.

Quatre anciens ministres ont été exclus du cabinet, dont une, Maïté Blanchette Vézina, a claqué la porte du parti.

Malgré tout, M. Poulin est d'accord avec M. Legault, qui dit ressentir qu'«une grande majorité» des élus caquistes est toujours derrière lui. «Une très grande majorité», précise le ministre des PME.

«Il y a peut-être des gens qui ont des insatisfactions, mais (...) les gens à qui je parle, mon caucus appuie François Legault, ah oui, absolument.»

Chose certaine, Samuel Poulin assure qu'il se représentera dans Beauce-Sud aux élections de 2026. Il exclut de se porter candidat à une éventuelle course au leadership pour remplacer François Legault.

Caroline Plante, La Presse Canadienne

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