Le nombre de ménages sans logement au 2 septembre refuse de descendre


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Le nombre de ménages qui n’avaient toujours pas de logement au 2 septembre demeure obstinément stable par rapport à l’an dernier, et ce, malgré une tendance à la hausse du taux d’inoccupation.
Les dernières données compilées par la Société d’habitation du Québec (SHQ) auprès des services d’aide à la recherche de logement font état de 1754 ménages en recherche active de logement ou hébergés par les municipalités. L’an dernier, à pareille date, ce nombre était pratiquement identique à 1757.
La porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, explique que le coût des loyers est poussé vers le haut même là où l’on construit de nouveaux logements. «Les municipalités comme Drummondville, par exemple, où il y a énormément de mises en chantier, ont vu leur loyer médian augmenter de façon extrêmement importante. C'est une municipalité où il y a un très grand nombre de ménages locataires actuellement en difficulté dans la recherche de leur logement ou sans logis. Donc il y a des mises en chantier, mais on ajoute des logements qui sont très chers.»
«Pour l'instant, ça ne donne pas de résultat. Les logements qui sont construits n'entraînent pas d'abordabilité pour les locataires parce qu’ils contribuent au contraire à tirer vers le haut extrêmement rapidement le prix des loyers environnants.»
Certaines régions mal en point
Le portrait par région des données de la SHQ montre que certaines régions souffrent davantage. Par exemple, le nombre de ménages en recherche de logement dans Chaudière-Appalaches a presque quadruplé, passant de 35 au 2 septembre 2024 à 122 à la même date cette année. Dans le Bas-Saint-Laurent, il a presque doublé, passant de 140 à 223. Même chose dans le Centre-du-Québec où, bien que les chiffres soient plus petits, le nombre de ménages sans logement est passé de 37 à 70.
Dans les autres régions, on constate aussi des augmentations au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la région de la Capitale-Nationale, dans les Laurentides et en Montérégie.
À l’opposé, le nombre de ménages sans logement est en baisse, parfois marquée, dans les régions de Lanaudière (154 en 2025 comparativement à 291 l’an dernier), de Montréal (246 plutôt que 301), de l’Outaouais(107 plutôt que 165), de la Mauricie (82 cette année contre 126 l’an dernier), de Laval (82 comparativement à 99), de l’Estrie (57 en 2025 comparativement à 80 en 2024), de l’Abitibi-Témiscamingue (26 plutôt que 33) et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (1 plutôt que 6).
Mais dans tous les cas, ces chiffres représentent des humains qui n’ont plus de toit et qui peinent à en trouver un dans un marché sans merci, même en s’exilant vers des régions où les prix étaient encore abordables. «Plusieurs municipalités où les loyers étaient jusqu'ici plus bas voient aujourd'hui les loyers exploser et les locataires qui doivent déménager font face à ces prix-là. Ils ne réussissent pas finalement à se loger. Plusieurs locataires sont carrément exclus», déplore Véronique Laflamme.
Annonces: beaucoup de vent, peu de portes
Pourtant, on ne cesse d’entendre les gouvernements, tous paliers confondus, procéder à des annonces de construction de logements depuis quelques années. «On assiste à une multiplication d'annonces, que ce soit des mises en chantier ou des inaugurations et ce sont des bonnes nouvelles, reconnaît la porte-parole du FRAPRU. Le problème, c'est qu'on est en mode rattrapage actuellement pour les logements qui dans certains cas ont été annoncés il y a plus de 10 ans.»
Pire encore, dit-elle, «parmi ces annonces, il y a très peu de ces projets du Programme d'habitation abordable Québec (PHAQ) que la CAQ vendait comme étant la panacée après avoir mis précipitamment fin au programme Accès logis».
Les chiffres lui donnent raison. Les données de la SHQ montrent que, sur les 6130 logements prévus avec le PHAQ – programme annoncé en 2020, faut-il le rappeler – seulement 459 sont en exploitation, 1903 sont en cours de réalisation et la majorité, soit 3768, sont à l’étape de développement, c’est-à-dire qu’il n’y a toujours pas ne serait-ce qu’un seul clou de planté. Or, les besoins les plus criants se situent du côté des logements abordables, sociaux et communautaires. Car ce ne sont certainement pas les nouvelles tours à condos ou même à logements qui viendront loger les ménages présentement sans logis.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne