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Le passage de Chris d'Entremont au Parti libéral suscite des discussions en N.-É.

durée 21h33
5 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

HALIFAX — Lorsque Rob Batherson, ancien président du Parti conservateur, a entendu des rumeurs selon lesquelles Chris d’Entremont pourrait quitter le caucus de l’opposition, il a pris contact avec lui.

«Je connais Chris depuis plus de 25 ans. Il ne m’a pas rappelé. Il n’a pas répondu à mes messages. Et puis j’ai appris sa démission», a déclaré M. Batherson lors d’un entretien téléphonique mercredi.

«Je suis anéanti. C’est indéniable», a-t-il ajouté.

M. Batherson a fait ces commentaires au lendemain de la défection de M. d’Entremont, député de la circonscription fédérale d’Acadie-Annapolis, qui a stupéfié les observateurs politiques à Ottawa en changeant de camp à la Chambre des communes, abandonnant les conservateurs de Pierre Poilievre pour rejoindre les libéraux du premier ministre Mark Carney.

M. Batherson a qualifié ce changement de camp de «pire trahison personnelle» qu’il ait vécue en 30 ans de carrière politique.

«À chaque fois que nous avons discuté depuis les élections, il a insisté, publiquement comme en privé, sur le fait qu’il serait non seulement le député élu par les citoyens d’Acadie-Annapolis, mais aussi la voix des électeurs conservateurs de toute la Nouvelle-Écosse, a déclaré M. Batherson. Or, Chris prive maintenant les Néo-Écossais de cette voix alternative.»

Alex Marland, politologue à l’Université Acadia, a émis l’hypothèse que la décision de M. d’Entremont était en partie due à un sentiment de marginalisation de la part de M. Poilievre.

M. Marland, coauteur d’un ouvrage sur la loyauté partisane et le changement de camp en politique canadienne, a expliqué que ces décisions dépendent fortement de la relation d’un politicien avec son chef de parti.

«Était-il considéré comme faisant partie du cercle restreint de Pierre Poilievre? Auparavant vice-président de l’Assemblée législative, il ne l’est plus. Il a probablement eu l’impression que son influence déclinait, a expliqué M. Marland mercredi. Si Pierre Poilievre avait offert à Chris d'Entremont une véritable tribune pour représenter la Nouvelle-Écosse au sein du caucus conservateur (…) nous n'aurions probablement pas cette conversation.»

Un autre facteur probable est le fait que le premier ministre progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, «ne s'entend pas avec Pierre Poilievre, de l'avis général», a ajouté M. Marland.

Le premier ministre n'a pas invité Pierre Poilievre à se joindre à lui pour la campagne électorale qui a mené à sa victoire écrasante il y a un an. Il n'a pas assisté au rassemblement de M. Poilievre à Trenton, en Nouvelle-Écosse, et a critiqué le parti fédéral immédiatement après les élections d'avril.

«Le Parti conservateur du Canada était très doué pour repousser les gens, mais beaucoup moins pour les attirer», a lancé M. Houston le 29 avril.

M. d'Entremont, élu député pour la première fois en 2019 après avoir siégé comme député provincial progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse pendant 16 ans, a battu son adversaire libéral par environ 530 voix.

Le député affirme qu'il sera mieux à même de résoudre les problèmes de sa communauté en quittant les conservateurs pour rejoindre le caucus gouvernemental.

«Je ne me sentais pas représenté là-bas (…) mes idéaux d'un homme de l'Est, d'un conservateur engagé, et, très honnêtement, ma volonté de trouver des solutions et d'aider la communauté plutôt que de m'opposer systématiquement à tout ce qui se passe», a-t-il dit mercredi.

M. d'Entremont a indiqué ne pas se sentir en phase avec le chef de l'opposition et qu'«il est temps de diriger le pays, d'essayer de l'améliorer, et non de le dénigrer, d'arrêter d'être négatif».

M. Batherson, qui s'est présenté sans succès pour les conservateurs dans une circonscription de Halifax plus tôt cette année, a déclaré ne pas croire que M. d'Entremont ait critiqué le style de leadership de M. Poilievre.

«Je n'y crois pas. Depuis les élections, Chris a toujours été un fervent partisan du chef et du parti», a affirmé M. Batherson.

Selon Jeffrey MacLeod, politologue à l’Université Mount Saint Vincent, quelle que soit la raison du départ de M. d’Entremont du Parti conservateur, il pourrait être judicieux pour lui de prendre ses distances avec le style de M. Poilievre.

Dans un courriel envoyé mercredi, M. MacLeod a indiqué que de nombreux Néo-Écossais se considèrent comme des conservateurs modérés et qu’ils pourraient préférer l’approche du premier ministre Carney au «conservatisme social édulcoré de Poilievre, proche du mouvement MAGA».

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne

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