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Le prix moyen des véhicules usagés commence enfin à fléchir

durée 13h43
6 septembre 2022
La Presse Canadienne, 2022
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

MONTRÉAL — Les prix des véhicules usagés montrent des signes de fléchissement après deux années de hausses marquées provoquées, notamment, par la rareté des véhicules neufs.

Les données du mois d’août du site de vente d’automobiles AutoHebdo font état pour la première fois en 18 mois d’une très légère baisse du prix des véhicules d’occasion qui suit également une augmentation des inventaires.

Certes, la baisse est minime, soit de 0,4 % entre juin et juillet, mais elle s’inscrit dans un mouvement amorcé plus tôt, selon Benoit Béland, directeur du marketing de marque chez AutoHebdo.

«Ça semble être une tendance parce que, quand on regarde les trois derniers mois, il y a eu un ralentissement de la hausse et là, on a une stabilisation. On s’entend qu’une baisse de 0,4 %, c'est plutôt neutre.

«Mais c'est une tendance parce que si on le lie à l'inventaire des véhicules usagés, là aussi pour presque tous les modèles, on voit là aussi que ça se stabilise», explique-t-il.

Hausses brutales

Il ajoute que, bien que les chiffres du mois d’août ne soient pas encore colligés, la baisse du prix moyen des véhicules usagés et la hausse de l’inventaire se sont maintenues et même raffermies de semaine en semaine le mois dernier, ce qui tend à confirmer que la tendance à la baisse est bien implantée.

Il faut dire que les augmentations des derniers mois ont été brutales. À l’échelle canadienne, le prix moyen d’un véhicule d’occasion s’est élevé à 37 928 $, en hausse de 32 % par rapport à l’an dernier. Au Québec, la hausse est encore pire sur les 12 derniers mois, atteignant 39,2 %, mais pour un prix moyen qui se situe toujours sous la moyenne canadienne, à 35 186 $.

La plus grande part de ces hausses est imputable à la chute des inventaires de véhicules neufs durant la pandémie. Les ruptures de chaînes d’approvisionnement, particulièrement du côté des micropuces, ont fait chuter l’offre, amenant les consommateurs à se tourner vers les véhicules usagés. Or, là aussi la pression se relâche avec une production qui tend vers la pleine capacité.

Beaucoup de précommandes à écouler

Benoit Béland avertit toutefois qu’il faudra plus de temps pour faire tomber la pression sur le prix des véhicules neufs.

«Le problème, c'est qu'il y a eu beaucoup de précommandes. Il n'y avait pas d'inventaire, mais les gens achetaient quand même et étaient prêts à attendre. Ça va prendre quelques mois avant que toute cette demande ne soit écoulée.»

Le prix moyen d’un véhicule neuf a d’ailleurs aussi augmenté, mais moins que celui de l’usagé, soit un peu moins de 20 % entre juillet 2021 et juillet 2022 pour atteindre 55 469 $ à l’échelle canadienne et 51 122 $ au Québec.

Les rabais mis de côté

L’explication de M. Béland quant aux raisons de la hausse du prix des véhicules neufs est fort révélatrice des pratiques du marché.

«Les prix ont augmenté parce que les fabricants n'ont presque pas fait de rabais, comme ils le faisaient historiquement pour écouler leurs stocks, étant donné que le peu de stock qui était disponible se vendait.»

En d’autres termes, ce n’est pas tant le coût de la voiture qui a augmenté, bien qu’il y ait une certaine augmentation d’une année à l’autre, mais bien les rabais qui ont été enlevés. Les données d’AutoHebdo reflètent ce phénomène parce qu’elles sont colligées à partir du prix affiché par le concessionnaire.

«Le concessionnaire affiche le prix le plus bas qu'il peut offrir pour battre le concurrent. Ce sont des prix qui comprennent les rabais», explique M. Béland.

Et comme du côté des véhicules usagés, on constate que l’inventaire de véhicules neufs, en baisse constante depuis le premier trimestre de 2021, se stabilise bien qu’il n’ait pas encore commencé à remonter, sauf dans le cas des camions. C’est donc dire qu’une fois que les précommandes seront remplies et que la reprise de production permettra de rehausser les inventaires de véhicules neufs, on peut s’attendre à ce que les concessionnaires recommencent à offrir des rabais pour écouler les nouveaux inventaires.

L'inflation persistera

Par contre, avertit M. Béland, les prix ne redescendront pas aux niveaux pré-pandémiques.

«Une fois que les prix augmentent, il est extrêmement rare dans tous les domaines qu'ils reviennent à la normale. Aussi, en ce moment, on constate tous comme consommateurs qu’il y a pénurie de main-d'oeuvre partout dans le monde, qu’il y a une forte inflation à cause des prix du pétrole et autres denrées et ça affecte les coûts de production.» 

Mais dans le cas des voitures usagées, dont la valeur intrinsèque n’a pas augmenté, mais dont le prix a explosé en fonction de la demande, ne verra-t-on pas un retour aux prix d’avant la pandémie? Non, répond-il, «parce que la majorité des ventes d'usagés sont faites par des concessionnaires, la part de ventes par les particuliers étant marginale. Et les concessionnaires ont des frais d’opération, de remise en ordre des véhicules, d’employés et tous ces frais augmentent.»

La différence québécoise

Chaque fois qu’AutoHebdo publie ses données, on remarque que le prix moyen au Québec tant des véhicules usagés que des véhicules neufs est bien en deçà de la moyenne canadienne et est inférieur à celui de toutes les autres provinces canadiennes, sauf les provinces atlantiques.

«Ç’a toujours été comme ça et c'est lié au type de véhicule qu'on achète et qui sont disponibles. On n'est moins friands au Québec de véhicules de luxe et de gros camions, si on compare par exemple à la Colombie-Britannique ou à l’Alberta, qui ont des ventes très élevées des fameux ‘pick-ups’ (camionnettes)», explique Benoit Béland.

«Nous, au Québec, on est plus petite voiture et moins dans le luxe. Oui, on est autant VUS que le reste du Canada, mais pour le reste, nos goûts et notre type de consommation de véhicules est différent. On achète moins de BMW, de Volvo et, surtout de fameux ‘pick-ups’» qui, souligne-t-il, ont un impact très important sur le prix moyen dans une province étant donné leur coût beaucoup plus élevé.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne