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Les aliments ultra-transformés freinent la perte de poids, dit une étude

durée 10h38
29 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Les aliments ultra-transformés freinent la perte de poids même si on les utilise en respect avec le guide alimentaire national, indique une étude britannique.

La perte de poids la plus importante a été observée chez les participants qui ont consommé des aliments peu transformés, toujours en respect avec le guide alimentaire.

«Les lignes directrices nutritionnelles nous disent quoi manger, mais elles ne nous disent pas assez quoi ne pas manger», a commenté le docteur Josep Iglesies-Grau, un cardiologue de l'Institut de cardiologie de Montréal qui s'intéresse de près à l'association entre l'alimentation et la santé cardiovasculaire.

«On se concentre sur manger cinq portions de fruits et légumes par jour, des bons glucides, du poisson et tout ça, mais il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, parce que malgré ces indications-là, la pandémie d'obésité et de diabète continue de grandir.»

Ce qui fonctionne le mieux en clinique, a-t-il ajouté, est d'enseigner au patient non seulement quoi manger, mais aussi comment identifier les aliments qu'il pourrait remplacer avec alternatives plus saines, puisque les aliments ultra-transformés représentent environ 43 % des calories consommées par les Canadiens.

Une cinquantaine de personnes présentant un surplus de poids ont participé à l'étude. Elles ont adopté, en alternance, une alimentation composée d'aliments peu transformés et d'aliments ultra-transformés, tout en respectant les lignes directrices britanniques en matière d'alimentation.

Les deux régimes avaient la même valeur nutritive, avec les mêmes quantités de graisses (y compris les graisses saturées), de glucides, de fibres, de sel et même de fruits et légumes.

La différence entre les deux tenait principalement aux aliments utilisés: par exemple, là où l'alimentation peu transformée comprenait du gruau de nuit et un spaghetti avec sauce bolognaise maison, l'alimentation ultra-transformée comprenait plutôt des barres d'avoine pour le petit déjeuner et de la lasagne prête à manger.

Les participants ont perdu deux fois plus de poids avec l'alimentation peu transformée qu'avec l'alimentation ultra-transformée. Ils ont aussi perdu plus de graisse corporelle malsaine et rapporté un meilleur contrôle de leurs envies de manger des aliments malsains.

Aucune différence significative n'a été observée quant au changement du tour de taille entre les deux régimes, soulignent les auteurs. Le tour de taille est un indicateur clé de l'excès de graisse abdominale, qui augmente le risque de problèmes de santé tels que les maladies cardiaques, le diabète et l'hypertension artérielle.

Les réductions plus importantes du poids et de la masse grasse dans le régime peu transformé ne se sont pas traduites par des améliorations significatives des facteurs de risque cardiométaboliques en comparaison avec le régime ultra-transformé, à l'exception des triglycérides, écrivent les chercheurs.

«En effet, disent les auteurs, le régime ultra-transformé a permis de réduire plusieurs facteurs de risque cardiométaboliques, notamment la fréquence cardiaque, la glycémie à jeun, le cholestérol et le cholestérol LDL. Alors que seul le régime peu transformé a entraîné une réduction significative de la tension artérielle, celle-ci n'a pas différé de manière significative par rapport au régime ultra-transformé.»

Les auteurs de l'étude soulignent toutefois qu'elle n'a duré que huit semaines. Ils préviennent que «des durées plus longues peuvent être nécessaires pour que les différences de perte de poids entre les régimes soient suffisantes pour faire apparaître des différences cliniquement significatives dans les facteurs de risque cardiométaboliques».

L'intérêt de cette étude tient principalement aux nuances qu'elle apporte, croit le docteur Iglesies-Grau. «L'étude démontre pour la première fois qu'il vaut la peine de mettre l'emphase sur la transformation dans l'environnement actuel», a-t-il dit.

Un bon exemple est celui du beurre d'arachides dont les Québécois sont très friands, a-t-il indiqué: un beurre d'arachides bon pour la santé devrait contenir des arachides grillées, et non pas des arachides grillées et quinze ingrédients de plus. Il en va de même avec les fromages, qui ne devraient pas contenir une longue liste d'ingrédients superflus.

Le docteur Iglesies-Grau conseille de s'intéresser à la classification des aliments Nova, qui est très peu connue au Québec même si des études ont témoigné de son efficacité pour contribuer à une perte de poids ou combattre des problèmes comme le diabète.

La classification Nova répartit les aliments entre quatre catégories: les aliments peu ou pas transformés (catégorie verte); les ingrédients alimentaires transformés (catégorie jaune); les aliments transformés (catégorie orange); et les aliments ultra-transformés (catégorie rouge).

Le régime ultra-transformé de cette étude était conforme aux recommandations nationales britanniques en matière d'alimentation saine, disent les auteurs. Il s'agissait notamment d'aliments ultra-transformés améliorés sur le plan nutritionnel et reformulés, tels que les céréales pour petit-déjeuner, les plats préparés et les substituts à base de plantes.

Sur le plan nutritionnel, poursuivent-ils, «ces aliments sont comparables aux aliments peu transformés au Royaume-Uni et sont recommandés dans les directives diététiques britanniques actuelles». Ainsi, le régime ultra-transformé présenté dans l'étude contenait les apports recommandés en nutriments, en fibres et en fruits et légumes, assurent-ils.

«L'amélioration de la qualité de l'alimentation (...) dans le cadre du régime ultra-transformé présenté – sans nécessairement augmenter l'apport en aliments ultra-transformés par rapport à l'alimentation habituelle des participants – explique probablement les changements neutres ou favorables et l'absence de changements préjudiciables dans le cadre du régime ultra-transformés», expliquent les chercheurs.

Malgré tout cela, la perte de poids entraînée par le régime ultra-transformé a été inférieure à celle du régime peu transformé, et le premier n'a pas été associé à une perte de graisse significative, soulignent-ils. Il ne faudrait donc pas en conclure que la consommation des aliments ultra-transformés est sans danger.

«L'être humain a tendance à vouloir tout classer en noir et blanc, mais il y a plein de nuances grises, a conclu le docteur Iglesies-Grau au sujet des aliments ultra-transformés. Mais je ne peux pas vous dire s'il y a des aliments plus mauvais que d'autres, ou si c'est la quantité ou le moment de la journée où on les mange (...) pour ça, ça va prendre des études.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal Nature Medicine.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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