Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Les conservateurs couronneront un chef samedi soir

durée 08h00
10 septembre 2022
La Presse Canadienne, 2022
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

OTTAWA — Après sept mois d'une course à la direction acrimonieuse, le Parti conservateur du Canada annoncera samedi soir à Ottawa le nom de celui qui remplacera l'ancien chef Erin O'Toole, à qui la majorité de son caucus a montré la porte en février.

Cinq candidats sont sur les rangs, soit les députés Pierre Poilievre, Leslyn Lewis et Scott Aitchison, de même que l'ancien premier ministre du Québec Jean Charest et Roman Baber, un ancien député provincial ontarien qui a été expulsé du caucus par le premier ministre Doug Ford en raison de son opposition aux confinements sanitaires.

L'ancien maire de Brampton Patrick Brown a été disqualifié de la course au début juillet. Le parti l'accuse d'avoir violé la loi électorale. Plusieurs ex-stratèges ont dès lors estimé que le chemin de la victoire de Jean Charest serait encore plus étroit.

Selon plusieurs observateurs, la course a essentiellement opposé Pierre Poilievre, qui propose un virage à droite et vers le populisme, et Jean Charest, qui semble viser le centre de l’échiquier politique.

L'avance de M. Poilievre a semblé se confirmer durant l'été. Son équipe s'est targuée d'avoir vendu près de 312 000 cartes de membres, soit près de la moitié des 675 000 membres appelés à voter et plus que le nombre total de membres qui avaient voté lors des deux dernières courses à la chefferie du parti. Le candidat a aussi attiré des centaines, voire parfois des milliers, de partisans à des rassemblements.

Le camp Charest soutient quant à lui avoir de forts appuis en Ontario, au Québec et au Canada atlantique. Il mise sur le système de points utilisé par le parti pour déterminer le résultat.

Durant la course, M. Poilievre a vanté les mérites des cryptomonnaies comme «un remède contre l'inflation», ce qui lui a valu d'être qualifié d'«irresponsable» par Jean Charest. Le député a également accusé la Banque du Canada d'avoir laissé l'inflation grimper avec ses politiques et a annoncé son intention de remplacer le gouverneur de la banque centrale, Tiff Macklem, s'il devenait premier ministre.

L'animosité entre les deux belligérants était si flagrante que dès le début du premier débat officiel de la course, en montant sur la scène, ils avaient évité de se serrer la main. M. Poilievre avait eu des mots particulièrement durs à l'endroit de l'ancien premier ministre, estimant que le camionneur moyen «a plus d'intégrité dans son petit doigt que vous n'en aviez dans tout votre cabinet libéral de scandales». Durant les échanges, M. Charest avait estimé que le pays n'a pas besoin de «politique à l'américaine» avec de la division et de la polarisation.

Jusqu'à la fin, Jean Charest n'a cessé d'attaquer M. Poilievre, estimant que son absence au dernier débat organisé par le parti démontre que celui qui est considéré comme le favori de la course n'est pas «un vrai leader» puisqu'il refuse de débattre de ses propositions.

Tous les candidats à la chefferie ont juré être le mieux placé pour unifier le parti qui termine sa troisième course à la direction en moins de cinq ans, Andrew Scheer puis Erin O'Toole n'ayant pas fait long feu après la démission, en 2016, du premier chef de la formation politique, Stephen Harper, qui leur avait livré trois gouvernements.

Scrutin préférentiel

Au cours des dernières semaines, les membres en règle du Parti conservateur au 3 juin 2022 étaient appelés à classer par ordre de préférence les noms de ceux qu'ils souhaitent élire comme chef.

Les règles régissant l'élection du chef précisent que le vote de chaque membre compte dans la circonscription électorale dans laquelle son lieu de résidence est situé.

En vertu du processus électoral énoncé dans la constitution du parti, chacune des 338 circonscriptions électorales vaut 100 points et les votes sont répartis au prorata. Lorsque moins de 100 votes sont inscrits dans une circonscription, chaque vote vaut un point.

Puisqu'un candidat doit obtenir une majorité de points pour l'emporter, advenant qu'un gagnant ne puisse être annoncé lors du dévoilement des résultats dès le tour initial du scrutin, le candidat qui a obtenu le moins de points serait éliminé et le parti réattribuera les votes de ses partisans en fonction de leur deuxième choix, et ainsi de suite jusqu'à la désignation d'un vainqueur.

Le nom de Patrick Brown demeure inscrit sur les bulletins de vote, mais selon le parti, ceux qui l'ont désigné comme premier choix verront leur vote être considéré automatiquement comme étant leur choix suivant.

Michel Saba, La Presse Canadienne