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Les hôpitaux ontariens priés d'économiser face à de possibles réductions de services

durée 12h26
20 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

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Par La Presse Canadienne, 2025

TORONTO — Le ministère de la Santé de l'Ontario a demandé aux hôpitaux aux prises avec des déficits d'élaborer un plan triennal pour équilibrer leurs budgets. Les réductions de services et les fermetures de lits ne semblent pas exclues dans les cas extrêmes.

L'Association des hôpitaux de l'Ontario a indiqué que les hôpitaux affichaient un déficit de 360 millions $ à la fin de l'année dernière et qu'ils avaient besoin d'un milliard supplémentaire cette année pour suivre le rythme de la croissance démographique et de l'inflation.

Cependant, les directives gouvernementales données aux hôpitaux concernant les plans d'équilibre budgétaire, obtenues par La Presse Canadienne, suggèrent que des restrictions budgétaires sont à prévoir.

Pour l'exercice de planification financière, les hôpitaux ont été invités à prévoir des augmentations annuelles du financement de 2 %, soit la moitié de ce qu'ils ont reçu au cours des trois dernières années. Ces paramètres ne confirment pas les intentions de financement, indique le gouvernement dans le document, mais le secteur hospitalier est en train de lire dans le marc de café.

«Lorsque le budget de l'Ontario a été déposé après les élections générales, il était clair pour nous que la province n'était plus en mesure de répondre à la totalité de nos besoins en revenus pour l'exercice en cours», a indiqué Anthony Dale, président-directeur général de l'Association des hôpitaux de l'Ontario.

«Cet exercice budgétaire est une mesure prudente, compte tenu des réalités auxquelles la province est confrontée aujourd'hui, à savoir que notre économie est directement menacée par la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis. Il est clair, d'après le rapport du directeur de la responsabilité financière publié il y a plusieurs semaines, que l'Ontario fait face à un déficit très important, découlant en partie de cette guerre commerciale.»

Prendre des mesures à «faible risque»

Le Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario (BRF) a prévu que les répercussions des droits de douane placeront la province en déficit au moins jusqu'en 2030, et que le plan du gouvernement pour atteindre l'équilibre budgétaire en 2027-2028 repose en partie sur une croissance des dépenses de programmes «considérablement plus faible».

Les hôpitaux ont été informés que toute mesure d'économie «à faible risque», ne comportant aucune réduction ou des réductions minimes des effectifs cliniques de première ligne, obtenues principalement par attrition», devrait être mise en œuvre immédiatement.

Parmi les exemples à faible risque, on peut citer la recherche de revenus supplémentaires hors ministère, l'optimisation de l'utilisation des blocs opératoires et le regroupement de services entre les sites d'un réseau hospitalier, où l'impact sur l'accès des patients est faible, voire nul.

Tout plan potentiel jugé à haut risque serait évalué par des tables de planification régionales et provinciales. Cela inclurait des mesures ayant un impact sur les services pour les patients et ne devrait être envisagé que si toutes les options à faible risque ont été épuisées, précise le document.

«Le maintien de l'accès des patients aux services hospitaliers est une priorité absolue pour le ministère de la Santé», rappelle le gouvernement dans le document.

«Les modifications et/ou réductions de services s'inscrivent dans le contexte local et régional de l'hôpital, en tenant compte des solutions régionales susceptibles d'améliorer les résultats, l'accès, la continuité des soins et l'expérience des patients. Toute réduction de services et toute fermeture de lits doivent être clairement communiquées dans le plan et ne seront envisagées que lorsqu'elles offriraient une opportunité de fournir des services plus efficacement.»

Tim Vine, président-directeur général du Réseau de santé North Shore, qui compte des établissements dans le nord de l'Ontario, a déclaré que ce processus de planification était peu orthodoxe et le préoccupait.

«Compte tenu de la croissance démographique de l'Ontario et des exigences liées au vieillissement de la population, je crains que, si la situation se maintient, les Ontariens aient moins de services de santé à leur disposition d'ici 12 mois, a-t-il écrit dans un communiqué. Et encore plus de difficulté à y accéder.»

Anticiper un désastre éventuel

Lee Fairclough, porte-parole libérale en matière d'hôpitaux et ancienne présidente d'hôpitaux, a souligné que les hôpitaux réalisent déjà des économies depuis des décennies et qu'il leur reste très peu de mesures «à faible risque» à prendre.

«Je pense qu'il est toujours bon de faire preuve de diligence raisonnable dans sa budgétisation et dans la façon dont on dépense, et de vérifier si l'argent des contribuables est utilisé au mieux, a-t-elle continué. Mais j'ai l'impression qu'ils ignorent la façon dont ces déficits se sont accumulés au cours des dernières années (…) Les hôpitaux ontariens sont de loin les plus efficaces du pays, alors je ne suis pas certaine qu'ils obtiendront le résultat escompté.»

Un porte-parole de la ministre de la Santé, Sylvia Jones, n'a pas répondu directement à la question de savoir combien d'hôpitaux envisageaient des réductions de services dans leurs propositions d'équilibre budgétaire, soumises le mois dernier.

«Il est non seulement approprié, mais responsable pour le gouvernement de demander aux hôpitaux de planifier une stabilité à long terme, a écrit Jackson Jacobs. Cela garantit que les besoins de chaque communauté sont pris en compte dans la planification globale du système de santé de la province, alors que nous continuons de renforcer et de moderniser les soins hospitaliers en Ontario.»

Kevin Smith, président-directeur général du Réseau universitaire de santé, a déclaré qu'il ne croyait pas que ce gouvernement réduirait l'accès aux soins.

«Personne n'a autorisé qui que ce soit à réduire les soins cliniques, mais j'ai l'impression que la question qui se pose est: 'À quel point la situation pourrait-elle être désastreuse si nous étions confrontés à une situation économique vraiment catastrophique (…) à quoi cela ressemblerait-il?'», a-t-il dit.

«Franchement, a ajouté M Smith, je ne pense pas que ce soit différent de ce que nous faisions chaque année avant la COVID.»

Allison Jones, La Presse Canadienne

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