Les vaccins à ARNm semblent sécuritaires pour les femmes enceintes


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Les vaccins à ARN messager contre la COVID-19 administrés au cours du premier trimestre de la grossesse ne sont pas associés à un risque accru de 75 malformations congénitales majeures, selon une vaste étude de cohorte française portant sur des femmes enceintes et leurs enfants.
Les auteurs de l'étude ont constaté que, parmi plus d'un demi-million de nourrissons, le taux de malformations congénitales majeures (MCM) était de 176,6 pour 10 000 nourrissons exposés aux vaccins ARNm contre la COVID-19 lors du premier trimestre de grossesse, contre 179,4 pour 10 000 nourrissons non exposés aux vaccins.
«Le premier trimestre de la grossesse, c'est une période charnière, c'est vraiment le moment où les organes de l'embryon se forment et donc c'est le moment où, s'il y avait des risques, c'est là où on verrait les plus gros risques, a commenté la docteure Isabelle Boucoiran, qui est gynécologue-obstétricienne et clinicienne-chercheuse au CHU Sainte-Justine.
«Cette étude, c'est vraiment une excellente nouvelle. Elle vient conforter nos recommandations qui sont, depuis longtemps, que les femmes enceintes soient vaccinées contre la COVID.»
Les chercheurs français ont utilisé les données du registre mère-enfant EPI-MERES, qui fait partie du système national de données sur la santé en France. Ils ont cherché des MCM dans treize systèmes, notamment au niveau cardiovasculaire, dans le système nerveux, dans le système respiratoire, dans le système digestif et ailleurs.
Parmi les quelque 527 000 enfants étudiés dans le cadre de cette recherche, des MCM ont été vues chez 1,76 % des enfants qui avaient été exposés aux vaccins et chez 1,79 % des enfants qui n'y avaient pas été exposés.
Aucune différence n'a été constatée en ce qui concerne les mortinaissances.
Les conclusions de cette étude s'inscrivent dans la foulée d'autres études publiées récemment et qui témoignaient de l'innocuité de la vaccination de la COVID-19 pour les femmes enceintes. Certaines ont même associé la vaccination à un risque réduit d'infection par la COVID, de mortinatalité et d'accouchement prématuré.
«Nos résultats s'alignent sur des recherches antérieures qui ne montrent aucune association entre l'exposition in utero aux vaccins à ARNm contre la COVID-19 et le risque de MCM pour tout système d'organe spécifique, écrivent ainsi les auteurs. Notre étude confirme l'innocuité pour le fœtus des vaccins à ARNm contre la COVID-19 pendant la grossesse.»
Cette nouvelle étude, a estimé la docteure Boucoiran, était nécessaire «parce que c'est difficile d'avoir des données sur de grandes quantités de femmes (et) on peut toujours s'inquiéter d'un petit risque qui n'aurait pas été vu dans les études précédentes parce qu'il n'y avait pas eu assez de femmes, et donc de fœtus, exposés aux vaccins pour éliminer un faible risque».
«Donc plus on a d'études avec des nombres importants de femmes, plus on permet vraiment d'éliminer tous risques», a-t-elle dit.
Le sujet de la vaccination revient constamment dans les conversations avec les femmes enceintes, a dit la docteure Boucoiran, «parce que les femmes enceintes veulent faire les meilleurs choix pour leur bébé».
«Elles ont forcément des questions concernant la sécurité, notamment des vaccins, puis concernant aussi le bénéfice qu'elles peuvent retirer de cette vaccination, donc tous les jours on en discute avec les patientes», a-t-elle indiqué.
Le vaccin à ARN messager, a expliqué la docteure Boucoiran, ne traversera pas le placenta. En revanche, il va provoquer une réaction immunitaire et la fabrication d'anticorps «qui nous protègent contre l'infection et qui vont, eux, traverser le placenta et donc protéger aussi le bébé».
«Cette étude arrive au bon moment parce que dans le contexte des inquiétudes qu'on peut avoir avec des mouvements anti-vaccins, ça vient renforcer les recommandations actuelles, a-t-elle conclu. Donc, c'est l'occasion de redire que la vaccination est sécuritaire pendant la grossesse et que c'est recommandé pour de bonnes raisons.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical JAMA Network Open.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne