Nimâ Machouf raconte les conditions «difficiles» de sa détention en Israël


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — À peine de retour au pays, la militante et épidémiologue montréalaise Nimâ Machouf a raconté en entrevue à La Presse Canadienne les conditions «difficiles» dans lesquelles elle a été détenue pendant plusieurs jours par l'armée israélienne. Elle demande désormais au premier ministre Mark Carney de faire pression sur le gouvernement israélien pour l'obliger à respecter l'accord de cessez-le-feu à Gaza et pour que l'aide humanitaire puisse être acheminée.
La Dre Machouf était à bord du Conscience, un navire faisant partie de la flottille qui avait tenté de livrer de l'aide humanitaire à la bande de Gaza. Le bateau a été intercepté et saisi plus tôt cette semaine par l'armée israélienne, qui a ensuite incarcéré l'ensemble de l'équipage dans une prison de haute sécurité, comme le raconte Mme Machouf.
«Il y avait beaucoup d'agressivité, ils nous ont traités avec des tortures psychologiques par de la privation de sommeil, des déstabilisations psychologiques en nous donnant des ordres contradictoires et en nous déplaçant souvent, explique Nimâ Machouf, tout en racontant avoir subit «beaucoup d'humiliation» de la part de l'armée israélienne.
Elle évoque également ce moment de grande violence quand les membres de l'armée israélienne l'ont menacée, elle et ses codétenus, de les asperger de gaz lacrymogène alors qu'ils se trouvaient dans une cellule.
«Quand on est dans une cellule, il n'y a pas moyen de s'en sortir et c'est inquiétant», se remémore la Dre Machouf.
Elle affirme avoir été «kidnappée» par l'armée israélienne, car son navire se trouvait dans des eaux internationales au moment où il a été intercepté.
«Ils nous ont kidnappés et emmenés de force au port d'Ashdod, puis ils nous ont accusé d'être entrés illégalement en Israël, mais on n’est pas allé en Israël, on a été emmené de force, assure Nimâ Machouf. Sur tous les plans, Israël, change le narratif et essaye de donner sa version des choses et on a bien vu à quel point elle était erronée.»
Un message adressé à Mark Carney
Le premier ministre Mark Carney doit s'envoler pour l'Égypte dimanche soir afin de participer à un «sommet pour la paix», coprésidé lundi par le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi, et qui réunira les dirigeants d'une vingtaine de pays.
Nimâ Machouf demande à Ottawa d'agir en mettant la pression sur le gouvernement israélien pour qu'il respecte l'accord de paix prévu par le président américain Donald Trump afin que l'aide humanitaire puisse être acheminée.
«Ça fait des années que le Canada aurait dû agir pour prévenir le génocide à Gaza, dit-elle. Il faut cesser impérativement la vente d'armes à Israël, car, bien qu'il y ait un accord de paix, on ne sait jamais combien de temps ça va durer.»
Mme Machouf souligne le besoin d'avoir un corridor d'aide humanitaire sécuritaire pour venir en aide aux Gazaouis et surtout que les relations commerciales avec Israël soient «étroitement liées au respect des droits du peuple palestinien».
«Sans contraintes, (Israël) ne respectera aucune loi, aucune règle et aucune moralité, ajoute-t-elle. Il vient de nous le démontrer et il est impératif d'être sévère là-dessus.»
Nimâ Machouf s'est toutefois réjoui de la libération dimanche matin des trois militantes de Terre-Neuve-et-Labrador, qui étaient également détenues par l'armée israélienne. Selon elle, les trois militantes ont été envoyées à la frontière avec la Jordanie et devraient ensuite être en route pour le Canada.
Quentin Dufranne, La Presse Canadienne