NordSpace retarde d'une journée le lancement de sa fusée à Terre-Neuve


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2025
SAINT-JEAN — De la fumée et des flammes ont retardé mardi le lancement d'une fusée depuis Terre-Neuve. Cet imprévu est survenu dans le contexte d'une course effrénée au Canada pour développer des engins et des bases de lancement capables d'envoyer des satellites en orbite autour de la Terre.
NordSpace s'apprêtait à lancer sa fusée Taiga, longue de cinq mètres, depuis son poste de lancement près de St Lawrence, sur la péninsule Burin de Terre-Neuve. Mais à 11 h 32, heure locale, la diffusion en direct du site de lancement de l'entreprise a montré des flammes et de la fumée noire s'échappant près de l'appareil.
Une mise à jour publiée par la suite sur le site internet de NordSpace indiquait que le lancement avait dû être reporté «en raison d'une anomalie sur la rampe de lancement».
«La fusée, la rampe et le personnel sont sains et saufs. Nous travaillons à résoudre le problème et à reprendre le lancement», indiquait la mise à jour.
Plus tard, l'entreprise ontarienne a annoncé qu'elle reporterait le lancement à mercredi matin.
Si tout se déroule comme prévu, NordSpace affirme que sa réussite constituera le premier lancement spatial entièrement commercial de l'histoire canadienne.
Le Canada n'a pas la capacité de lancer des satellites dans l'espace pour les placer en orbite autour de la Terre, bien que plusieurs entreprises, dont NordSpace, font la course afin d'y parvenir, a indiqué Jean-Claude Piedboeuf, vice-président principal des programmes spatiaux à l'Agence spatiale canadienne.
Un programme de lancement orbital réussi nécessite une fusée et une rampe de lancement, a-t-il ajouté. Bien qu'il existe plusieurs fabricants de fusées, rares sont les endroits qui offrent une rampe de lancement adéquate.
«La rampe de lancement est la limite, a expliqué M. Piedboeuf en entrevue. Il faut être proche de l'océan, car on ne veut pas lancer là où les gens habitent.»
St Lawrence, la ville la plus proche de la rampe de lancement de NordSpace, compte environ 1115 habitants. La communauté est située au bord de l'océan Atlantique.
Un lancement réussi serait une «réalisation majeure» pour NordSpace et le pays, a reconnu M. Piedboeuf.
«Cela positionnerait le Canada comme un pays doté d'une nouvelle capacité de lancement qui pourrait être utilisée à l'avenir», a-t-il ajouté.
La fusée Taiga est suborbitale, ce qui signifie qu'elle n'entrera pas en orbite terrestre lors de son lancement. Cependant, NordSpace travaille également sur une fusée orbitale, appelée Tundra. L'entreprise espère l'envoyer dans l'espace en 2027. Les fusées orbitales peuvent servir à placer des satellites en orbite autour de la Terre.
Dans un communiqué publié plus tôt ce mois-ci, NordSpace a déclaré qu'un lancement réussi de Taiga l'aiderait à élaborer un programme de lancement orbital.
Mais l'entreprise a de la concurrence. Le mois dernier, Maritime Launch, installé à Halifax, a annoncé la signature d'une entente avec Reaction Dynamics, une entreprise de fusées montréalaise, qui pourrait ouvrir la voie au premier lancement orbital de fusée au pays.
Des étudiants de l'Université Concordia ont également lancé une fusée depuis un site isolé du nord du Québec le mois dernier. La fusée s'est brisée en morceaux peu après le décollage et n'a pas atteint l'espace. Les étudiants ont tout de même parlé d'un succès, considérant qu'il s'agissait de la première tentative de lancement spatial au Canada depuis le début du siècle.
NordSpace a tenté un lancement le 29 août, mais un problème avec le système de sécurité de Taiga a maintenu la fusée ancrée au sol. L'entreprise a déclaré qu'elle aurait réessayé le lendemain, mais son autorisation de lancement a expiré et elle a dû attendre une nouvelle licence.
La dernière fenêtre de lancement de l'entreprise s'étend du 20 au 27 septembre.
— Avec des informations de Sidhartha Banerjee à Montréal.
Sarah Smellie, La Presse Canadienne