Ottawa inaugure son centre ultramoderne de gestion des urgences

OTTAWA — Des incendies de forêt, des inondations, un ouragan, un déversement de pipeline, une cyberattaque ou même une attaque terroriste: le gouvernement fédéral dispose désormais d'un tout nouveau centre des opérations à la fine pointe de la technologie pour coordonner sa réponse à tout type d'urgences.

Le bâtiment sécurisé, qui est situé dans la région d'Ottawa, a été présenté vendredi à une poignée de médias, dont La Presse Canadienne, avec plusieurs conditions de confidentialité, notamment de ne pas dévoiler l'emplacement exact et le nom des responsables qui font visiter.

Partout, c'est flambant neuf. Près de 80 personnes peuvent prendre place dans la salle principale. D'immenses écrans affichaient des cartes, des graphiques et des images en temps réel de caméras de circulation. Mais ça, «c'est de l'information non classifiée», note-t-on.

«Nous avons près de 500 flux de données différentes qui entrent», a expliqué un responsable gouvernemental à la ministre de la Gestion des urgences, Eleanor Olszewski, de passage pour l'occasion.

Des cartes topographiques et météorologiques, et d'autres permettent de comprendre où sont situés précisément des édifices et à projeter l'étendue de dommages, illustre-t-il. Des données démographiques de Statistique Canada contribuent également à mieux «prépositionner» de l'équipement et des services sociaux.

«Un espace technique comme celui-ci nous permet de superposer et de réaliser rapidement ce type d'analyses», affirme-t-il fièrement.

L'objectif est d'optimiser la circulation de l'information et la coordination des ressources. L'édifice qui abrite le centre qui sera remplacé date des années 20, signale la ministre au fil de l'échange.

Le centre devrait être opérationnel dans les prochaines semaines à temps, promet-on, pour le début de la saison des incendies de forêt.

À ce sujet, la ministre n'a pas voulu dire aux journalistes si le gouvernement va accepter la demande de l'Association canadienne des chefs de pompiers de créer une agence nationale de coordination en cas d’incendies de forêt. Elle a plutôt répondu que le fédéral préfère voir plus large.

Mme Olszewski a néanmoins indiqué qu'Ottawa étudie les modèles d'autres pays pour la création d’une agence nationale d'intervention ou de coordination en cas de catastrophes. Or, le projet est dans les cartons depuis plus de deux ans, et la ministre refuse de se donner un échéancier pour prendre une décision.

«Si vous regardez au-dessus de votre tête...»

Autre nouveauté: un mur peut facilement être déployé de sorte à diviser la salle afin de gérer deux événements distincts de grande envergure ou permettre deux niveaux de sécurité. C'est une amélioration «significative» par rapport au centre précédent, insiste le responsable.

De manière générale, une veille est réalisée 24 heures sur 24, sept jours sur sept dans le centre de surveillance, une pièce adjacente.

À mesure que les événements prendraient de l'ampleur, des employés du ministère de la Sécurité publique s'ajouteraient, puis des représentants d'autres ministères fédéraux clés, d'autres ordres de gouvernement et parfois d'organismes à but non lucratif et du secteur privé.

Sur les étages, des dizaines de bureaux sont prêts à accueillir du personnel. Ah, tiens: une salle de réunion où les vitres peuvent être brouillées en pressant un bouton!

Le bâtiment est autonome. Dans une pièce, des lits de camp sont disposés les uns à côté des autres de sorte à former un dortoir. Jusqu'à une cinquantaine de personnes pourraient y dormir durant «une période prolongée». Tout est prévu: laveuse, sécheuse, des rations pour des situations où l'endroit doit être isolé, un système de filtration d'eau, etc.

En plus du dévoilement du centre, Ottawa a annoncé une consultation visant à connaître l'avis de la population sur ce qui devrait être l'avenir de la gestion fédérale des urgences.

Michel Saba, La Presse Canadienne