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Ottawa mène une «révision informelle» des droits de douane sur les VÉ chinois

durée 06h51
26 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le gouvernement fédéral affirme qu'il réexamine sa décision d'imposer des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois, mais il ne peut — ou ne veut — pas dire quand cet examen a commencé ni quand il prendra fin.

Ces droits de douane sont entrés en vigueur le 1er octobre 2024. Le décret publié pour les imposer stipulait que «le gouvernement a l’intention d’examiner cette mesure dans un délai d’un an à compter de son entrée en vigueur».

Le message d'Ottawa est désormais que cette révision est «informelle» et qu'aucune date butoir précise n'a été fixée.

Le Canada tente de rééquilibrer ses relations commerciales avec la Chine, qui a imposé le mois dernier des droits de douane élevés sur le secteur canadien du canola. Cette mesure a été largement considérée comme une mesure de rétorsion contre les droits de douane imposés par le Canada sur les véhicules électriques.

Le Canada a introduit la surtaxe sur les véhicules électriques chinois il y a un an afin de s'arrimer avec les États-Unis. Ottawa a accusé la Chine de subventionner injustement son industrie des véhicules électriques et de surproduire des véhicules afin d'inonder le marché avec des voitures moins chères.

La Presse Canadienne a commencé à s'enquérir de l'état d'avancement de l'examen des droits de douane sur les véhicules électriques chinois il y a deux semaines, après que le premier ministre Mark Carney a semblé le confondre avec l'examen nouvellement annoncé des cibles du gouvernement en matière de vente de véhicules électriques.

Le 11 septembre, lors d'une conférence de presse, un journaliste a demandé à M. Carney si le Canada allait réduire les droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois.

M. Carney a toutefois répondu en faisant référence à l'examen de 60 jours de la norme sur la disponibilité des véhicules électriques lancé par son gouvernement le 5 septembre, un enjeu distinct des droits de douane imposés sur les véhicules chinois.

Le bureau du premier ministre a renvoyé les questions sur ce sujet au ministre des Finances, François-Philippe Champagne. Le 17 septembre, son cabinet a indiqué à La Presse Canadienne que l'examen des droits de douane sur les véhicules électriques chinois n'avait pas encore commencé.

Après de nouvelles demandes, le cabinet de M. Champagne a changé d'avis et a déclaré cette semaine que l'examen avait bel et bien commencé.

«L'examen a été lancé dans le délai prescrit d'un an et se poursuit», a fait savoir l'attaché de presse de M. Champagne, John Fragos.

«Le gouvernement est conscient de l'intérêt que portent de nombreuses parties prenantes à la réalisation rapide de cet examen.»

Interrogé sur la date de début de l'examen, M. Fragos a simplement répondu qu'il avait commencé au début du mois de septembre. Un porte-parole du ministère des Finances a souligné par la suite qu'il n'y avait pas de «date précise».

«Je crains qu'il n'y ait pas de date précise, car il s'agit d'un processus informel (c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'une consultation publique)», a écrit un porte-parole du ministère dans un message transmis par le bureau de M. Champagne.

«Mais on pourrait dire qu'il a commencé cet été. Et comme il ne s'agit pas d'un processus officiel en soi, il n'y a pas de date d'ouverture ou de clôture comme dans le cas d'une consultation.»

Les responsables ont soutenu qu'ils finalisaient leurs recommandations à M. Champagne sur les droits de douane sur les véhicules électriques, sur la base des commentaires recueillis par le gouvernement auprès des parties prenantes.

Rapprochement avec la Chine?

Le secteur automobile canadien a demandé le maintien des droits de douane, afin de protéger les constructeurs automobiles canadiens, tandis que les groupes environnementaux ont demandé leur réduction ou leur suppression afin de stimuler la concurrence.

La semaine dernière, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a exhorté le gouvernement fédéral à maintenir les droits de douane sur les véhicules électriques chinois.

«Si le gouvernement fédéral retire ses droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, vous contredirez et compromettrez des mois de discussions avec les responsables et les législateurs américains sur la nécessité de protéger et de renforcer nos chaînes d'approvisionnement automobiles transfrontalières hautement intégrées», a écrit M. Ford dans une lettre adressée à M. Carney.

Bien que le statut et l'intensité de l'examen restent incertains, le Canada a donné la priorité à ses relations commerciales avec la Chine au cours des dernières semaines.

De retour de son voyage en Chine avec le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, au début du mois, le député libéral Kody Blois a déclaré que les Canadiens devaient s'attendre à voir davantage de contacts de haut niveau avec Pékin.

«Vous allez voir une présence accrue de ministres fédéraux en visite en Chine, qui s'engageront auprès de leurs homologues, et je pense qu'il y a finalement une opportunité pour davantage de dialogue sur les irritants commerciaux qui existent entre nos deux pays», a indiqué M. Blois la semaine dernière.

La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, devrait se rendre en Chine à la mi-octobre, tandis que M. Carney a rencontré son homologue Li Qiang lors de son passage aux Nations unies. Selon un communiqué du bureau du premier ministre, les deux dirigeants ont discuté du canola et des véhicules électriques.

«Nous avons récemment constaté des signes très encourageants de rapprochement entre le Canada et la Chine. Nous reconnaissons qu'il s'agit là d'une condition préalable à la résolution des questions tarifaires», a réagi le président du Conseil canadien du canola, Chris Davison.

M. Davison n'a pas pris position sur le maintien ou non des droits de douane chinois sur les véhicules électriques, affirmant qu'il s'agissait d'une question politique qui nécessitait une solution politique.

— Avec des informations de Dylan Robertson

Nick Murray, La Presse Canadienne

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