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Ottawa mise sur le commerce international et réduit le budget d'Affaires mondiales

durée 17h27
4 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le premier budget du gouvernement Carney réoriente les fonds diplomatiques vers le commerce international tout en réduisant le budget d'Affaires mondiales Canada, possiblement par la fusion de certaines ambassades avec celles de pays aux intérêts similaires.

Outre des coupes de 2,7 milliards $ dans l'aide étrangère, le budget présenté mardi prévoit que le Canada recentre sa présence internationale sur la défense des intérêts, la sécurité et le développement, tout en stimulant ses exportations vers les économies prioritaires.

Les dépenses prévues d'Affaires mondiales Canada pour l'exercice financier en cours s'élevaient à 8,1 milliards $. Le budget de mardi prévoit des coupes de 561 millions $ pour le prochain exercice financier, qui passeront à 1,1 milliard $ d'économies annuelles deux ans plus tard, et ce, pour chaque année suivante.

Le budget précise que le gouvernement souhaite simplifier le Service des délégués commerciaux, qui emploie actuellement des fonctionnaires travaillant dans les ambassades à l'étranger afin d'identifier les débouchés pour les entreprises canadiennes.

Ces changements inciteraient les fonctionnaires à mener des actions de sensibilisation plus proactives auprès des chefs d'entreprise canadiens et à créer un «Bureau des exportations stratégiques» afin de rendre ces actions plus efficaces.

Le bureau «établira des feuilles de route proactives et très élaborées afin que les hauts responsables canadiens puissent faire des représentations aux échelons les plus élevés afin d’ouvrir des portes pour les entreprises canadiennes et éliminer les obstacles auxquels elles se heurtent», soutient le document budgétaire.

Le budget rapporte que le nouveau bureau s’efforcera d'«éliminer les irritants commerciaux de longue date, les obstacles à l’accès aux marchés, les lacunes dans les infrastructures et les difficultés liées aux besoins de financement».

Ottawa a alloué des fonds pour un plus grand nombre de missions commerciales à l’étranger. Le gouvernement cherche également à accroître ses exportations en renforçant les infrastructures nationales grâce à un Fonds pour la diversification des corridors commerciaux et à une vague de constructions dans l’Arctique.

Le document budgétaire indique qu’Ottawa souhaite aussi resserrer les programmes de soutien au commerce visant à «réduire le chevauchement des tâches, à diminuer les frais généraux administratifs et à concentrer les efforts sur les services à forte incidence pour les entreprises canadiennes».

Le budget prévoit 1,7 milliard $ en nouveaux investissements pour accroître la compétitivité du Canada dans le domaine commercial.

Le budget établit un lien explicite entre le Canada, l’Asie et l’Europe. Il ne fait toutefois aucune mention de la stratégie africaine du gouvernement Trudeau, qui visait à développer les échanges commerciaux avec ce continent en pleine expansion. Il ne dit rien non plus sur le Marché commun du Sud (Mercosur), alors que le gouvernement fédéral cherche à conclure un accord commercial avec ce groupe de pays sud-américains.

Le document fait allusion à une «stratégie de diversification commerciale» que le ministre du Commerce, Maninder Sidhu, devrait dévoiler dans les prochaines semaines.

Regroupement de bureaux et acquisition de propriétés

Le gouvernement cherche également à consolider sa présence diplomatique à l'étranger. Cela pourrait se traduire par le regroupement des bureaux commerciaux, des consulats et même des résidences d'ambassadeurs dans un nombre réduit de bâtiments.

Le document budgétaire précise que cela pourrait impliquer le partage de «certains bureaux avec des alliés s’il y a lieu», et même l'acquisition d'immeubles que le Canada loue actuellement à l'étranger.

Le budget mentionne «l’acquisition de propriétés appartenant à l’État dans certains cas», sans toutefois préciser la nature de ces propriétés à l'étranger.

Il évoque également la «refonte de la préparation aux situations d’urgence» et la modernisation des services consulaires. Au printemps dernier, dans son dossier d'information, des fonctionnaires ont averti plusieurs fois la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, que le coût de l'évacuation des Canadiens et de leurs proches étrangers des zones géopolitiques sensibles comme Haïti et le Liban augmentait rapidement.

La ministre Anand a déclaré que la diplomatie canadienne se concentrerait désormais sur la sécurité économique, la défense continentale et les droits de la personne.

Le budget ne précise pas si Ottawa pourvoira les postes vacants comme celui d’ambassadeur pour les changements climatiques, d’envoyé spécial pour les femmes, la paix et la sécurité, ainsi que d’ombudsman chargé d’enquêter sur les cas de travail forcé à l’étranger.

Le budget ne mentionne pas non plus si Affaires mondiales Canada procédera à des réductions d’effectifs.

Le syndicat des diplomates, l’Association professionnelle des agents du service extérieur, avait exhorté le ministère à envisager de réduire ses dépenses en consultants et d’éliminer les doublons dans les services internes, plutôt que de diminuer le nombre de Canadiens en poste à l’étranger.

D’anciens diplomates ont également averti que la réduction du nombre de diplomates limiterait l’influence du Canada à un moment où ses adversaires renforcent leur puissance douce et leur rayonnement diplomatique, et où le département d’État américain réduit sa présence diplomatique.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne

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