Poilievre demande au gouvernement de maintenir le déficit fédéral sous 42 milliards $


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Le chef conservateur Pierre Poilievre exige que le premier ministre Mark Carney réduise les impôts et maintienne le déficit fédéral sous les 42 milliards $ dans le prochain budget.
Tout indique que cette demande ne se concrétisera pas: M. Carney a déjà signalé que le déficit serait supérieur aux dernières estimations du gouvernement Trudeau, dévoilées il y a près d’un an.
Le directeur parlementaire du budget par intérim, Jason Jacques, a prédit le mois dernier que le déficit atteindrait près de 70 milliards $ pour l’exercice en cours.
Dans une lettre adressée au premier ministre, M. Poilievre a déclaré que le Canada était devenu «un pays où les comptes bancaires et les réfrigérateurs sont vides».
«N’hésitez donc pas à nous voler nos idées, mais passez à l’action, ne vous contentez pas de belles paroles», a-t-il continué.
M. Poilievre a rappelé que les conservateurs souhaitent des réductions de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les gains en capital, de la taxe sur le carbone industriel et des taxes sur la construction résidentielle.
Il a également appelé à mettre fin à ce qu’il appelle la «taxe inflationniste» et au règlement fédéral sur les carburants, que le gouvernement a présenté comme l’une des politiques de réduction des émissions les plus importantes du Canada.
«Vous avez conservé presque toutes les politiques économiques de Justin Trudeau», a écrit M. Poilievre dans sa lettre datée de lundi. «Maintenant, vous répétez ses promesses. Vous affirmez que les déficits importants sont des investissements. C’est exactement ce que Justin Trudeau avait promis: que les déficits stimuleraient l’investissement et la croissance.»
M. Carney a promis des milliards de dollars de nouvelles dépenses en défense pour atteindre l'objectif fixé par l'OTAN à 2 % du produit intérieur brut. Parallèlement, il a promis de «dépenser moins et d'investir plus».
Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, doit déposer le budget fédéral le 4 novembre.
Vote de confiance
Le gouvernement libéral minoritaire est à trois voix de pouvoir adopter seul une loi et aura donc besoin du soutien ou de l'abstention des députés des autres partis pour son premier budget.
Ce budget est également un vote de confiance, ce qui signifie que le gouvernement Carney pourrait tomber s'il n'est pas approuvé. Cela pourrait déclencher de nouvelles élections générales.
À l'approche du vote, les prochaines semaines menacent d'être tendues à la Chambre des communes.
Au printemps, les conservateurs ont appuyé les libéraux dans l'adoption accélérée de l'importante Loi sur l'unité de l'économie canadienne, qui confère au gouvernement fédéral le pouvoir d'accélérer l'approbation des projets qu'il juge d'intérêt national.
M. Poilievre a affirmé que son parti coopérerait sur les idées qu'il partage tout en proposant ses propres solutions.
Le Bloc québécois, qui compte 22 sièges à la Chambre, a récemment présenté ses demandes au gouvernement.
Il a indiqué que six de ses 18 demandes étaient «incontournables» pour qu'il appuie le vote du budget; notamment le versement de 814 millions $ aux Québécois pour compenser la remise sur le carbone accordée aux habitants des provinces où la tarification fédérale du carbone était en vigueur.
Lorsque le gouvernement Carney a annulé la tarification du carbone pour les consommateurs, le printemps dernier, il a versé une dernière série de remises aux contribuables. Le Québec, qui possède son propre système de tarification du carbone, ne faisait pas partie du programme de remises.
Le Bloc a également réclamé une augmentation des prestations de la Sécurité de vieillesse pour les personnes âgées de moins de 75 ans, des transferts en santé aux provinces, la création d'un nouveau transfert pour les infrastructures, un programme de prêts sans intérêt pour l'achat d'une première propriété et des fonds pour le logement social.
Le chef intérimaire du NPD, Don Davies, a rencontré M. Carney au début du mois pour discuter du budget. S'exprimant aux journalistes après la rencontre, il n'a été que peu précis quant aux demandes néo-démocrates.
Il a raconté avoir informé le premier ministre que son parti n'appuierait pas un budget d'austérité – un terme utilisé par M. Carney lui-même pour le décrire – et qu'il souhaite une augmentation des dépenses en santé, des logements sociaux abordables et pour les projets qui créent des emplois syndiqués.
M. Davies a également déclaré aux journalistes qu'il doute que les Canadiens souhaitent retourner en élections pour le moment.
Sarah Ritchie, La Presse Canadienne